Seven Dials – Roddy Frame

Vous vous souvenez peut-être encore d’Aztec Camera, groupe pop des années ’80, de leur titre Oblivious et de leur leader Roddy Frame, encensé par le NME qui le décrivait comme l’un des songwriters les plus doués de sa génération.

Roddy Frame, après l’arrêt du groupe en 1995, a poursuivi une carrière solo et nous livre cette année son quatrième album, lequel coïncide avec des dates de concert en France et en Allemagne.

Comme à l’époque d’Aztec Camera, Roddy Frame fait de la pop acoustique gentillette et pas du tout agressive, empreinte de bossa nova et de country. Le bonhomme ne s’est pas métamorphosé brusquement, il poursuit tranquillement sa route, faisant du Aztec Camera en solo. Il nous offre avec cet album dix chansons calmes qui démontrent surtout son indéniable talent de guitariste. Pour le songwriting, il semble dépassé par la concurrence et il n’y a pas sur cet album de titre fort qui pourrait prétendre au statut de tube, à part le morceau On the wave, plus produit que le reste de l’album.

Sur plusieurs titres, sa façon de chanter fait penser à Morrissey (Postcard, Forty Days of Rain) ce qui n’est pas pour nous déplaire. Ce n’est certes pas un grand album : il manque de saveur, n’en reste pas moins agréable à écouter mais ne capte pas l’attention plus que cela. On préfèrera un disque de vrai folk. Bon guitariste, chanteur intéressant, Roddy Frame possède des atouts pour plaire mais l’écoute de ce disque ne recèle aucune magie. Ce n’est pas le grand retour annoncé et on l’écoutera par curiosité, pour voir ce que devient quelqu’un qu’on a aimé.

Piano Ombre – Frànçois & the Atlas Mountains

François And The Atlas Mountains est un groupe français qui vécu en Grande Bretagne, plus précisément à Bristol, patrie du trip hop, de 2003 à 2009, et qui a gardé des connections avec ce pays.

En témoigne sa tournée 2014 qui comporte plus de dates outre-Manche que de ce côté-ci du channel, il est donc intéressant de ce point de vue d’écouter des artistes qui ont baigné dans la culture underground et DIY anglaise et qui ont su intéresser un public de ce pays. Le frontman de ce qui est un groupe depuis ce quatrième album , Francois Marry, est chanteur  et guitariste. Il est aussi  peintre-aquarelliste et ses interviews révèlent un personnage intéressant, qui a des choses à dire et déjà des voyages à raconter.

À la question « est-ce de la pop ou de la chanson française » nous répondons « de la pop, bien sûr ». Si nous avons plus l’habitude d’écouter des groupes qui chantent en anglais, nous sommes quand même séduits par ce « Piano Ombre » qui déroule dix chansons fraîches et aérées, à l’exception du titre qui ouvre l’album, Bois, qui est le seul morceau électro et qui pourrait donner une fausse idée de l’ensemble. Passons sur ce titre et nous entrons dans le vif du sujet avec La Vérité qui est diablement accrocheur et entre dans la tête assez facilement.  Vient ensuite The Way To The Forest avec son refrain en anglais, puis La fille Aux Cheveux De Soie, autre titre fort de cet album, qui débute par une intro au piano et se poursuit par des arrangements de cordes fort agréables. Retour aux guitares avec Summer Of A Heart, qui irritera peut-être par son synthé kitch, puis c’est le tour de La Vie Dure, qui avec ses percussions est le plus afro des titres de « Piano Ombre ». Le titre suivant, Réveil Inconnu, nous fait penser à Air, par sa mélodie entrecoupée de synthétiseurs. À l’écoute de Piano Ombre,  morceau qui donne son nom à l’album, on est pris par le climat dépouillé qui convient aussi bien au chant de François que les arrangements sophistiqués. On revient aux arrangements de groupe avec Fancy Foresight et Bien Sûr, qui clôt l’album.

Les influences de musiques africaines sont discrètes et bien digérées, elles  ne remettent pas en question le format pop de ces chansons et leur couleur particulière donnée par le chant de François Marry.  L’ensemble demande une écoute attentive et prolongée, car cette musique n’utilise pas de grosses ficelles, et est assez délicate et poétique. Plus on l’écoute, plus l’on est charmé. Les textes en français  ne perturbent pas l’auditeur et François sait faire sonner la langue de Molière. Cet opus devrait être bien reçu par le public et la critique.

Silk ( La Soie Sauvage) – Iojik

Après un premier album (« Seconde Nature ») hésitant entre rock et chanson, la chanteuse Iojik opte clairement pour le rock avec son deuxième opus Sil,k – la soie sauvage.

Après un premier album (« Seconde Nature ») hésitant entre rock et chanson, la chanteuse Iojik opte clairement pour le rock avec son deuxième opus « Sil,k – La Soie Sauvage ». On ne peut que se féliciter de ce choix, qui vient confirmer sa démarche d’indépendance entamée dans les années 2000 avec le groupe Simili Skaï  dont elle reprend « Marcher Sur La Lune » dans une version qui ici frise le hard rock, bien éloignée de ce que j’avais entendu dans un bar de Ménilmontant en 2002. Ce nouvel album solo de Iojik évolue dans une ambiance mélancolique et féminine faite de ballades (sil,kElle M’aimeStill You’re WantingTraversons La Voie Lactée et le splendide Ce N’est Qu’un Extérieur) et de titres mid tempo (Sentir, Marcher Sur La Lune).  Il n’y a qu’un morceau au tempo rapide, Les Fées, avec ses réminiscences de The Clash, un rappel de son passé en tant que pianiste du groupe punk Les Cafards. L’ensemble est agréable, le propos est original et poétique, Nous regretterons seulement que la guitare soit parfois bavarde. Iojik chante aussi bien en anglais qu’en français, parfois dans les deux langues,  et cela l’éloigne d’éventuelles tentations chanson française.  Aussi à l’aise sur une ballade que sur un rock furieux, sa voix s’impose au fil de l’album en restant rock et mélodique. On aimerait un plus gros label et plus de moyens à cette chanteuse talentueuse. Nos titres préférés: Ce N’est Qu’Un Extérieur, In a Boat, Elle M’Aime, et le titre qui donne son nom à l’album, La Soie Sauvage.

Follow Me Down – Colo Colo

Colo Colo est un ambitieux duo electro-pop Lyonnais, dont le premier disque est à l’image de ce qui se fait actuellement dans ce pays et de ce qui passe sur les ondes FM.

Composé de Martin Duru et Jean-Sébastien Nouveau, il tire son nom d’un club de football chilien et sort avec « Follow Me Down » son premier essai. On peut sans prendre de gros risques dire que cela plaira aux radio, mais pour être cent pour cent électronique, cela à notre avis n’est pas assez rentre-dedans pour des dancefloor habitués à plus dur que cela. Cette musique est légère et  agréable comme des bulles de champagne, même si cela manque cruellement de cuir et de sueur, les mélodies sont là et l’ensemble est plus que sympathique, à défaut d’être rock’n’roll. Marchera, marchera pas ? Cet EP 6 titres vous plaira si vous aimez les synthétiseurs et les belles mélodies, et si MGMT est pour vous le summum des musiques actuelles. Si par contre pour vous « pop » rime avec « guitar song », passez votre chemin et reportez-vous sur Miles Kane.  Oublions les parti-pris et laissons-nous prendre par le charme de ce duo, qui n’en manque pas.  Les influences qu’ils citent ne sont pas usurpées : on peut parler de MGMT pour Follow Me Down et Sticky Hands Off, on passe après à un climat un brin nostalgique sur Eilan’s Oath et un petit côté New Order sur Burning Soul, peut-être à cause de la guitare ténor. On pense également un peu à Daft Punk pour Can’t Wait, mais c’est bien le seul titre qui évoque le duo versaillais.

Pourquoi n’ont-ils pas réalisé tout de suite un album ? La question reste en suspens, ces six compositions étant accrocheuses et très travaillées,  nous ne pouvons que leur souhaiter de trouver leur vitesse de croisière et attendons la suite de leurs aventures avec philosophie.