Paul Weller – le Bataclan – 08 avril 2015

Paul Weller est toujours dans la course. Contrairement à des groupes de sa génération, il ne fait pas du passé un fonds de commerce et n’exploite pas la légende du rock.

Sur scène, pas de Best Of, comme dans le cas des Stranglers ou de Stiff Little Fingers. Non, il ne reprend aucun titre de The Jam ou de Style Council. Son répertoire lors de ce concert couvre sa carrière solo, avec des titres d’il y a 15 ans comme Friday Street et Peacock Suit. Pas de nostalgie, Paul Weller continue à avancer et à composer, comme en témoignent les deux chansons extraites de son nouvel album. Pas non plus d’orchestre à cordes (certains pourront trouver cela dommage) comme il a pu le faire à Londres mais un groupe efficace et des instrumentistes brillants, en particulier le guitariste soliste. Ce groupe donne une cohérence à un set plutôt diversifié : Paul Weller change de style à chaque nouvelle chanson et pourtant ça ne part pas dans tous les sens. Le son est résolument rock, même lorsqu’il se risque au reggae sur un titre où lorsqu’il abandonne sa guitare pour passer au piano électrique. On le préfère en tant que guitariste, mais ce n’est pas désagréable et plus pêchu que Style Council. Question chant, il est crédible en chanteur de soul, ce qu’il est devenu depuis le dernier album de The Jam et surtout depuis la reprise du Move On Up de Curtis Mayfield, sorti en single à l’époque.

On est en présence d’un cas particulier du rock british : celui d’un artiste qui est toujours vert malgré le temps qui passe et qui se renouvelle en conservant une énergie étonnante. Pas de temps mort entre les morceaux qui s’enchainent implacablement, juste le temps de changer de guitare et ça part ! Tout est en place, les musiciens sont impeccables et il n’y a pas une erreur en deux heures de concert. Il a du en falloir du travail pour préparer ce show !

On passe durant le set du groove funk 70’s au rock furieux, il n’y a pas de ballade, seulement un titre où Paulo joue de la guitare sèche. Le son est compact, le volume est un poil trop fort, notament sur les morceaux les plus rock où l’on s’approche d’AC/DC dans le son de guitare, et cela ajouté au chant de Weller donne une couleur orangée au répertoire et met en relief le côté charnel de cette musique.

Le public de Paul Weller est un public de connaisseurs, qui après le concert discutaient âprement de ce qu’ils avaient vu et entendu. Même sur les réseaux sociaux les gens commentaient ce show au Bataclan et les avis sont partagés, entre anciens fans de The Jam qui regrettent cette période et inconditionnels du personnage qui acceptent tout sans discuter. Il est clair que l’on a affaire à un grand bonhomme qui mérite le respect pour son itinéraire musical et la qualtité de ses compositions.

Ce n’est pas sans émotion que nous avons suivi ce concert, certain de vivre un moment rare d’un artiste qui est toujours d’actualité.

Deportivo – La Maroquinerie (Paris-Ménilmontant) – 13 mars 2015

Deportivo fêtait ses dix ans d’activité sonore par une tournée française qui se terminait à Paris par ce concert à la Maroquinerie. On peut s’interroger sur le choix de cette petite salle de Ménilmontant pour un grand nom du rock français. Deux ans après l’album Domino il n’y avait pas de promo à faire, mais le groupe a manifestement voulu créer un évènement pour le public, ce soir-là enthousiaste et acquis au groupe dont il connaissait les chansons par cœur. Ça faisait longtemps que nous n’avions pas constaté une telle ambiance festive lors d’un concert rock à Paris. Les fans du groupe se sont apparement mobilisés pour ne pas rater cette soirée. Le public a même envahi la scène, provoquant une interruption du spectacle (quelqu’un a débranché le guitariste).

Deportivo est une valeur sûre du rock, sa collaboration avec le breton Miossec a établi un pont entre rock et chanson francophone, avec laquelle le groupe nous a réconcilié par ses textes et son chant, comme l’avaient fait avant eux Louise Attaque, et dix ans après ses débuts il se pose comme une évidence d’un calendrier rock qui manque un peu de renouvellement, car on a assisté cette saison à des retours de groupes âgés plus qu’à une effervescence de nouveaux groupes.

On regrettera cependant la ressemblance trop importante entre les différents titres du set de ce soir, qui commençait par 1000 Moi-Même, et aussi le passage à vide de la partie chantée en anglais qui ne rend pas justice à leur talent, manifeste au début et à la fin du concert. Car Déportivo brille par ses compositions que vous avez forcément entendu au cours des années 2000, même si vous écoutiez à l’époque autre chose que du rock, ce qu’on vous pardonne. En effet les chansons du groupe ont largement été diffusées sur les radios FM, qui annonçaient ce concert parisien.

Les quelques spectateurs présents ont pu bénéficier d’un show énergique et chaleureux, dans la bonne humeur, de la part d’artistes que l’on s’attendrait à voir jouer dans une grande salle, qui, nous leur souhaitons, sera plus approprié à leurs futurs passages dans la capitale. En tout cas, si pour eux le succès va et vient, décrivant un parcours en dents de scie ces dix dernières années, ils méritent amplement les grandes audiences. Rappelons qu’en 2014 ils avaient joué à la Cigale. Nous avons eu beaucoup de chance de les voir dans un si petit lieu. Nous pourrons dire : « nous y étions ».

The Datsuns – Le Point Ephémère – 03 Novembre 2014

Si l’on m’avait dit un mois plus tôt que j’irais à un concert de Hard Rock, je ne l’aurais pas cru. Il aura fallu un concours de circonstances pour aller voir The Datsuns sur scène au Point Ephémère.

Signe des temps, le groupe néo-zélandais se produit dans cette toute petite salle du Quai De Valmy, comme un groupe débutant, alors qu’on le verrait bien attaquer les grandes salles. Nous ne nous en plaindrons pas : cela nous a permis d’assister au concert dans d’excellentes conditions que nous n’avons pas dans un Zénith par exemple. Nous avons une chance incroyable de les voir dans un tel lieu, même si on s’interroge sur le succès actuel du rock en tant que tel.

The Datsuns se présentent sur scène avec les cheveux longs et des guitares gibson, et un coup d’œil suffit à se dire qu’on va entendre du Hard-Rock. Ce fut le cas du premier quart du concert, mais Dieu merci le chanteur Dolf De Borst ne braille pas, il a une voix agréable, il chante vraiment et on se demande parfois si ce n’est pas plutôt du Stoner que l’on entend. Le groupe fait du rentre-dedans pendant tout le début du concert puis présente un titre de son nouvel album, qui est plus rock’n’roll et moins daté seventies que ce qu’il nous a fait entendre jusqu’à présent. Il est aussi capable de subtilités et est ce soir-là parfois à la limite du psychédélisme. Nous avons droit à de belles envolées de guitare .Nous nous surprenons à plusieurs reprises à penser à Led Zeppelin, dont le bassiste John Paul Jones a produit le deuxième album de The Datsuns.

Il se situent clairement dans une continuité avec une lignée historique de groupes qui les ont précédés sans avoir les clichés et les défauts du genre. Ce groupe n’est jamais lourdingue,et leur boogie est symphatique. Les deux rappels que leur demandèrent ce soir-là le public furent mérités. Cette musqiue plaît, le public était aux anges et nous avons vu un bon groupe de rock, quoique typé.

Strut – Lenny Kravitz

Lenny Kravitz est ce que le public de la TV connait du rock, Chamber est un tube planétaire que vous avez forcément entendu, ne serait-ce qu’au café, et le monsieur n’a pas besoin de nous pour se faire connaitre .

C’est encore un peu l’été, on peut se laisser aller, et regarder de plus près les disques qu’on nous envoie. N’hésitons pas et sortons de nos habitudes : normalement, cet album n’entre pas dans nos attributions, trop grosse machine et pas assez indé. Qui d’autre que lui, à part les Rolling Stones et Aerosmith, brandit l’étendard du rock auprès du grand public ? Mais ce disque fait du bien aux oreilles, pour paraphraser le slogan d’une radio FM où il passe régulièrement. Et ça fait du bien de revenir aux fondamentaux du rock, car Lenny Kravitz maintient vivante une tradition musicale : fortement imprégné de soul-music, il a souvent puisé dans la discographie des années ’70 et ne brillait pas jusqu’à présent par son originalité. Sur cet album, il s’aventure le temps des deux premiers titres sur les pistes de danse (Sex et Chamber) avant de retourner à un rock terriblement efficace et charnel où la seule faute de goût est un sax FM qui nous délivre de temps en temps un solo sans surprise et qui pourrait figurer chez tout autre que lui ( New York City et surtout Frankenstein, qui commençait pourtant bien). Néanmoins, son chant est personnel, et on le reconnait dès qu’il passe en radio sans qu’un animateur ait besoin de le présenter et sans qu’on se pose la question. Il y a un style Lenny Kravitz, qui s’est imposé depuis « Mama said ».

Cet album comprend douze titres, il est donc assez long, on n’a pas le sentiment de s’être fait gruger, et ne contient qu’une fausse ballade, The Pleasure And The Pain, toute en tension jusqu’au refrain. Rien que du massif, sur des tempos moyens. Il n’y a qu’ un titre rapide,  I’m a believer, qui montre que Lenny Kravitz et ses musiciens ne sont pas à l’aise sur ce genre de rythmes et sont plutôt faits pour l’entre deux, où le morceau avance et s’impose comme une évidence décontractée. Nos préférés sont Dirty White BootsStrut et Frankenstein avec son groove des bayous. Avec ce disque, Lenny Kravitz s’impose comme un incontournable du rock vivant et à défaut d’inventer un nouveau son il perfectionne son travail et assoit sa réputation de rocker superstar.

FFF – Le Bataclan (Paris) – 27 mars 2014

La salle était comble ce jeudi soir pour le deuxième concert parisien du comeback de FFF. Après un soir à la Cigale, c’était au tour du Bataclan d’accueillir la reformation de la Fédération Française de Fonck avant leur passage dans les festivals. Par exemple, vous pourrez les voir prochainement lors du festival Solidays dans le bois de Boulogne à Paris si vous les avez ratés cette semaine.

Le public est venu en force et il était conquis, connaissant par cœur les paroles des morceaux de FFF. Force est de constater que FFF est une groupe populaire et suivi par un vrai public.

Néanmoins, notre avis sur ce concert est plus nuancé que celui des spectateurs.

Après une intro spaciale, digne de Star Wars, le show débuta par « le pire et le meilleur » et continua sans interruption jusqu’à l’apothéose que constitua le titre phare du groupe Barbès. Cependant la partie la plus efficace du concert fut le meddley New Funk Generation/ Marco. On connait la réputation de bêtes de scène de ce groupe et l’album live « vivants » nous avait par le passé fortement impressionné. Mais là, on eu droit à un set monotone et laborieux, en tout cas pas à la hauteur de nos attentes. Certes Marco Prince chante divinement bien, il tient bien son pubic, mais le groupe n’a pas au niveau rythmique l’efficacité diabolique des papys du funk qui les ont inspirés et parfois guidés. Pour avoir vu sur scène Georges Clinton, Bootsy Collins et Joseph Modeliste, on voit bien que les anciens ont toujours une longueur d’avance. FFF est resté dix ans sans jouer ensemble et ils n’ont pas progressé, ils ont encore des choses à apprendre de leurs ainés en matière de grooves tueurs.

Bang – Taïni & Strongs

Taïni & Strongs est un groupe lyonnais de power-pop qui se produit sur scène depuis deux ans et revendique les influences de The Kills, David Bowie et The Yeah Yeah Yeahs.

Pour The Kills, nous sommes d’accord, la voix de la chanteuse Ambre rappelle celle d’Alison Mosshart de The Kills. Pour David Bowie, ce doit être une position esthétique car rien dans l’œuvre multiforme du Thin White Duke ne correspond au power-pop.  Pour ce qui est des Yeah Yeah Yeahs, le seul point commun est que les deux groupes ont une chanteuse.

Le power-pop, qui peut se définir comme l’essence de l’efficacité pop, l’alliage de mélodies imparables et de guitares rageuses, sur un tempo rapide en deux minutes trente, suscite notre intérêt à chaque fois que l’on entend cette expression. Mais c’est comme un vieux serpent  de mer de la presse rock, depuis le premier album de The Nerves en 1976, l’épopée Blondie et jusqu’à l’aventure Supergrass. Souvent nos espoirs furent déçus, la promesse étant trop belle. Le rock devrait produire du power-pop à la pelle et malheureusement ce n’est pas le cas.  Et cela dure depuis quarante ans !

Taïni & Strongs placent donc la barre très haut et la promesse est alléchante. Reconnaissons qu’il se tirent  plutôt bien de l’exercice et nous livrent avec « Bang » de belles  émotions rock’nroll. Nous retiendrons les titres Blackout et Schizonphrenic, lequel évoque franchement Blondie pour notre plus grand plaisir. On retiendra aussi Catch Me If You Can pour son refrain addictif. On regrettera la durée trop courte de ce premier album qui est une réussite.

The B-Sides – The Gaslight Anthem

Après un changement de label et un nouvel album sur Mercury, « Handwritten », voici que leur ancien label Side One Dummy sort une compilation du groupe de New Brunswick.

Les amateurs de ce rock US héroïque musclé et speed, seront surpris par cette compilation qui,  a trois exceptions près, (She Loves You, State Of Love And Trust, et Tumbling Dice – une reprise des Rolling Stone) se compose de titres acoustiques, dépouillés, qui mettent en avant la voix de Brian Fallon.

A l’évidence, Side One Dummy a fouillé dans les tiroirs pour surfer sur l’actualité du groupe. La surprise passée, on retrouve les qualités de The Gaslight Anthem : bonne voix, compositions mélodiques, background folk de ce qu’on ne peut plus qualifier de punk rock tant la formule est rôdée par les groupes qui se sont succédés depuis vingt ans. Loin de leurs albums précédents, cette compilation offre aux fans inconditionnels des titres que d’autres artistes auraient placés sur You Tube. Cet album a le mérite de révéler les rouages d’une musique qui, objectivement, est du folk électrifié. Le disque est plaisant, mais sans surprises, et la recette quelque peu éventée.

On a l’impression sur plusieurs titres de cette compilation d’être plus proches de Bruce Springsteen que de Black Flag, ce qui n’est finalement pas plus mal, mais constitue une preuve supplémentaire que l’effet nouveauté n’agit plus. Pour l’anecdote, le dixième titre, Boxer, est traité façon reggae, avec des chœurs dignes des artistes jamaïcains, et le onzième, Once Upon A Time, sonne gospel. Une bizarrerie qui ne changera pas l’impression de bric et de broc de ce volume de faces B de singles, dont l’acquisition s’avère réservée aux spécialistes.

Bernard Lenoir L’Inrockuptible 2

On se méfie des compilations, mais elles sont un outil indispensable à l’amateur de musique, surtout lorsqu’elles sont réalisées par un personnage aussi indiscutable que Bernard Lenoir. Celle-ci est tout simplement un évènement musical.

Bernard Lenoir fut animateur de radio, et il sut pendant plus de 30 ans donner une place au rock et à la pop sur les ondes FM de France Inter. Ses émissions furent, pour plusieurs générations, un rendez-vous attendu avec fièvre et intérêt pour écouter ce qu’il nomme : « une musique par comme les autres ». Rares sont les personnages des média à avoir une une telle importance pour le public avide de nouveautés anglo-saxonnes, en particulier sur le service public, malgré l’explosion des radios locales et privées. Pour les gens qui ont eu 20 ans dans les années 80, il y eu Feedback de Bernard Lenoir sur la FM et à la télévision Chorus d’Antoine De Caunes, dont on attend encore avec impatience la réédition des archives.

L’auditeur exigeant trouvait chez Bernard Lenoir une source d’information pointue et une playlist au fait de ce qui se faisait en rock et pop. Combien d’entre nous n’ont pas enregistré les émissions sur K7 ? On réécoutait des vieilles K7, et il y  a maintenant cette compilation pour remplacer cet usage semi-illicite. Il ne s’agit pas d’une archive inexploitée, mais d’une sélection de titres qui caractérisent le mieux ses émissions de radio et leur atmosphère. Nous voici prêt, en écoutant ces 2 albums, à plonger dans l’histoire du rock. La première surprise est que ces titres ont bien vieillis, pas mal pour un choix de singles  pop et rock. Cette compil ne sent pas la nostalgie, on redécouvre des groupes d’hier et on prend plaisir à l’écoute de ces deux CD qui comportent des titres qui dans l’ensemble pourraient être sortis en 2013. Ce numéro deux fait bien sûr suite à un numéro un sur lequel figurait des locomotives comme Cure et Joy Division. Sur ce volume deux, pas de locomotives, mais une sélection qu’il suffit d’énumérer pour vous convaincre de l’achat de ce disque : On y  trouve entre autres des singles de  Pulp, The Chameleons, Patatas Fritas, Sonic Youth, Lambshop, Eels , Elliot Smith, Divine Comedy, The Go-Betweens, Supergrass, Aztec Camera, The Charlatans, Felt, Morissey, Lemonheads, Emiliana Torrini, et plus généralement deux heures de musique différente, celle que nous affectionnons à la rédaction d’indiepoprock . Si vous avez aimé notre playlist de 2013, vous aimerez cette compilation historique. A noter une perle rare, le duo Nick Cave et PJ Harvey, qui n’est pas l’un des titres les moins convaincant de cette compil.

On ne peut faire qu’un reproche : le choix des artistes francophones, qui sont représentés de manière discutable par Katherine et Little Rabits, mais dont les titres s’intègrent bien au climat général de ces disques, et on peut argumenter que le rock français n’était pas le propos de l’émission.

Don’t forget who you are – Miles Kane

Après avoir vu en concert à Paris, nous nous sommes attentivement penchés sur le cas Miles Kane : ça tombe bien, il a sorti un deuxième album, qui démontre que le rock anglais se porte bien.

Et plutôt bien, même. Le chanteur-guitariste natif de Birkenhead aligne onze titres efficaces et punchy, avec une évidence mélodique (Don’t Forget Who You AreBetter Than That, Darkness In Our Heart) qui pourrait bien, s’il y a une justice dans ce bas monde, en faire une machine à hits.

Depuis l’échec commercial d’XTC, contre toute attente, on s’interroge sur les notions de pop et de succès. Il n’y a qu’à allumer MTV pour s’en rendre compte. Donc, s’il y a une justice, et si nous nous fions à nos oreilles, cet album devrait faire un malheur dans les charts et être programmé sur MTV. C’est fait pour, soyons lucide, il a le même look que Paul Weller, habitué des charts anglais. Il a surtout un héritage dans ses compositions, toute une histoire qui va de John Lennon (Give Up)  à Oasis (Out of Control), le scooter avec lequel il pose ostensiblement est là pour le rappeler. Cet album, enregistré à Londres et à Liverpool, est parainé justement par Paul Weller et Andy Partridge, d’XTC, chacun co-signant deux titres. Il ne verse dans la Brit Pop que sur un morceau, Out Of Control, seule chanson réhaussée de violons.

Les dix autres titres sont bien rock, avec des guitares  qui ne se cachent pas, des refrains que l’on peut chanter, et une cohérence de groupe qui fait oublier qu’il s’agit d’un projet solo. Miles Kane a su recruter un gang, pas de simples accompagnateurs. C’est d’ailleurs avec ces mêmes musiciens que nous l’avons vu en live en juillet dernier, devant l’Hôtel de Ville de Paris, maitrisant la scène aussi bien qu’il maitrise le studio. Le public de ce festival lui a réservé un bon accueil, et souhaitons à cet album tout le succès qu’il mérite.

We Need Medicine – The Fratellis

Echappant de peu à la séparation, le groupe de Glasgow qui avait fracassé les charts avec « Chelsea Dagger » revient avec un nouvel album plus rock’n’roll que jamais.

Trois ans on passé entre le deuxième album « Here We Stand » et le retour sur scène des Fratellis. Trois ans d’errance, le groupe étant abandonné pour des projets solo du leader Jon Fratelli, qui avait même monté un nouveau groupe, Codeine Velvet Club. Et après une nouvelle série de concerts ensemble, les faux-frères des Fratellis se sont retrouvés en studio pendant trois semaines pour accoucher de ce « We Need Medicine » qui porte haut le flambeau du rock et rassure les amateurs d’énergie et d’électricité.  D’entrée de jeu, le décor est posé par le premier titre  Halloween Blues  et le fil conducteur de cet album est une plongée dans les racines du rock, notamment avec We need Medicine, qui donne son nom à l’album,  et  Jeannie Nitro, très 50’s. Le seul titre « moderne » est le troisième She’s Not Gone Yet But She’s Leaving que nous aurions bien vu en single. Le label BMG a préféré sortir en single Seven Nights Seven Days et son riff de guitare à la Duane Eddy. On continue avec Shotgun Shoes, qui évoque les Rolling Stones, et Whisky Saga et sa guitare à la Eddie Cochran.  Puis on passe à un morceau pop très Kinks,  This Is Not The End Of The World, qui voit un solo de bottleneck  guitar. Arrive ensuite Jeannie Nitro et ses harmonies vocales très réussies et son orgue Farfisa. On note un solo de guitare surprenant.

On retrouve le bottleneck sur le blues We Need Medicine, puis on passe à la seule ballade de cet album aux tempo rapides avec Rock’n’Roll Will Break Your Heart, une pure merveille. L’album se termine par  un morceau  aux accents gospel, Until She Saves My Soul.

Les amateurs de guitare électrique seront comblés par ce disque. Jon Fratelli n’est pas un guitar-hero mais il a le niveau pour figurer dans les magazines pour guitaristes, il a un jeu intéressant bien qu’ultra respectueux des racines. Les Fratellis ne sont pas un éphémère phénomène des charts anglais. S’ils tiennent bon, ils sont là pour longtemps. Ils jouent bien, délivrent de bonnes chansons, ont les pieds ancrés dans les classiques du rock, et font preuve d’une énergie communicative. Cela nous convient.