The Charlatans – La Maroquinerie – 16 février 2018

Retour ce vendredi à la Maroquinerie à Ménilmontant, cette fois-ci pour supporter la pop britannique. Nous sommes allés voir The Charlatans, qui sont de retour avec leur single hors du commun Plastic Machinery, que vous avez sûrement remarqué. Ils ont opéré une réapparition inespérée avec leurs albums « Modern Nature » et « Different Days ». Nous les avions à l’époque interviewé dans ces mêmes colonnes.

Curieusement ce groupe issu de la Brit Pop sonne très américain et chaud, ce qui est paradoxal. Mais c’est le chant qui est anglais, les parties musicales qui le suivent sont groovies, si ce terme n’avait pas été galvaudé par des bonimenteurs. On peut rapprocher ce qu’ils font de la musique de Paul Weller, ils évoluent dans la même sphère musicale. On ne peut s’empêcher en fermant les yeux de penser à un titre des Stones tel que Gimmie Shelter, et plus encore au Spencer Davis Group. Orgue rugissant, guitare sale, basse soutenue et batterie rythm’n’blues, ce n’est pas répandu à notre époque. 3 ou 4 chansons se détachent du lot, leur hit d’antan You’re The Only One I Know, Le nouveau Solutions et le déjà fameux Plastic Machinery. Ils ont joué aussi des titres moins évidents comme North Country Boy et With No Shoes. Ce n’est certes pas aussi puissant que les frères Gallagher mais c’est très bon. Ils se font plaisir s’ils ne révolutionnent pas le rock, c’est sympathique, humain et dansant, et Tim Burgess occupe l’espace. Nous attendons la suite des évènements avec impatience, c’est-à-dire un nouvel album, car ce soir ils ont remué leur glorieux passé devant un public enthousiaste. Une affaire à suivre, donc, et pas un accès de nostalgie.

Gaz Coombes – la Gaité Lyrique (Paris) – 10 octobre 2015

La Gaité Lyrique est une belle salle, moderne et bien équipée, qui rappelle un peu Beaubourg par sa déco résolument moderniste. On s’y sent bien, on n’a pas l’impression comme dans d’autres endroits d’arriver dans un bouge mais plutôt dans un musée.

C’est un peu à une soirée au musée que nous vous convions avec ce concert de Gaz Coombes, ancien chanteur du groupe brit-pop Supergrass. Mais pas de nostalgie déplacée, le chanteur d’Oxford va de l’avant et nous propose des chansons issues de ses deux albums solo, dont le plus récent, Matador, est sorti cette année. Pas de reprise de Supergrass donc, comme nous l’espèrions secrètement, mais un show en demi-teinte qui nous a rassuré sur le personnage. Après un première partie rigolote mais pénible aux oreilles, assurée par un groupe formé par les accompagnateurs du chanteur, voici que celui que nous attendions apparait sur scène. Les deux premiers morceaux nous font nous étonner : ce que nous entendons ressemble à du sous Noël Gallagher, nous laissant l’impression d’écouter la radio. Pas désagréable, mais ce n’est pas ce que nous sommes venus voir. Puis s’ensuit un passage incertain, où l’on attend en vain qu’il se passe quelque chose. Ce n’est pas que ses chansons qui sont en cause, car si les mélodies sonnent curieusement l’interprêtation qu’il en donne est manièrée et les musiciens font le minimum syndical. Ils sont effacés, accompagnant les chansons du leader qui ne nous présente pas un groupe, pas même un faux groupe, mais nous offre son ego et ses vocalises avec un fond musical. Il faudra attendre le huitième titre, soit la moitié du concert, pour que la sauce prenne et que les musiciens se réveillent. Et là, Ok, nous assistons à une deuxième partie de concert digne de sa réputation et satisfaisant nos attentes. Gaz Coombes a un certain lyrisme, c’est un chanteur à voix, et sa voix se mêlant aux instruments passe comme une lettre à la poste, son lyrisme est bien servi par ses musiciens qui auront attendu pour mettre la gomme. Pour nous le concert a réellement démarré au huitième titre, et notre patience fut récompensée par une belle brochette de chansons qui amena un rappel et les applaudissements du public.

Bloodsports – Suede

Il est des reformations qui réconfortent les fans, d’autres qui réparent une injustice, mais celle là n’apporte même pas le plaisir de réécouter un vieux groupe.

Suede, qui portait haut le flambeau de la Brit Pop dans les années ’90, s’est reformé en 2010 et accouche d’un nouvel album avec ce « Bloodsports ». Allons-nous retrouver le charme d’antan, les faux airs de David Bowie, les hits fracassants et l’énergie du groupe ? Hélas, rien de tout ça, mais un album catastrophique et plus que décevant. Suede a tout simplement réalisé un album de variété, prouvant que cela n’est pas une spécificité hexagonale et que les anglais en sont capables.

Pourtant, cette reformation était louée par la presse écrite, qui nous a bien fait saliver, et Suede nouvelle version était programmé lors du festival des Inrocks en novembre 2013, le journal Le Monde jugeant même le nouvel et sixième opus du groupe « très digne ». Nous ne partageons pas cet avis, cet album n’est pas à la hauteur de leur passé glorieux et le combo s’en tire moins bien qu’un Placebo. Avec  Barriers, le premier titre de « Bloodsports », Suede lorgne sans vergogne vers U2.Voilà pour l’entrée en matière. Nous avons continué l’écoute, et le malaise ne s’est pas dissipé avec Snowblind. Du temps de sa splendeur, le groupe n’avait pas une aussi grosse production et autant de moyens pour enregistrer. Hélas la sauce ne prend pas et les synthés de Sabotage ne font qu’ajouter à l’emphase de la voix de Brett Anderson, très énervante. Sur le titre suivant, For The Strangers, celui-ci prend des intonations à la Bowie, et c’est le meilleur titre de cet album. Il continue dans cette voie sur Hit Me mais le refrain vient tout gâcher. Puis retour à l’influence U2 sur le septième titre, Sometimes I Feel I’ll Float Away. L’album se termine enfin par trois slows dignes du pire de la FM.

Avec cet album, Suede rejoint Elton John à la rubrique des énigmes de la pop music.