Babyshambles – Festival Chorus du 92 (Paris-La Défense) – 29 mars 2014

Comme tous les ans nous sommes allés prendre du son plein les oreilles au festival Chorus Des Hauts-de-Seine. Nous y avons vu les Babyshambles sous un chapiteau dressé sur la parvis de la Défense.

Nous ne regretterons pas de nous être déplacés voir les Babyshambles. Ce fut l’un des plus beaux concerts que nous avons vu depuis un an. Malgré quelques défauts que nous énumèrerons plus loin, le groupe assure.

Leur répertoire fait plus que tenir la route, c’est un groupe puissant et solide, avec des morceaux pleins d’énergie. Pourtant Pete Doherty est exaspèrant, il minaude et fait la star, le volume à fond,

Plus fort que les autres musiciens. Il joue le chef et joue de la guitare entre les morceaux, ce qui fait amateur. Le guitariste Mick Withnall, quant à lui, joue faux. Cependant la sauce prend quand même tellement les compositions sont fortes. Le nouveau batteur est bon, et la rythmique basse-batterie ne se contente pas de faire le boulot . Nous avons vu une mauvaise prestation des Babyshambles, et pourtant c’est bien supérieur à de nombreux autres groupes. Bref les Babyshambles sont des branleurs doués, un cran au dessus de biens des groupes de rock actuels. Notons pour ceux qui n’y étaient pas la présence dans le set de deux titres ska, qui sont bien exécutés, mais qui sonnent décalés par rapport au reste du répertoire.

FFF – Le Bataclan (Paris) – 27 mars 2014

La salle était comble ce jeudi soir pour le deuxième concert parisien du comeback de FFF. Après un soir à la Cigale, c’était au tour du Bataclan d’accueillir la reformation de la Fédération Française de Fonck avant leur passage dans les festivals. Par exemple, vous pourrez les voir prochainement lors du festival Solidays dans le bois de Boulogne à Paris si vous les avez ratés cette semaine.

Le public est venu en force et il était conquis, connaissant par cœur les paroles des morceaux de FFF. Force est de constater que FFF est une groupe populaire et suivi par un vrai public.

Néanmoins, notre avis sur ce concert est plus nuancé que celui des spectateurs.

Après une intro spaciale, digne de Star Wars, le show débuta par « le pire et le meilleur » et continua sans interruption jusqu’à l’apothéose que constitua le titre phare du groupe Barbès. Cependant la partie la plus efficace du concert fut le meddley New Funk Generation/ Marco. On connait la réputation de bêtes de scène de ce groupe et l’album live « vivants » nous avait par le passé fortement impressionné. Mais là, on eu droit à un set monotone et laborieux, en tout cas pas à la hauteur de nos attentes. Certes Marco Prince chante divinement bien, il tient bien son pubic, mais le groupe n’a pas au niveau rythmique l’efficacité diabolique des papys du funk qui les ont inspirés et parfois guidés. Pour avoir vu sur scène Georges Clinton, Bootsy Collins et Joseph Modeliste, on voit bien que les anciens ont toujours une longueur d’avance. FFF est resté dix ans sans jouer ensemble et ils n’ont pas progressé, ils ont encore des choses à apprendre de leurs ainés en matière de grooves tueurs.

Piano Ombre – Frànçois & the Atlas Mountains

François And The Atlas Mountains est un groupe français qui vécu en Grande Bretagne, plus précisément à Bristol, patrie du trip hop, de 2003 à 2009, et qui a gardé des connections avec ce pays.

En témoigne sa tournée 2014 qui comporte plus de dates outre-Manche que de ce côté-ci du channel, il est donc intéressant de ce point de vue d’écouter des artistes qui ont baigné dans la culture underground et DIY anglaise et qui ont su intéresser un public de ce pays. Le frontman de ce qui est un groupe depuis ce quatrième album , Francois Marry, est chanteur  et guitariste. Il est aussi  peintre-aquarelliste et ses interviews révèlent un personnage intéressant, qui a des choses à dire et déjà des voyages à raconter.

À la question « est-ce de la pop ou de la chanson française » nous répondons « de la pop, bien sûr ». Si nous avons plus l’habitude d’écouter des groupes qui chantent en anglais, nous sommes quand même séduits par ce « Piano Ombre » qui déroule dix chansons fraîches et aérées, à l’exception du titre qui ouvre l’album, Bois, qui est le seul morceau électro et qui pourrait donner une fausse idée de l’ensemble. Passons sur ce titre et nous entrons dans le vif du sujet avec La Vérité qui est diablement accrocheur et entre dans la tête assez facilement.  Vient ensuite The Way To The Forest avec son refrain en anglais, puis La fille Aux Cheveux De Soie, autre titre fort de cet album, qui débute par une intro au piano et se poursuit par des arrangements de cordes fort agréables. Retour aux guitares avec Summer Of A Heart, qui irritera peut-être par son synthé kitch, puis c’est le tour de La Vie Dure, qui avec ses percussions est le plus afro des titres de « Piano Ombre ». Le titre suivant, Réveil Inconnu, nous fait penser à Air, par sa mélodie entrecoupée de synthétiseurs. À l’écoute de Piano Ombre,  morceau qui donne son nom à l’album, on est pris par le climat dépouillé qui convient aussi bien au chant de François que les arrangements sophistiqués. On revient aux arrangements de groupe avec Fancy Foresight et Bien Sûr, qui clôt l’album.

Les influences de musiques africaines sont discrètes et bien digérées, elles  ne remettent pas en question le format pop de ces chansons et leur couleur particulière donnée par le chant de François Marry.  L’ensemble demande une écoute attentive et prolongée, car cette musique n’utilise pas de grosses ficelles, et est assez délicate et poétique. Plus on l’écoute, plus l’on est charmé. Les textes en français  ne perturbent pas l’auditeur et François sait faire sonner la langue de Molière. Cet opus devrait être bien reçu par le public et la critique.

Bang – Taïni & Strongs

Taïni & Strongs est un groupe lyonnais de power-pop qui se produit sur scène depuis deux ans et revendique les influences de The Kills, David Bowie et The Yeah Yeah Yeahs.

Pour The Kills, nous sommes d’accord, la voix de la chanteuse Ambre rappelle celle d’Alison Mosshart de The Kills. Pour David Bowie, ce doit être une position esthétique car rien dans l’œuvre multiforme du Thin White Duke ne correspond au power-pop.  Pour ce qui est des Yeah Yeah Yeahs, le seul point commun est que les deux groupes ont une chanteuse.

Le power-pop, qui peut se définir comme l’essence de l’efficacité pop, l’alliage de mélodies imparables et de guitares rageuses, sur un tempo rapide en deux minutes trente, suscite notre intérêt à chaque fois que l’on entend cette expression. Mais c’est comme un vieux serpent  de mer de la presse rock, depuis le premier album de The Nerves en 1976, l’épopée Blondie et jusqu’à l’aventure Supergrass. Souvent nos espoirs furent déçus, la promesse étant trop belle. Le rock devrait produire du power-pop à la pelle et malheureusement ce n’est pas le cas.  Et cela dure depuis quarante ans !

Taïni & Strongs placent donc la barre très haut et la promesse est alléchante. Reconnaissons qu’il se tirent  plutôt bien de l’exercice et nous livrent avec « Bang » de belles  émotions rock’nroll. Nous retiendrons les titres Blackout et Schizonphrenic, lequel évoque franchement Blondie pour notre plus grand plaisir. On retiendra aussi Catch Me If You Can pour son refrain addictif. On regrettera la durée trop courte de ce premier album qui est une réussite.