Toybloid – Le Plan (Ris Orangis, paris sud) – 01 octobre 2016

Nous nous sommes aventurés en banlieue parisienne pour voir un groupe que nous avions raté lors de leur concert à Paris Intra-Muros. Cette scéance de rattrapage ne fut pas inutile. Toybloid, c’est tout simplement une bombe !

Mais parlons tout d’abord de la première partie, qui était de qualité : Karoline Rose, une chanteuse-guitariste franco -allemande. Elle parvient à tenir la scène toute seule avec sa voix superbe, veloutée et sensuelle, accompagnée seulement d’une guitare électrique et d’une boite-à-rythmes. C’est du pur indé, envoûtant et esthétique, et qui nous semblait tout particulièrement destiné par le hasard de la programmation. C’est une performance toute en finesse et en émotion, et nous espérons entendre reparler de cette artiste.

Toybloid, qui était en tête d’affiche, a en commun avec Katerine Rose la qualité vocale. Certes ce jeune groupe parisien n’a rien inventé, il fait du Joan Jett, mais nous n’en demandons pas tant. C’est déjà miraculeux de voir une telle qualité musicale de la part d’un groupe parisien et chez des gens aussi jeunes. Car les Toybloid sont très jeunes. Ce groupe a un réél talent, et nous a tapé dans l’oreille avec son single « If You dare ». Mais Toybloid n’est pas le groupe d’une seule chanson, et son rpéertoire contient d’autres hits potentiels. La ryhtmique nous fait penser à Mademoiselle K et pourrait être plus puissante. Mais malgré des défauts de jeunesse (ce n’est que leur premier album) ils dépssent d’une tête bien des groupes plus avancés en âge. Ce power-trio propose un pur moment de fun et d’energie, et réalise ce qu’on demande depuis toujours à des français : faire aussi bien que les anglo-saxons. Toybloid a une vraie chanteuse, ce qui nous change de tous les braillards que nous avons pu entendre lors des génération précédentes de groupes français. Bref un bon concert d’un bon groupe, et leur passage dans cette salle à la réputation affirmée est un signe de reconnaissance, car ce n’est pas n’importe qui qui joue à Ris-Orangis. Nous aimerions que ce groupe ne soir pas un cas isolé, et qu ‘il y ait une vague de groupes français de qualité. Nous sommes à l’affut de ce genre de choses.

Parlor Snakes – Parlor Snakes

Voici un album à réveiller les morts, qui a la puissance des Stooges et d’AC/DC, avec un poil plus de finesse dans les guitares, et qui envoie le bois.

Originaires d’ici et d’ailleurs, car franco-américain, il se compose de Eugénie Alquezar au chant et à l’orgue, Peter K à la guitare, Séverin à la basse et Jim Yu à la Batterie. Ils avaient sorti un premier album en 2012, et les voici de retour sur un label indépendant, Hold On Music, avec un deuxième lp produit par le New Yorkais Matt Verta Ray. Le disque commence par le très efficace et enlevé We Are The Moon. Il est suivi d’un Here Comes the Hell très dur et sauvage. Ensuite vient Dirt to Gold, un titre envoûtant, swamp blues, qui commence cool et monte progressivement en intensité par sa partie de guitare et permet à la chanteuse de s’exprimer pleinement. Watch Me Live, qui lui succède, est rapide et primitif, et très séduisant. Arrive ensuite un Fade in the light plus intimiste et rythmé par un tambourin au début du morceau avant l’entrée de la batterie qui reste subtile avant de se déchaîner dans la deuxième partie. C’est du rock’n’roll authentique. On repart dans le dur avec le suivant, qui ferait un bon single, Always you, plus classique, mais terriblement accrocheur. Strangers, le morceau qui lui succède, est presque pop, je dis presque, car si la voix est mélodieuse et doucereuse, derrière ça bastonne sec, pas de compromission en vue. Nous avons droit à un super solo de guitare avant le retour du refrain. Sure shot, lui, est un titre plus garage, qui nous fait penser aux Fleshtones. Man in the Night est lui plus sophistiqué et a des réminiscences fifties sur les couplets, le refrain étant plus dur. Belle alternance d’une partie calme et d’une partie rentre-dedans, ça marche toujours. Just Drive, qui lui succède, est une belle ballade style fifties, avec une partie de guitare bien sentie. L’abum se clôt par un boogie, the Ritual, qui nous surprend par sa construction et ses sonorités. Parlor Snakes ne sont pas des petits joueurs, et ils parviennent à sonner originaux avec des ingrédients fidèles au rock’nroll sans que l’on puisse leur coller une année de référence. C’est à la fois traditionnel et moderne, et ils ont un gros son qui fait plaisir à entendre, et ils réveillent un peu le paysage musical. À écouter à fort volume.

I Quit You Dead City – The Red Goes Black

L’indé est une démarche, pas une catégorie musicale à proprement parler. Nous essayons cependant de garder le cap et de ne pas nous disperser. Mais cette fois-ci, nous ne commettons pas d’écart en vous présentant avec quelque retard cet album du groupe The Red Goes Black.

Disons-le d’emblée, il nous plonge dans un style de rock proche du Cream d’Eric Clapton, Jack Bruce et Ginger Backer. Classic rock pour la forme, indé pour l’esprit, c’est un bon album, qui s’enchainerait très bien après un Lenny Kravitz, le gros son en moins. Mais ces artistes ne sont pas si éloignés. Ce disque est un régal, il ne sonne pas rétro et vous changera de ce qui sort depuis quelques mois. Le rock, c’est vaste, c’est plus varié que l’on le penserait au premier abord.

Posons donc quelques repères : nous avons dit Cream, blues-rock flirtant avec le psychédélisme, à petite dose chez The Red Goes black. C’est particulièrement visible sur le titre All I want et son solo de guitare et ses choeurs. White Room de Cream n’est pas loin. Ce disque est produit par Colin Dupuis, qui a fait également Dr John, ce que nous relevons car les rythmiques basse-batterie-guitare fleurent bon la Nouvelle Orleans et les productions du génial Allen Toussaint. Le monsieur a également été producteur des Black Keys, pour ceux qui veulent des noms connus. Mais si vous plongez dans la discothèque de vos parents, cherchez à l’année 1967. L’empreinte du groove de la Nouvelle Orleans pré-funk est sensible en particulier sur le titre Good Thing, qui est l’un des plus endiablé de cet album. Ce disque plaira certainement aux fans de blues aussi bien qu’au public rock. Le son de guitare est sale, roots et vraiment blues. C’est presque aussi crade que l’ancêtre Hound Dog Taylor. Pas très moderne, tout ça, mais cela fera du bien à vos oreilles. Le rock a une histoire et des racines, le blues a plus d’un siècle, et alors ? Mais nul besoin d’être historien des musiques populaires pour apprécier ce disque, qui sonne et qui groove autant que celui des Alabama Shakes, groupe cousin de celui-ci. S’il y a un titre au fort potentiel radiophonique, et il vient en dernier sur la tracklist, c’est The Warmth of Dawn, qui est le plus pop du lot, et moins rugueux que les morceaux qui le précèdent. Un excellent album, que nous écoutons sans relâche depuis que nous l’avons reçu.

Steve Gunn – Le Batofar (Paris 13è) – 18 mai 2016

Nous sommes retournés au Batofar qui est une petite salle à la programmation pointue et de qualité pour faire encore une découverte. Mais cette fois-ci nous n’avons pas vu le nouveau visage du rock mais un artiste qui semble tout droit sorti des seventies.

Steve Gunn est un chanteur-guitariste new-yorkais, qui a en d’autre temps accompagné Kurt Vile. On dirait que pour lui le temps s’est arrêté. Non pas que ce soit mauvais, loin de là, mais son style est hors des tendances et des vagues successives qui ont marqué la musique électrifiée depuis 1972. Comme nous avons écouté des disques de cette époque, cela ne nous dérange pas, et nous vous invitons à jeter une oreille sur ce qui se faisait à une autre époque. Jorma kaukonen n’est pas loin. Ce n’est pas du folk, mais bel est bien du rock tel qu’il se pratiquait peu de temps après le festival de Woodstock. Pour qui aime les guitares, c’est un régal, car il a un beau jeu et une belle voix, et c’est un bon songwriter. On sent bien que le rock actuel ne vient pas de nulle part, et qu’il a un passé. Ce concert aura été un flash-back de plus de 40 ans. Nous aurions préféré quelque chose de plus folk où de plus contemporain, mais il y a encore des fans des seventies et il est toujours bon de savoir d’où on vient. A l’heure des reformations et du vintage, nous avons été agréablement surpris par cette personnalité qui poursuit son chemin hors des tendances. C’est un artiste rare, et qui n’est pas promis à une vaste renommée. Mais c’est une bonne musique, même si elle est datée. Cet artiste qui se produit encore est à voir pour qui voudrait savoir à quoi ressemblait le rock il y a quelques générations..

Lonely The Brave – le Pop Up Du Label (Paris) -14 mai 2016

Lonely The Brave passait par Paris dans la cave du Pop-Up du Label pour promouvoir son deuxième album et nous avons profité de l’occasion pour les revoir sur scène. La première fois que nous les avions vu, c’était au Point Ephémère dans le 10è arrondissement. Ce groupe est une énigme : profondément original, il joue un rock comme nous n’en avons pas entendu depuis bien longtemps.

En effet, cela faisait des années que nous cherchions des artistes qui sortent des sentiers battus et de ce qui se fait couramment en rock. C’est le guitariste Mark Trotter qui tient le devant de la scène, le chanteur restant sur le côté comme un cuivre, ce qui est une bonne image car sa voix est un élément du groupe parmi d’autres. C’est inhabituel mais pas choquant . Le set est cohérent et ils ont un style à eux, même s’ils revendiquent une influence des Deftones. On notera néanmoins que leur nouveau répertoire est plus conventionnel et pourra convenir aux inconditionnels des Stooges. Rythmes plus rapides, guitares moins sophistiquées, ce concert nous a surpris après une journée passée à réécouter le premier album. Ils sont annoncés cet été dans de nombreux festivals comme le Main Square à Arras, ainsi qu’en Allemagne et en Suisse, ce qui veut dire que vous pourrez les voir et que cette année ils ne font pas qu’un passage éclair dans la capitale française. Ils commencent à prendre de l’ampleur et à intéresser le public. Ainsi, ce soir au Pop-Up, les gens connaissaient leurs chansons et ne venaient pas par curiosité. Lonely The Brave commence à avoir des fans en France. Ouf, on commençait à se poser des questions et à douter. Nous jetterons désormais une oreille sur les production alternative rock car les choses sont manifestement en train de bouger.

Hinds – le Badaboum (Paris Bastille) – 29 février 2016

Nous avons flashé sur le groupe Hinds à la première écoute, sans prendre le recul nécéssaire à l’appréciation de leur musique. Nous sommes donc allés à ce concert sur une conviction intime et sans consulter personne ni sans nous poser la moindre question.

Et bien nous avons bien fait. Hinds est un groupe espagnol chantant en anglais, qui s’est formé en 2001 et qui se compse exclusivement de filles. Et oui, aujourd’hui les femmes ont pris une place importante dans le rock, ce n’est plus une affaire de mecs en santiag et blouson de cuir. D’ailleurs la petite salle du Badaboum était remplie de jeunes femmes. Et c’était plein, preuve du succès de ce groupe. Le Badaboum, autrefois la Scène, est un lieu stratégique du quartier Bastillle et fut le pionnier du rock dans ce quartier. Nous avons connu l’ancienne salle et nous avons retrouvé nos marques sans problème. L’accueil est bon, le responsable du concert est pro. Question musique, Hinds propose un rock mélodique et frais, agréable et pas prise de tête. Nous avons entendu des choses plus noires et tourmentées que ce combo qui a le vent en poupe. Ce n’est pas si garage rock que ça, c’est de la musique en 3 accords, ce qui est devenu rare à notre époque et sonnait un peu typique. Ceux d’entre vous qui ont écouté Chuck Berry et du ska aimeront Hinds. Ceux qui aiment le Velvet ou les Cramps trouveront cette musique un peu superficielle. En tout cas, cela plait et cela marche, Hinds a un succès d’estime et a eu un article dans les Inrocks et intéresse les américains.

Thingy Wingy – The Brian Jonestown Massacre

Voici le nouvel album d’un groupe sulfureux de San-Francisco, réellement indé. La presse musicale le classe dans la rubrique psychédélisme, mais si vous attendez du Temples, vous risquez d’être décontenancé.

Il y a bien quelques références au psychédélisme sur la fin de l’album, mais plus que des arrangements originaux sortis d’on ne sait où, il y a un climat, une couleur dominante et une ambiance qui fait penser au Velvet Underground. Ce disque renferme de très bon titres comme le premier, Pish, qui est dansant et entrainant. Le reste de l’album est sombre et mélancolique et sonne très inactuel. Il y a un titre acoustique, plutôt folk, Dust, une reprise des légendaires 13 Floor Elevators.

Sinon, dans l’ensemble, c’est une formule à deux guitares, dont le jeu est de bon goût. Il n’y a qu’un titre plus faible, c’est le deuxième, Prsi Prsi, chanté en plusieurs langues, qui tranche sur le reste de cette production. L’album comporte aussi un blues dégénéré, Leave Me Alone , qui sent la jam session, mais n’est pas pour autant désagréable même s’il bouscule nos habitudes. Ce disque hors du temps ignore le rock des ces dix dernières années, mais qu’est-ce que la musique actuelle ? Ca sonne plutôt bien, même si ça  ne respire pas la joie de vivre. Nous l’avons écouté longuement sans nous ennuyer, et ça passe bien. Certes ce n’est pas l’album de l’année, mais il s’écoutera quand même, même si nous préfèrerions entendre quelque chose de plus électrique et de moins contemplatif.

Rester Libre – Vex

La fin des années quatre-vingt, rappelons-le, fut marquée par un éclectisme et une rencontre de différents genres musicaux, principalement le rock et le reggae, et donna naissance à une multitude de groupes dont les plus connus sont La Mano Negra et les Négresses Vertes.

Epoque aujourd’hui révolue dans l’hexagone, mais qui se maintient en Espagne par des groupes comme Talco. Vex, ex-Zuluberlus, sont les rescapés de ce rock allternatif cuivré et festif. Disons le clairement : ce disque, s’il est sympathique, est le témoin d’un courant qui a disparu à part à Colombes dans le 92 où ces activistes sont implantés depuis toujours. Ce sont des fans de Clash, grand groupe anglais qui eut une influence certaine sur toute une génération de groupes de rock, et qui est cité en référence par Bono et Pete Doherty. Il nous semble important de connaitre nos grands ancêtres, mais reconnaissons que cela ne correspond plus à ce qui se fait actuellement. Nous avons écouté l’album de Vex avec plaisir, non sans nostalgie, et nous apprécions leur combat pour la musique vivante et leurs textes militants. Ce genre de rock métissé et cuivré a été abandonné et est entré dans les livres d’histoires du rock. Mais avouons que de temps en temps, ça ne fait pas de mal d’en écouter. Nous aimerions avoirs l’avis de nos jeunes lecteurs sur le sujet.

Dark Black Makeup – Radkey

Contrairement à leurs ainés des Ramones, les membres de ce groupe sont de vrais frères, originaires de St-Joseph dans le Missouri. Comme les Ramones, ils pratiquent le punk rock à un excellent niveau. En dépit de leur jeune âge, ce premier album est au niveau de groupes ayant plusieurs années d’existence et de nombreuses heures de vol.

Ce disque n’est pas composé que de titres Hardcore, même s’il y en a. Radkey varie les tempo et les influences en restant homogène, avec un même son tout au long de l’album. Cela ressemble à Rocket From The Crypt et on sent qu’ils ont fait la première partie de Fishbone. Cet album correspond à ce qu’ils jouent sur scène, c’est le même répertoire, comme nous avons pu nous en rendre compte au mois de juin dernier lors de leur passage à la Maroquinerie. On retrouve sur disque ce qui nous avait frappé en live : l’énergie, la fougue et la qualité des vocaux. Si vous pensez qu’un groupe punk est une réunion de braillards, Radkey vous fera revoir votre jugement. Et le chanteur n’a que 17 ans !

C’est un pavé dans la mare du punk US et ce disque mérite votre attention. Il renouvelle un genre que l’on croyait à bout de souffle. Leur credo est de puiser dans le rock des années soixante-dix qu’ils ont trouvé dans la discothèque de leurs parents, car c’est selon eux la meilleure période du rock.

Certes ce n’est pas du pop-punk californien à la Green Day mais les morceaux sont néanmoins très mélodiques. Le son est américain, c’est clair, mais ça ne touche pas au métal comme on pourrait le craindre et à défaut de sonner original c’est terriblement efficace. Les Radkey sont visiblement doués et ils apportent un air frais à un genre qui peut facilement tourner en rond. Ils ont l’avenir devant eux et on reparlera certainement d’eux dans quelques années. Si vous aimez le punk et le garage, voici un groupe qui vous ravira. Nos titres préférés :  Feed my brain et  Evil Doer qui étaient sortis en single et dont Indiepoprock vous a déjà parlé.

Dilly Dally – la Mécanique Ondulatoire (Paris) – 19 janvier 2016

La Mécanique Ondulatoire est un pub disposant d’une cave très bien aménagée pour recevoir les groupes, situé en plein quartier Bastille, à deux pas du disquaire Born Bad, et ce lieu est à la mode. Les barmens sont sympa, le prix des conso n’est pas excessif, et on peut y entendre de la bonne musique, comme ce soir le groupe canadien Dilly Daily.

C’est par hasard que nous avons découvert ce groupe qui existe depuis 2009 et qui est tout simplement excellent. Ils jouent une sorte de grunge dans une formation basse-batterie-guitare solo- guitariste chanteur. Leur sens de la mélodie est très clair, et la guitariste soliste a un son excellent, très fluide, qui donne une couleur spéciale aux chansons et attire l’oreille . C’est une femme, comme quoi les macho n’ont qu’à aller se rhabiller. La chanteuse est jolie, ceci dit, et l’on parlait anglais dans la salle. Nous vous conseillons ce groupe dont le son est assez original et dont la demoiselle soliste donne une leçon de guitare aux tristes hard-rockers overlookés que nous entendons le dimanche après-midi sur les ondes FM. Nous vous recommandons ce groupe, qui certe n’invente rien, mais le joue impecablement.