Pigalle – Flip Grater

Pigalle est le nom de l’album, choisi en référence au studio Pigalle, situé à Paris dans le quartier du même nom, où il a été enregistré par une équipe locale. Ce quartier est visité par tous les touristes étrangers et participe de l’image de la capitale. Quand on est Parisien on se demande un peu pour quelle raison, tant il est peu attrayant, mais c’est comme ça.

La chanteuse Néo-Zélandaise Flip Grater, qui doit son pseudonyme au héros du feuilleton Flipper le dauphin, a donc posé ses valises à Paris et elle y a enregistré ce bel album, à la fois acoustique et électrifié, qui prend l’auditeur par surprise. Cette artiste, qui en est à son quatrième opus, gagne avec celui-ci la reconnaissance de la presse et du public : en effet, elle a eu droit à une interview dans le quotidien Libération et à un article dans les Inrocks, et son disque est entré dans les charts US. Il faut dire qu’il y a de quoi : son folk est attachant et sa voix distille une mélancolie douce-amère, dans une atmosphère décrivant ce qu’elle a ressenti lors de ses promenades dans la capitale. C’est donc un carnet d’impressions et de ressenti, une forte charge émotionnelle qu’elle a voulu retranscrire dans ces onze titres.

Il est appréciable de voir ce début de reconnaissance pour une artiste sur laquelle nous avons craqué. Nous ne sommes pas les seuls, ce qui nous rassure, nous qui avons parfois l’impression de lutter dans notre coin pour des musiques de qualité, nous sommes cette fois en phase avec le reste du monde et cela fait du bien au moral.

L’album commence tout en douceur avec The Quit, ballade sur une trame de guitare sèche. Puis on passe à plus d’électricité et de noirceur avec Diggin’ For The Devil, très fort, c’est le titre le plus intense de l’album. Moins sombre, Exit Sign est quand même électrifié. On passe ensuite au kitsch d’Hide and Seek, une valse au piano accompagnée de trompette, amusante sans plus. On revient ensuite à une ballade, Hymns, où les arpèges de guitare sèche sont enrichis de licks de guitare électrique. Même orchestration pour Justin Was A Junkie, une histoire poignante. On enchaine avec My Only Doll, aux accords de guitare électrique, puis on revient à l’acoustique sur les titres qui suivent, Marry Me et The Safety Of The Lights. Sur The Smell Of Strangers on retrouve une batterie et une contrebasse, dont on avait presque oublié l’absence sur le reste de l’album tant il est porté par la voix de Flip Grater. On termine par un duo avec Nicolas Ker, To The Devil, sorte de friandise ou de bonus track, comme on dit en anglais.

Bref cet album est attachant, dépouillé dans ses orchestrations, et la magie opère, même sur des morceaux avec pour seul accompagnement une guitare sèche. On se laisse prendre par l’ambiance et cette voix chaude et envoûtante qui à elle seule rend ce disque captivant.