Strut – Lenny Kravitz

Lenny Kravitz est ce que le public de la TV connait du rock, Chamber est un tube planétaire que vous avez forcément entendu, ne serait-ce qu’au café, et le monsieur n’a pas besoin de nous pour se faire connaitre .

C’est encore un peu l’été, on peut se laisser aller, et regarder de plus près les disques qu’on nous envoie. N’hésitons pas et sortons de nos habitudes : normalement, cet album n’entre pas dans nos attributions, trop grosse machine et pas assez indé. Qui d’autre que lui, à part les Rolling Stones et Aerosmith, brandit l’étendard du rock auprès du grand public ? Mais ce disque fait du bien aux oreilles, pour paraphraser le slogan d’une radio FM où il passe régulièrement. Et ça fait du bien de revenir aux fondamentaux du rock, car Lenny Kravitz maintient vivante une tradition musicale : fortement imprégné de soul-music, il a souvent puisé dans la discographie des années ’70 et ne brillait pas jusqu’à présent par son originalité. Sur cet album, il s’aventure le temps des deux premiers titres sur les pistes de danse (Sex et Chamber) avant de retourner à un rock terriblement efficace et charnel où la seule faute de goût est un sax FM qui nous délivre de temps en temps un solo sans surprise et qui pourrait figurer chez tout autre que lui ( New York City et surtout Frankenstein, qui commençait pourtant bien). Néanmoins, son chant est personnel, et on le reconnait dès qu’il passe en radio sans qu’un animateur ait besoin de le présenter et sans qu’on se pose la question. Il y a un style Lenny Kravitz, qui s’est imposé depuis « Mama said ».

Cet album comprend douze titres, il est donc assez long, on n’a pas le sentiment de s’être fait gruger, et ne contient qu’une fausse ballade, The Pleasure And The Pain, toute en tension jusqu’au refrain. Rien que du massif, sur des tempos moyens. Il n’y a qu’ un titre rapide,  I’m a believer, qui montre que Lenny Kravitz et ses musiciens ne sont pas à l’aise sur ce genre de rythmes et sont plutôt faits pour l’entre deux, où le morceau avance et s’impose comme une évidence décontractée. Nos préférés sont Dirty White BootsStrut et Frankenstein avec son groove des bayous. Avec ce disque, Lenny Kravitz s’impose comme un incontournable du rock vivant et à défaut d’inventer un nouveau son il perfectionne son travail et assoit sa réputation de rocker superstar.

Girls Names – le Batofar ( Paris 13è) – 23 septembre 2014

Indiepoprock proposait de gagner des places pour ce concert au Batofar. Nous en avons profité pour découvrir avec nos lecteurs ce groupe de Belfast, que nous avons vu en live pour la première fois. Quelle ne fut pas notre surprise, après une première partie pop mais insipide, d’entendre du rock’n’roll et de la guitare dans cet endroit. Nous nous sommes pincés pour ne pas nous croire à la Java ou autre lieu de l’underground parisien. Et non, nous étions bien sur le superbe bateau du 13è arrondissement de Paris, où nous avons connu des soirées électro et des sound systems ragga.

Girls Names délivre pourtant en studio du rock indé assez soft et propret, mais là, en concert, il y avait un son plus brut et plus jouissif . Le groupe de Belfast a plusieurs atouts pour plaire : une guitare pleine de reverb, influencé par le surf, ce qui est étonnant de la part d’un groupe indé. Et aussi la voix de Cathal Cully, profonde et mélodique, au timbre qui rappelle sur quelques morceaux du set celle de Morissey sur ses disques en solo qu’il a réalisé après The Smith.

Ces artistes en sont à leur deuxième album « The New Life », sorti en 2013, et nous vous invitons à retourner les voir sur scène et à attendre le prochain CD qui, espérons-le, parviendra à restituer en studio les sensations du live auquel nous venons d’assister, et qui était très prometteur. Nous les préférons, vous l’avez deviné, en concert plutôt que sur disque.

The Day’s War – Lonely The Brave

On attend beaucoup de nos voisins britanniques, qui nous ont habitués à des prouesses musicales et à des périodes riches et créatives. On guette les nouveautés discographiques comme autant de signes de la promesse d’une nouvelle explosion. Au moindre frétillement nous nous mettons en route comme le gouvernement cherche les points de croissance.

Las, point de vague mais des francs-tireurs qui apportent leur pierre à une histoire mouvementée. Il est rare de nos jours d’entendre quelque chose de neuf venant de Grande Bretagne, la tendance étant de revenir aux sources du rock’n’roll, comme le font très bien The Jim Jones Revue et The Fratellis. Mais très peu de groupes proposent une musique différente, électrique, sauvage et originale. On retrouve chez Lonely The Brave le lyrisme et  l’avalanche de guitares des débuts de U2.

Lonely TheBrave est un groupe héroîque , certains trouveront l’ensemble grandiloquent, en tout cas ces 14 titres nous remuent et nous émeuvent. On sent des influences nu-metal, mais elles sont digérées et la ryhtmique est classique sans chercher le crosssover. Ces musiciens de Cambridge viennent probablement du métal, comme nous pouvons le deviner à certaines attitudes sur scène, mais fait du rock british, avec des parties de guitare affranchies du rythm’n’blues et loin du punk et des clichés, traçant leur propre voie comme savaient le faire Public Image Limited, notamment.

Discuter avec leur guitariste est passionnant, c’est lui le moteur du groupe (voir notre interview). On pourra trouver le chant monotone, en tout cas il a sa marque de fabrique et on le reconnaît dès le deuxième titre. Il apporte un élément de cohérence à un album qui cependant ne part pas dans tous les sens et reste fidèle à une ligne directrice, à un son unique et personnel. Lonely The Brave a une forte personnalité, une grosse pêche et cette musique a une âme, un souffle qui nous emporte tout au long de cet album énergique et sophistiqué. Les titres les plus évidents : Trick Of The LightBackroads, Victory Line. Notre préféré: là encore Backroads remporte le prix.