The Amazons – Le Point Éphémère – le 22 novembre 2017

Nous avons décidé de suivre le groupe britannique The Amazons sur le long terme, car ils nous ont tapé dans l’œil. En fait, ils tranchent sur ce que vous pouvez lire et entendre sur notre site. Ils sont limites par rapport à l’indie-rock, mais ils sont tellement bons ! Quand nous les avons vus en concert pour la première fois, en février dernier, nous nous sommes dit : mince, un vrai groupe de rock !

Certes leur rock puissant ne fait pas dans la finesse et les climats en demi-teinte, ni dans la pop romantique. Ils attaquent en force par un habile mélange de rock péchu et de mélodies imparables.

Leurs chansons ont la force de l’évidence et sont taillées pour le succès.

Lors de leur concert à la Mécanique Ondulatoire, ils ont joué leur album, qui n’est que le premier, rien de plus, rien de moins. Et cela avait atteint le public présent comme un direct à l’estomac.

Là, au Point Ephémère, ils ont donné une prestation plus généreuse, moins stricte, entrecoupant leurs titres phares de breaks, comme sur Black Magic. Ils nous ont proposés de nouvelles chansons et des versions différentes des titres de l’album. Ils se sont lâchés sur une scène moins exigüe que la cave où nous les avions vus précédemment. Ce fut un vrai moment de rock’n’roll, apportant une toute autre dimension. Leur chanteur Matt Thompson capte l’attention : il est grand, a de longs cheveux roux et une vraie présence scénique. Ce concert fut un peu plus chaotique que la dernière fois : le set était en fait assez court, le groupe nous a laissé un peu vite avant de revenir pour une chanson en acoustique et un final époustouflant avec le morceau Junk Food Forever.

Donc de nouveaux titres, des versions concerts et toujours les titres phares comme Black Magic et Little Someting, plus un poil d’imprévisible. Ce qui ressort de ce concert, c’est que leurs compositions sont mortelles, taillées pour être des hits. Elles s’imposent par leur efficacité. Ce que nous avons vu ce soir, c’est un grand groupe dans une petite salle. On n’a pas tous les jours cette chance.

En première partie il y avait les Pale Seas, pas mauvais, même sympathiques, mais aux chansons trop conventionnelles. Notons que les arrangements de leur lead guitariste sont très beaux et apportent beaucoup à des compositions sans originalité. C’est bon, mais tellement en dessous de la furie qui leur a succédé sur la scène du Point Ephémère. The Amazons ont une force et une personnalité qui les fait se détacher de tout ce que nous avons entendu en 2017.

Cry Cry Cry – Wolf Parade

Wolf Parade est un groupe pop-rock canadien, moins connu qu’Arcade Fire, qui a débuté en 2003 et a été signé par le prestigieux label Sub Pop. Après 3 albums jusqu’en 2010 où ils annoncent une pause qui durera 6 ans. Ce nouvel album annonce donc leur retour sur le devant de la scène.

Le temps a passé, et leur musique a pris un coup de vieux. Ces dernières années, le rock a terriblement changé, et il n’y a que quelques titres comme le superbe You’re Dreaming et le plus classique Valley Boy qui sonnent actuels. Sinon, c’est tout sauf mauvais, même s’il faut plusieurs écoutes pour entrer dans l’album. C’est seulement inégal, le meilleur cité plus haut côtoyant le moins bon. Il faudrait acheter ce disque pour quatre titres exceptionnels, le reste étant moins intéressant. Globalement, leur rock rappelle Roxy Music (Who Are Ya ). Le clavier y est très important, le chant est parfois maniéré, il passe mieux lorsqu’il est plus sobre.

Par contre, les guitares sonnent et ne sont pas en retrait, comme sur le très beau Am I An Alien Here qui a des accents de David Bowie. Le titre Artificial Life est potentiellement radiophonique et plus conforme à ce que l’on peut entendre sur les ondes que le reste du disque. Wolf parade n’a pas l’évidence tubesque d’un Franz Ferdinand ou des Kasabian, il n’est pas dans la catégorie poids lourds. Ce disque de onze titres a failli passer inaperçu, mais nous nous devons de vous le signaler, même s’il ne bouleverse pas le paysage du rock des années 2010.  Il a été enregistré à Seattle sous la direction de John Goodmanson et est comme les précédents sorti sur le label Sub Pop. En résumé, un bon album pop, mais pas essentiel sauf sur quelques chansons, et qu’il faut écouter plusieurs fois pour apprécier

Low In High School – Morrissey

Après Liam Gallagher, voici une autre idole du rock britannique à sortir un nouvel album. Ultra populaire de l’autre côté de la Manche, il poursuit depuis la séparation de son groupe The Smiths une carrière solo faite d’albums de qualité et de déclarations intempestives dans la presse.

Ce nouvel album montre un changement notable : moins de pop à guitares et 3 titres accompagnés d’un piano. En revanche, sa façon de chanter est toujours la même et ses mélodies ont gardé la même patte depuis les Smiths. Les morceaux, eux, sont précieux et comportent des orchestrations sophistiquées quoique discrètes faites de violons et d’une petite trompette. Les douze titres de cet album sont de même niveau et constituent un ensemble cohérent sans rupture de la matière sonore. Pas de concessions ni de tape à l’œil. Aucun écart si ce n’est un titre dance et synthétique faisant un peu penser à du Depeche Mode  par sa construction, mais avec la voix si reconnaissable du Moz. Mais dans l’ensemble c’est du Morrissey pur jus qui ne décevra pas ses fans.

Le disque commence par My love Bad Do Anything For You, un morceau rentre-dedans un peu martelé par une batterie lourde, qui se termine par des cuivres tonitruants. Bonne entrée en matière. Vient ensuite le titre « new-wave » que nous avons mentionné plus haut, et qui n’est pas désagréable même s’il déroute au premier abord. En troisième vient le superbe Jacky Is Only Happy When She’s Up On The Stage, qui est le plus beau de cet album et est agrémenté de violons du plus bel effet. Il justifie à lui seul l’acquisition du disque et restera probablement dans l’histoire.

Le quatrième, Home Is A Question Mark, commence par de délicats arpèges de guitare et évolue en terrain de connaissance. Ensuite vient une balade mélancolique parlant de notre époque atone, Spent The Day In Bed. C’est un espèce de tango rock’n’roll, I Bury The Living, qui lui succède. Puis vient le premier titre mélodramatique sur fond de piano. Bon, ce n’est pas désagréable. Il s’appelle In Your LapThe Girl From Tel Aviv Who Wouldn’t Kneel est lui un morceau sur rythme ternaire, avec une prédominance du piano, relevé de violon et d’accordéon.  Il parle discrètement du conflit israélo-palestinien. Retour à la légèreté sur fond de guitare fuzz pour une très belle chanson qui porte le titre d’All The Young People Must Fall In Love, une originalité chez cet artiste qui ne fait pas habituellement dans les sonorités rétro. On revient à du Morrissey plus habituel avec When You Open Your Legs, qui ravira ses admirateurs. Enfin, le dernier de l’album, Israël, termine le voyage en beauté et montre les capacités vocales du bonhomme.

Bref, un excellent disque, qui nous apporte des réponses sur le rock britannique, même s’il ne rompt pas avec ce que l’artiste nous a déjà donné à entendre. Morrissey a une forte personnalité musicale et ce nouvel album fait plus que tenir la route. Morrissey est grand !

Savages – Cité de la musique – 04 juillet 2017

Nous allons essayer de dire l’irruption de l’inouï : il est difficile de présenter par le langage une musique radicalement neuve et originale. C’est le cas du groupe londonien Savages, que nous avons découvert en 2013 par leur premier album, et que nous sommes allés voir à la Cité de la Musique de Paris dans le cadre du festival Days Off.

Ce que ces quatre filles donnent à entendre, sur scène plus que sur disque, n’entre pas dans une catégorie connue. Pourtant c’est bien du rock, comme en témoignent les parties de guitare de Gemma Thompson. Mais c’est une nouvelle forme de rock, une musique tendue et nerveuse, qui n’est pas faîte pour être agréable, et qui pourtant s’impose comme une évidence. Nous tenons avec ce quatuor féminin un nouveau grand nom du rock. Pourtant elles n’en sont qu’au début de l’histoire, avec seulement deux albums à leur actif. Sauvages, elles le sont, tant leur musique fait preuve de force et d’agressivité, tout en évitant de tomber dans le métal. Leur son reste clair même si la calme bassiste Ayse Hassan joue avec un son boosté. Mais c’est aussi intense et énergique qu’un groupe de métal, sans le côté cracheur de feu. On est à mille lieues de la pop. Il est vrai qu’on pense sur certains morceaux comme She Will à des groupes post-punk. Disons qu’elles renouent avec une approche musicale qui était celle des années 80, tout en offrant une réponse aux musiques qui sont apparues depuis en dehors de l’univers du rock. Elles cherchent à ce qu’il se passe quelque chose, pas à exécuter un show où faire défiler un répertoire de chansons. Sur scène elles sont habillées de noir, et leurs visages sont mis en relief par la lumière blanche qui accentue les contrastes. Pas de couleurs, pas de joie factice, on pense à Placebo et à l’esthétique gothique. Mais c’est pour le visuel, pas pour leur musique. La chanteuse Jenny Beth occupe la scène et bouge avec une grande aisance tout en nous faisant entendre sa voix superbe qui est la caractéristique de ce groupe unique et essentiel. Si on veut établir une classification, on peut les rapprocher de Joy Division pour la musicalité, de Sisters Of Merci et Bauhaus pour le son, et surtout de Siouxie And The Banshees pour la voix exceptionnelle, au timbre chaud et grave. Mais plus qu’une inspiration c’est un ensemble de similitudes bien utile pour classer les disques.

The Amazons – The Amazons

Le premier album du groupe anglais The Amazons, originaires de Reading, sort fin mai 2017 et nous avons choisi de vous en parler tant ils nous ont impressionnés lors de leur concert parisien dans la fameuse petite salle de la Mécanique Ondulatoire.

Nous sommes toujours étonnés de voir d’aussi bons groupes se produire dans un si petit endroit. Et, six mois après, si tout va bien, on les retrouve dans de plus grandes salles. En l’occurrence, The Amazons ouvraient à la Cigale pour le groupe de pop punk You Me At Six, ce qui est très bon pour leur avenir. Ils font la première partie sur toute la tournée européenne du groupe. C’est d’ailleurs devant la Cigale que nous les avons rencontrés et que nous avons pu leur poser quelques questions. Il en ressort que ce sont des gens sympas, accessibles et expérimentés malgré leur formation récente, en 2014. Nous avons ainsi appris qu’à leur tous débuts, ils se sont faits les dents sur des reprises de Nirvana, des Ramones, Arctic Monkeys, Bloc Party et System Of A Dawn. Ce ne sont pas des poseurs mais de vrais musiciens qui ont déjà atteint avec ce premier album un niveau impressionnant. Ils ont dû mettre une claque aux lycéennes qui se pressaient pour le concert. Par moments, ils font penser fortement aux Arctic Monkeys et à Royal Blood. Si cet album ressemble comme deux gouttes d’eau à leur set live, c’est qu’il a été enregistré live, justement, pour retranscrire l’atmosphère de leurs concerts. Et si le groupe existe officiellement depuis 2014, ils se connaissent depuis 10 ans, le drummer étant le dernier arrivé. Leurs influences sont les grands du rock, Led Zeppelin, Nirvana et les Stones. Leur rock est plutôt classique et cela fait du bien. Est-ce vraiment indé ? En tout cas, c’est du lourd et du puissant, et la production de leur disque est excellente.

Il débute par un titre speed, presque punk, au couplet basique, Stay With Me qui fort heureusement est suivi d’un refrain qui fait décoller le morceau. Le deuxième titre vaut aussi par son refrain. The Amazons ont décidément le sens de la mélodie. La construction est classique, et cela peut plaire à une oreille habituée à la pop. Le troisième titre est le tubesque In My Mind qui nous les fit découvrir et qui est leur chanson la plus évidente. En tout cas, elle montre les capacités vocales de leur chanteur qui tient là un moment de bravoure. Vient ensuite le titre  Junk Food Forever  que vous connaissez si vous êtes allés voir le site officiel du groupe et qui leur sert de carte de visite. Tempo moyen, superbe rythmique et guitare dans l’air du temps. Le suivant, Raindrops, nous fait terriblement penser aux Arctic Monkeys, ce qui n’est pas pour nous déplaire, les Monkeys ayant pondu à notre avis l’album rock de la décennie. Encore un titre tubesque avec Black Magic et son beat dance music. C’est le morceau le plus inattendu de cet album, c’est aussi celui qui fait le plus remuer le public en concert. Il est très seventies et le chanteur est au top. Il conviendra parfaitement aux habitués des dancefloors sans pour autant faire dans le racolage. Vient ensuite Ultraviolet, qui est excellent et propose de belles parties de guitare. C’est également le cas de Little Something, très rock’n’roll et qui satisfera les puristes. Il y en a pour tous les goûts sur cet album qui est plus varié qu’on pourrait le supposer au premier abord.

On retrouve l’influence Arctic Monkeys sur le suivant, Holly Roller, qui est l’un des plus calmes du disque. Something In The Water est lui aussi un morceau relativement lent par rapport au reste du CD. On retrouve là encore leurs structures de morceaux très construits. Sur ce titre comme sur le précédent, le lead guitariste se montre inspiré et très présent.

L’album se termine par une fausse surprise, car ils nous font le coup de la ballade au piano qui repose après un tel déluge sonore.

Nous n’en revenons toujours pas d’avoir eu la chance de les voir dans une petite salle et de pouvoir les rencontrer aussi facilement, car ce groupe va faire parler de lui dans le futur. Ce ne sont pas des plaisantins, et nous nous sommes vraiment fait plaisir en écoutant cet album.

Kane Strang + White – La Boule Noire (Paris) – le 24 Mai 2017

Nous sommes allés voir l’artiste Kane Strang en concert pour deux raisons : la première est de revoir la petite salle de Pigalle qui jouxte la Cigale. Eh bien, elle n’a pas changé ! En effet, nous l’avons connue par le passé et nous rassurons le public : elle est intacte. Ce ne sont plus les mêmes employés ni les mêmes videurs, mais ils sont agréables malgré le fait que nous soyons en période d’attentats et donc peu propice aux spectacles parisiens.

La deuxième raison est purement musicale : nous avons voulu coller à ce qui se fait aujourd’hui et à ce que nous pouvons entendre à la radio dans la catégorie indé. Indé, c’est ce que nous pouvons dire de Kane Strang qui jouait en lever de rideau du groupe White que nous avons découvert à l’occasion. Pour être franc, c’est un recentrage sur les tendances actuelles.

Parlons d’abord de Kane Strang : il était ce soir accompagné d’un combo batterie, basse et guitare. Manifestement et à l’écoute, ils ne jouent pas ensemble depuis très longtemps. Ils sont hésitants et jeunes, malgré le son qui est ce que nous attendons, surtout à la guitare. Ils ont bien le son que nous avions identifié fin 2016. Leurs compositions ont du charme, et ne sont pas désagréables même si nous avons entendu mieux avec l’album du groupe Diiv, chroniqué sur ce site. Nous sommes venus pour eux, et nous avons pu constater qu’il y a encore du travail à fournir pour emporter l’adhésion.

En tête d’affiche il y avait les Ecossais du groupe White, moins timides et plus pop. C’est un groupe dans l’air du temps. Ce qui veut dire que ce n’est pas ce que nous avons entendu de mieux cette année, mis ce n’est pas non plus mauvais. Seulement conforme à ce que font beaucoup de groupes actuels. On pourrait appeler cela du Glam-Disco-Pop, car pour un musicien il s’agit de rythmiques disco-funky avec un chant différent. C’est un bon chanteur de pop qui a suffisamment de voix pour pouvoir chanter du heavy-metal si l’envie lui en prenait. Techniquement, ce qu’ils jouent est simple, mais là n’est pas la question, nous ne nous attendons pas à du jazz-rock. Ce groupe indisposera les puristes mais il passera très bien auprès d’un public habitué aux dancefloors. C’est d’ailleurs à la fin du concert que ça devient très bon, lorsqu’ils lâchent enfin le beat discoïde pour des rythmes plus lents qui leur réussissent mieux. Cela devient alors plus sympathique. C’est vrai que la batteuse du groupe joue la même figure rythmique pendant la majeure partie du set. Mais cette tendance au disco-funky est, nous l’avons dit, très répandue actuellement, ne serait-ce que chez Foals et Kasabian. Difficile alors de l’ignorer.

The Psychotic Monks – Le Petit Bain ( Paris) – 30 mars 2017

Bluffés par leur concert au Point Ephémère, nous sommes retournés voir les parisiens de The Psychotic Monks en concert dans la capitale. C’était la teuf pour la sortie de leur premier album (il sort le 21 avril) et le bateau du Petit Bain est bien choisi pour ce genre d’évènement.

Si leur musique est toujours aussi envoûtante, il n’y avait pas l’ambiance magique du précédent au Point Ephémère. Trop de bière et un pogo qui me semble inadéquat pour ce groupe qui sonne différent du rock énergique et agressif des punks. Le public était plus rock, plus nerveux, et l’ambiance était plus conventionnelle. Mais les Psychotic Monks en mettent plein les oreilles et dès le premier morceau on fait « ouah ». Ce que nous aimons chez eux, c’est leurs morceaux lents, romantiques, et leur son qui est original. En les écoutant je pense à des groupes des années 70 notamment pour le mélange orgue-guitare et les slows. Ce groupe indique une autre voie que les sentiers bien balisés que d’autres parcourent si bien. Ils sont encore en cours d’évolution, et les chants sont plus travaillées, ils chantent désormais à 3 voix et se dirigent vers une nouvelle formule avec de belles harmonies. Disons qu’ils se cherchent encore, c’est vrai qu’ils sont très jeunes, nous les   avions crus plus vieux en les voyants sous les lights de la salle. Nous espèrons qu’ils vont préserver leur originalité et ne pas céder aux injonctions de certains spectateurs qui criaient « rock’n’roll » comme à un concert de psychobilly, ce qui est franchement un contresens sur cette musique qui ne doit rien aux années 50 ni 80. Il y a des endroits pour ça, on peut lui donner l’adresse, le gars a du se tromper de soir. Si nous aimons aussi le rock du passé, ce n’est pas ce que nous font les Psychotic Monks qui ouvrent une nouvelle voie au rock français.

The Amazons – La Mécanique Ondulatoire – le 17 février 2017

Nous avions découvert La Mécanique Ondulatoire à l’occasion du fantastique concert du groupe canadien Dilly Dally. Depuis ce jour, nous tenons à l’oeil ce bar du quartier Bastille où se produisent DJ et groupes.

Ce soir nous avons pu voir dans cette petite cave du passage Thiéré le groupe britannique The Amazons. Ils sont originaires de Reading, et sont menés par le chanteur-guitariste Matt Thompson.

Pendant le début du concert nous nous sommes demandés s’ils étaient américains ou bien anglais. Nous avons eu un moment d’hésitation, dû au côté héroïque et lyrique de leur musique. C’est du rock puissant et sauvage, très clairement électrique, et qui se promène entre le stoner, l’indé 2016 et les Arctic Monkeys. C’était là leur première sortie hors de Grande-Bretagne et ils nous ont fait l’honneur de commencer par Paris. Cela fait plaisir d’entendre du vrai rock à cheveux longs après un hiver qui nous a fait douter de la pérennité de notre musique préférée : nous avons tenu bon, et en 2017 le rock existe toujours, même si c’est au fond des caves que ça se passe. Pour répondre à notre question, The Amazons sont indubitablement anglais, comme le montrent leurs mélodies. S’ils ne brillent pas par l’originalité, ils ont des titres forts comme Little Something, Black Magic et surtout l’excellent In My Mind qui ferait un bon single radiophonique et qui est une vraie bombe. Nous nous sommes régalés et ce concert était finalement trop court. On notera au passage la première partie plutôt sympa de l’artiste Clint Slate, qui gagne à se produire seul avec une guitare accoustique qu’il sait faire sonner, plûtot que de se perdre en projets tirés par les cheveux.

Luke Elliot – Théatre les Etoiles – le 26 janvier 2017

Le Théatre les etoiles nous a été présenté comme une nouvelle salle de concerts à Paris. En fait, il s’agit d’une salle de spectacle qui existe depuis le 19è siècle et qui programme depuis très récemment des concerts de rock.

Luke Elliot est un chanteur Américain, natif de Princeton dans l’Etat du New-Jersey et qui joue du piano dans le style de Jerry Lee Lewis. Il est acompagné par des musiciens super efficaces. Sa prestation scénique a de la tenue, et il montre en live qu’il est un artiste de premier plan. Sa voix fait penser à celle de Nick Cave. Nous avons fait ce soir une découverte et on reparlera longtemps de Luke Elliot. Il montre en concert que les USA ont su garder le lien avec une tradition musicale du 20è siècle et que le musique électrique est fort différente de celle des britanniques. Ce sont deux chemins bien distincts. Nous avons éprouvé le grand frisson ce soir-là, car nous avons vu et entendu un live de grande qualité, une musique sophistiquée et furieusement indé même si elle plonge dans les racines du rock’n’roll. On parlais autrefois d’adult-rock et nous reprendrions bien ce terme pour décrire cette musique qui a attiré un public agé et bien habillé. On se serait cru à un concert de jazz !

La presse et les photographes étaient au rendez-vous, ce qui nous ouvre une espoir de voir le rock indé dans les colonnes des journaux, ce qui jusique là était plutôt rare. Cela ne nous vexe pas, au contraire, nous aimerions bien que les journalistes de la presse sérieuse retrouvent le chemin des concerts de rock et soient là avec nous dans les bars et les clubs pour témoigner de la vitalité des musiques qu’on aime.

Black Honey – le Pop-Up du Label – 23 janvier 2017

Nous étions à l’affût de groupes britanniques après ce fameux Brexit, histoire de voir s’ils allaient toujours venir nous rendre visite malgré les évènements politiques. Ce n’est pas une plaisanterie, il est légitime de se poser la question des conséquences culturelles de ce référendum. Et bien notre attention a été attirée par le groupe Black Honey, qui a traversé la manche pour une tournée européenne passant par Paris.

C’est dans la désormais fameuse cave du Pop-Up Du Label, rue Abel dans le 12è arrondissement, juste à côté de la gare de Lyon, que nous avons pu apprécier leur répertoire sur la petite scène. L’année commence avec un vrai concert d’un vrai groupe de quatre musiciens dont une chanteuse-guitariste blonde et dynamique. Le concert démarre en trombe, sans prévenir, et ils enchaînent les titres comme sur un album, sans la moindre digression ni improvisation. C’est the real thing, un vrai groupe de rock pêchu et mélodique tout à la fois. Leur set dépote, le batteur cogne comme il faut, le bassiste est correct, et la chanteuse tient la scène avec un charisme certain. Le lead guitariste a un jeu étrange, garage-psyché, comme s’il jouait des parties de clavier. En tout cas, ça sonne et les mélodies sont là, avec un côté faussement naïf comme la pop des années 60 ou Gwen Stephani de No Doubt, qui avait elle aussi ce côté évident. Il y a le même charme que dans un groupe de power-pop, tout en étant plus pur au niveau des instruments. La rythmique basse-batterie est implacable et assure comme ce devrait être tout le temps le cas dans un set live. Ce concert nous fait voir que les britanniques sont toujours à la hauteur et que loin des hypes et des modes éphémères il y a toujours en Grande-Bretagne des groupes de rock dignes de ce nom. Nous sommes tombés sur ce concert et ce groupe par hasard, personne ne nous en avait parlé, et nous sommes bien tombés. Ils ont des titres phares qui sont susceptibles de passer en radio, ou tout du moins de rester dans vos mémoires, et un sens aigü de la mélodie.