Stiff Little Fingers – le Batofar ( Paris 13è) – 28 novembre 2014

Ce soir-là la petite péniche qu’est le Batofar affichait « complet » , ce qui ne manqua pas de nous surprendre. En effet, vu l’affluence aux concerts punks depuis un an que nous les couvrons pour votre webzine préféré, nous ne nous attendions pas à un tel succès. Stiif Little Fingers connu son heure de gloire au début des années quatre-vingt, et ne devint pas aussi célèbre que son cousin londonien de Clash, qui les a inspiré (c’est Deep Purple qui les a incités à monter un groupe) et dont la musique est très proche (du moins celle des deux premiers albums de Clash). Le groupe reconnait cette influence et rend hommage sur scène au leader du Clash Joe Strummer, en l’honneur de qui ils ont composés une chanson.

Ce qui impressionne chez ce groupe qui donne des concerts depuis 1977, c’est qu’il n’y a pas de baisse de forme et la voix du leader Jake Burns est intacte, pour notre plus grand régal. Seul rescapé de la formation initiale avec le bassiste Alie Mac Mordie, il dirige son monde, introduit les chansons par un commentaire assez long et prend les soli de guitare. Pour décrire leur set, nous dirons qu’il s’agit de punk mélodique, drivé par une voix remarquable et qui est loin des braillards que nous avons pu entendre autrefois. Ce set est plus efficace et percutant que celui de leurs ex-complices de XSLF (l’autre moitié du groupe initial) et ils jouent tous leurs titres phares y compris la reprise du titre du groupe de ska The Specials, It Doesn’t Make It Allright, et terminant le show par Alternative Ulster. Ce concert fut un reflet fidèle du début des années quatre- vingt, où le rock rencontrait le reggae et le ska sans perdre son énergie. Une époque que le public, vu la moyenne d’âge, avait du connaitre !

Car Stiff Little Fingers est connu aussi bien des fans de rock que les fans de ska et ils nous rappellent de bons souvenirs. Courez en profiter tant qu’ils sont en vie, car ils commencent à être agés et si nous avons eu la chance de voir un concert de Joe Strummer à Paris c’était une chance justement !

De tels concerts resteront gravés dans notre mémoire.

Peter Hook And The Light – La Machine Du Moulin Rouge – 07 Octobre 2014

Lorsque nous avons appris par une amie de Montpellier que Peter Hook avait ressorti sa basse et cessé de se produire en tant que DJ pour reprendre la route des salles de concert avec un groupe, nous avons bondi de joie.

En effet, le Monsieur est l’un des bassistes les plus inventifs du rock anglais et ses groupes Joy Division et New Order ont marqué l’histoire de la musique. On pouvait s’attendre à une soirée exceptionnelle. C’est donc le cœur empli d’espérance que nous nous  sommes dirigés vers La Machine Du Moulin Rouge, salle de concert parisienne où il y a le plus long bar de toute la capitale, et qui a pris la place un peu brutalement de la légendaire salle de la Locomotive. Eh bien pendant le concert le bar était vide, un signe qui ne trompe pas. Tout le monde était captivé par le groupe qui se produisait sur scène.

Il faut dire qu’il y avait de quoi : un répertoire composé de reprises de Joy Division , plus de trente ans après le décès du chanteur Ian Curtis auquel Peter Hook rend un hommage évident. Peter Hook entretient la légende de ce groupe majeur de la fin des 70’s  et assure le service après-vente en signant livre sur livre à défaut d’enregistrer de nouveaux disques. La formation qui l’accompagne reproduit fidèlement les morceaux du groupe de Manchester  et permet à Peter Hook de chanter, ce qui est une grande nouveauté, et parfois de jouer de la basse, car, comme sur disque, il y a deux basses, son fils Jake tenant l’instrument et Peter intervenant lors de trop rares instants. Hélas pour les admirateurs de son jeu mélodique et décomplexé, il joue entre les passages chantés et pourrait faire mille fois mieux que ce que nous avons entendu, même si la prestation délivrée tient la route. Ce que nous avons vu ce soir-là, c’est plus un chanteur à la voix sépulcrale reproduisant fidèlement les morceaux de Joy Division pour un public qui ne les a pas vus en live qu’un bassiste hors-norme,  et nous réécouterons pour nous consoler les albums de New Order où son talent explose.

The Datsuns – Le Point Ephémère – 03 Novembre 2014

Si l’on m’avait dit un mois plus tôt que j’irais à un concert de Hard Rock, je ne l’aurais pas cru. Il aura fallu un concours de circonstances pour aller voir The Datsuns sur scène au Point Ephémère.

Signe des temps, le groupe néo-zélandais se produit dans cette toute petite salle du Quai De Valmy, comme un groupe débutant, alors qu’on le verrait bien attaquer les grandes salles. Nous ne nous en plaindrons pas : cela nous a permis d’assister au concert dans d’excellentes conditions que nous n’avons pas dans un Zénith par exemple. Nous avons une chance incroyable de les voir dans un tel lieu, même si on s’interroge sur le succès actuel du rock en tant que tel.

The Datsuns se présentent sur scène avec les cheveux longs et des guitares gibson, et un coup d’œil suffit à se dire qu’on va entendre du Hard-Rock. Ce fut le cas du premier quart du concert, mais Dieu merci le chanteur Dolf De Borst ne braille pas, il a une voix agréable, il chante vraiment et on se demande parfois si ce n’est pas plutôt du Stoner que l’on entend. Le groupe fait du rentre-dedans pendant tout le début du concert puis présente un titre de son nouvel album, qui est plus rock’n’roll et moins daté seventies que ce qu’il nous a fait entendre jusqu’à présent. Il est aussi capable de subtilités et est ce soir-là parfois à la limite du psychédélisme. Nous avons droit à de belles envolées de guitare .Nous nous surprenons à plusieurs reprises à penser à Led Zeppelin, dont le bassiste John Paul Jones a produit le deuxième album de The Datsuns.

Il se situent clairement dans une continuité avec une lignée historique de groupes qui les ont précédés sans avoir les clichés et les défauts du genre. Ce groupe n’est jamais lourdingue,et leur boogie est symphatique. Les deux rappels que leur demandèrent ce soir-là le public furent mérités. Cette musqiue plaît, le public était aux anges et nous avons vu un bon groupe de rock, quoique typé.

The Raveonettes  – Cabaret Sauvage (Paris) – 06 novembre 2014

Mon confrère Didier P. du magazine Soul Bag, à qui j’essayais de faire écouter des CD de rock, me disait : « ce n’est pas que ce n’est pas bien, c’est que ça sonne déjà entendu ». Et bien The Raveonettes sont un bon contre-exemple de ce jugement

S’il est vrai qu’un nombre certain de groupes de rock ne font que reprendre les recettes du passé, qui ont prouvé leur efficacité, The Raveonettes innovent et bousculent les codes. Pour qui cherche à entendre une musique originale et d’aujourd’hui, le groupe Danois se pose là pour répondre à leur demande. Ils sont l’antithèse de The Jim Jones Revue qui fait de la good old times music et ils séduisent immédiatement par leur radicalité. Tant pis s’ils se produisent à trois, Sun Rose Wagner au chant et à la guitare, Sharin Foo au chant et à la guitare, plus un nouveau batteur, le reste des instruments (grosse caisse, basse et clavier) étant préenregistrés (en l’occurrence sur un mac book déclenché par le batteur). Malgré ce minimalisme scénique on tombe sous le charme de cette musique qui ne rappelle rien ni personne. Ce groupe apporte un son nouveau et si leur set est un peu figé on en prend plein les oreilles et ont écouté avec le plus grand plaisir ce qu’ils ont à nous délivrer. Après sept albums, le groupe, qui a joué ce soir-là des titres de leur dernier opus Pe’ahl  sorti cet été sur Beat Dies Records, s’impose comme l’un des groupes importants de notre époque.

The Raveonettes, dans la splendide salle du Cabaret Sauvage, perdue dans le parc de laVilette, m’ont donné à voir et à entendre le plus beau concert de l’année 2014. Décidément cette saison s’ouvre sous de bons auspices.