Ladytron – Time’s Arrow

Le groupe électro-pop de Liverpool nous présente son 7è album.

Le moment est venu d’orienter les projecteurs sur le groupe électro-pop britannique Ladytron. En ce début d’année vient de sortir un nouvel album, leur septième, qui s’intitule « Time’s Arrow ». Sur ce disque, on note un plus gros son, toujours synthétique bien sûr, mais on y retrouve encore ce qui a fait leur charme : des chansons pop, des vocaux distanciés et des nappes de synthétiseurs analogiques. On y trouve aussi ce qui avait été amorcé sur l’album précédent, à savoir des titres évidents comme Misery Remember Me, et surtout The Night, très dansant, ou encore The Dreamers.

Le reste de l’album  passe par des choses plus risquées : Flight From Angkor est de la synth pop  plus intello, Sargasso Sea un titre contemplatif aux belles sonorités instrumentales. Le disque se termine par deux morceaux avec guitare, le très beau California et la chanson de fin qui donne son titre à l’album. Ils pourraient faire tout un album avec une guitare en plus de leurs synthés que cela ne serait pas pour nous déplaire. Ce nouvel album est à la fois bigarré tout en restant dans la même sensibilité. Ladytron est un groupe qui a trouvé son propre langage, en donnant vie à une electro délicate, avec des vocaux légèrement étranges, des basses synthétiques et des nappes planantes. Leur pop nous fait quitter le quotidien, nous évader ailleurs.

Ritual Howls @ Le Supersonic – 09 Février 2023

Gothique un jour, gothique toujours ? Pas sûr, mais cela nous permet aujourd’hui d’apprécier des artistes chez qui on retrouve ce son et ce climat que l’on range dans la darkwave, tel ce groupe de détroit, Ritual Howls, à l’affiche du club Supersonic en ce jeudi soir de février.

Composé de trois membres, le chanteur-guitariste Paul Bancell, le bassiste Ben Sagimah et de Chris Samuels aux machines qui font la drum et les synthés, ce groupe américain a trois albums à son actif, depuis le premier paru en mars 2013.

Dès le premier titre, c’est le nom de The Sisters Of Mercy qui s’impose à nous tant la ressemblance est frappante. Le Supersonic leur a fait un son live quasi-identique : batterie puissante, grosse basse plus une guitare cristalline, une voix sépulcrale et du synthé de temps en temps. C’est carrément une basse avec de la fuzz qui joue sur scène, ce qui bouleverse notre conception de cet instrument. Un son sensiblement différent de celui qu’ils ont sur leur bandcamp, qui est moins typé. Les machines ajoutent une touche électronique qui ne déplaira pas aux habitués de l’électro. Ce que nous avons entendu ce jeudi soir convient aussi bien à un public rock qu’à un public électro, si l’on fait abstraction des préjugés qui peuvent exister malheureusement chez les uns comme chez les autres. Nous qui aimons les musiques électroniques nous apprécions largement cette veine dark que nous trouvons parfois dans le rock. Mais si l’on se dit, oui, bien sûr, c’est du Sister Of Mercy, il y a plus avec justement ce côté électronique et de vraies structures de chansons. On se plait à imaginer Johnny Cash arrangé par des musiciens goths.

Nous allons vous confier une chose : nous avons rêvé d’entendre un tel groupe, cet équilibre entre l’électronique dure des machines et une guitare agile, avec un chant qui tient largement la route. Nous avions entendu des groupes qui s’approchaient de cette formule magique, mais ce concert, c’était le bon.

Buzzcocks – Sonics In The Soul

Groupe punk-rock de la première vague britannique fin des seventies, Les Buzzcocks reviennent avec un dixième album.

Départs et décès de leur leader Pete Shelley n’auront pas altéré leur style fait de chansons  dans une forme punk rock immédiatement reconnaissable. C’est aujourd’hui Steve Diggle, l’un des fondateurs, qui chante et cela ne cause pas de rupture dans le style du groupe. C’est justement une caractéristique de cet album de 2022 : c’est du Buzzcocks. On les retrouve en 2022 avec plaisir même si cela ne va pas bouleverser le paysage musical.

L’album débute par un titre qui semble sortir de l’un de leurs anciens albums. Il est suivi par des morceaux plus pop. Mais, sur les deux autres tiers de l’album, on rompt avec les évidences pour entrer dans du rock britannique de bon aloi. Cela commence avec Bad Dreams, qui ressemble à ce que peut faire Paul Weller, puis avec le très guilleret Nothingless World.

On passe ensuite à un titre plus brutal, carrément garage, qui contraste avec la joliesse du précédent et où les guitares prennent plus de place. Le punk façon Buzzcoks, que l’on retrouve avec Just Don’t Let It Go, tout de rage exprimée. Une deuxième apparition pop-punk, Everything Is Wrong  lui succède et montre leur capacité à varier les plaisirs. Plus surprenant est Expérimental Farm, qui vous fera immanquablement penser à Led Zeppelin

. On retrouve l’inspiration du début de l’album avec Can You Hear Tomorrow. On se laisse emporter à nouveau par cette force british qui nous plait bien. Et avec le dernier morceau de l’album, on est en plein dedans. Venus Eyes, c’est son nom, est proche de ce que peuvent faire des groupes britanniques plus jeunes que nos papys de Manchester, qui nous montrent cependant qu’ils sont encore capable de nous donner un bon disque partagé entre la formule qui les a fait connaitre et du rock solide.

Métro Verlaine – The Funeral Party

Nous avions découvert le groupe post-punk Métro Verlaine par un concert parisien et dans la foulée nous nous étions procuré leur premier album « Cut-Up ». Voici leur deuxième disque qui sort après de nombreuses péripéties.

Métro Verlaine avait bien prévu un deuxième album mais leurs projets ont été comme beaucoup d’artistes mis à mal par l’épidémie de covid et tout ce qui va avec. Malgré cela, Axel et Raphaëlle ont réussi à trouver un label et à composer et enregistrer de quoi faire un album.

Pour cela ils ont écouté longuement The Cure avant de se mettre à composer leurs chansons. Et cela nous donne un album plus convenu que le premier dont la force et l’originalité en font une pièce maitresse du rock français récent. Moins original en effet est ce « The Funeral Party », rock gothique assez référencé.

C’est à Evreux que cet album a été enregistré, par Arthur Guégan. Les textes et la musique sont du guitariste Axel, les mélodies de la chanteuse Raphaëlle.  Ce duo est le noyau du groupe. Leurs textes sont majoritairement en anglais, parfois en français, contrairement au premier album où tout était en français, et nous proposait un penchant littéraire. Ces textes sont rock, c’est indéniable. Métro Verlaine vit sa passion, cela se sent. Et la voix puissante de leur chanteuse véhicule cette passion.

Metro Verlaine nous balancent des morceaux furieux au tempo rapide et avec toute la sophistication du rock gothique. Le troisième titre nous ramène à ce que nous connaissions d’eux, tout comme le suivant, Roller Coster, qui est magnifique. You Tear Me Up ressemble un peu trop à du Cure, Frustration est plus personnel et c’est notre préféré sur cet album. New York City est en français et, clairement, nous aimons Métro Verlaine lorsqu’ils chantent en français, cela nous touche plus. L’album se termine par un titre pour discothèques cependant bien agréable, et un titre qui nous rappelle le groupe The Raveonnettes par son climat et sa guitare.

Cet album est assez varié, plus que le précédent où tout était coulé dans le même moule, certes, mais qui nous avez fait l’effet d’un direct à l’estomac, un effet que nous ne retrouvons que sur quelques titres de ce second opus. Mais cela reste un très bon disque.

Alex Henry Foster and The Long shadows @ Le Zèbre de Belleville – le 03 août 2022

Alex Henri Foster est à la base le front man du groupe canadien alternatif Youri Favorite Ennemies dont on retrouve certains des membres dans ce projet solo sous le nom de The Long Shadows. Mais c’est une toute autre création artistique, qu’il a entreprise en 2018 avec l’album « Windows In The Sky ».

C’est cette création réalisée dans un studio de Tanger au Maroc qu’il nous présentait pour la deuxième fois en France au Zèbre, salle de spectacle de Belleville. Alex Henry Foster nous a captés par l’intensité émotionnelle et la beauté de cette musique qu’on peut qualifier d’atmosphérique. De longues plages (Alex Henry, qui s’exprime dans un français impeccable, emploie le terme de « pièces ») qui laissent la part belle aux instruments avant que le chant incantatoire n’entre en action. Si vous avez auparavant écouté des musiques instrumentales instaurant une ambiance et un climat, vous entrerez facilement dans ce qu’Alex Henry Foster and The Long Shadows nous font entendre.

Les morceaux proposés sont longs, sans pour autant être un jam informelle. Inspirés par le décès du père du chanteur ou la crise du covid, ils délivrent un message humaniste en réponse à des souffrances et des épreuves que tous peuvent vivre ou avoir vécu. Le chant, clair et puissant, nous balance une poésie qui fait appel à l’émotion et cela parlera aux fans de Nick Cave, pour vous donner une référence plus connue.

Alors, si c’est particulier pour la structure des morceaux (car il y en a une), cette musique l’est également au niveau des harmonies et des rythmes. C’est légèrement bruitiste, et le jeu du batteur est fondamental. C’est même ce que nous avons entendu de mieux en jeu de batterie depuis bien longtemps. Le batteur joue comme dans la musique classique occidentale, du tout comme un batteur de rock.

Cela n’est jamais ennuyeux, les musiciens et le chanteur nous tiennent en haleine et nous restons admiratifs de leur capacité à poser un climat et à s’y tenir.

Métro Verlaine @ Le Super Sonic – le 12 juillet 2022

Habituellement le club parisien le Super Sonic propose au public 3 groupes chaque soir. En ce mois de juillet il augmente la cadence avec son festival Restons Sérieux, « beau et bizarre », « à contre-courant », voilà comment il se présente. Concrètement il s’agit de musique en langue française, car dans ce lieu le reste de l’année on chante en anglais et sous un nom anglais, que l’on soit de Bordeaux, de New York ou de Nouvelle Zélande. Au total 25 groupes se produisent pendant 5 jours.

Mais c’est le groupe normand Métro Verlaine que nous sommes venus voir, et ce le premier soir du festival, où ils sont la tête d’affiche. Ils sortent un deuxième album et apparaissent dans la presse musicale. Alors les groupes qui les précèdent sur la scène du Super Sonic ne sont pas mauvais pour autant, cette soirée du mardi était de qualité.

Leur nouvel album marque un changement musical et c’est ces morceaux qu’ils jouent en live, à l’exception de deux anciens titres. Petite déception pour nous car nous aurions aimé en entendre plus que deux. Mais les nouveaux morceaux, s’ils sont différents, moins sombres et plus rapides, nous ont intéressés et agréablement surpris. Ils sont plus énergiques, plus variés au niveau des guitares qui sont désormais deux, moins teintés de noirceur et avec de nouvelles sonorités. Leur premier album était assez monolithique, leur identité artistique était manifeste du début à la fin de l’album et du concert que nous avions vu à l’époque. Là aussi, mais il y a plus de pêche et de saturation, leur son est moins net et ils jouent plus fort. Leur côté sombre inspiré de Joy Division apparait moins dans les nouvelles compositions.

Si cela joue plus en énergie qu’auparavant, ils ont aussi une plus grande présence scénique, peut-être due à l’espace plus restreint de la scène du Super Sonic. Visuellement on pense au groupe The Raveonnettes. La chanteuse du groupe bouge d’une manière plus rock, elle a une voix aussi, et ce que nous voyons ce soir est digne d’un groupe venu d’ailleurs que de France. Métro Verlaine nous scotche autant qu’un bon groupe étranger. Oui, ils sont bons, nos normands post-punk fans de Manchester !

Dalton (ex Les Daltons) @ Les Voutes – le 9 juin 2022

Nous vous avons parlé de ce groupe parisien qui s’appelait alors Les Daltons en 2017, lors de leur série de concerts dans les bars et petits lieux de la capitale. Depuis il y a eu du changement : leur guitariste Serdâr a quitté le groupe qui se retrouve en trio et se définit aujourd’hui dans la catégorie Post-Punk.

Ils proposent toujours au public un rock anguleux avec de très bons textes en français. A force de concerts, ils sont devenus capables de morceaux énergiques, ce qui était flagrant lors de leur passage avant le covid au Club Supersonic, qui a été le point culminant de leur série de concerts sur Paris avec l’ancienne formation. Le côté new-wave ou post-punk était déjà présent de par le bassiste du groupe et ils sont passés d’influences discrètes à une volonté affirmée. Il est désormais manifeste avec cette nouvelle formule qui ne compte plus qu’une seule guitare qui joue des rythmiques effectivement dans le même genre que celles de groupes de la new-wave d’autrefois. Mais leur son est sec et pas plongé dans les effets sonores comme cela pouvait l’être des émules de The Cure et de Talking Heads. Ni punk-rock, ni noisy, ni psychédélique non plus.

Patrick Williams, la figure de proue du groupe, récite ses textes plus qu’il ne les chante et ce qui était une particularité est devenu plus répandu dans le rock depuis 2 ans.

Lorsque nous avons appris les changements dans le groupe, nous nous sommes posé la question de savoir s’ils allaient pouvoir rebondir. Eh bien oui, Dalton n’est plus les Daltons mais est toujours un groupe original et dansant, avec des textes en français qui nous plaisent bien. Cette originalité fait qu’ils ne paraissent pas sortir d’un documentaire sur le rock parisien dans années 80 même s’ils y ont participé à l’époque. Leur bassiste JB a un son terrible et envoie des lignes de basse innovantes, tandis que le batteur lie l’ensemble. Patrick Williams à la guitare et au chant a un jeu rythmique avec des passages dissonants.

La salle des Voutes est un lieu plein de charme situé au sud de Paris, dans une cour-jardin qui permet de boire un verre dans un cadre de nature avant d’entrer au concert. Cette salle aux allures de cave voutée, d’où son nom, donne envie de jouer live.

Special Friend @ Le SuperSonic – 19 Avril 2022

Special Friend est un duo franco-américain, composé de la batteuse Erika Ashleson et du guitariste Guillaume Siracusa. Duo également pour ce qui est du chant, car ils chantent à deux voix, et plutôt bien.

Ils chantent en anglais, sont de la région parisienne et ont enregistré un EP en 2019 et cette année un album intitulé « Ennemi Commun ». Ce qu’ils nous ont proposé ce soir, c’est de l’indie-pop légère aux très belles mélodies et avec son (guitare, batterie) maitrisé, avec une guitare qui occupe l’espace. Alors si c’est dans la même lignée qu’un groupe comme Beach Fossils, leur guitariste Guillaume va plus loin et alterne son clair et son sale. Et les voix qui s’y ajoutent sont très belles.  On trouvera une proximité avec ce que fait un groupe comme Yo La Tengo. Ils posent à partir de la scène une atmosphère relaxante et pleine d’amour. Cette musique ne vous agresse jamais, même quand la guitare passe en son saturé, car celui-ci est chaud et pas criard. Le terme de noisy pop a été employé à leur sujet, mais c’est peut-être un peu excessif.

Depuis sa formation en 2017, le duo écume les salles de la capitale et d’ailleurs. Guettez leur passage, un bon moment d’indie pop authentique ne se refuse pas.

The Funeral Warehouse @ Le Supersonic – 08 Avril 2022

Nous voilà repartis sur Paris pour des concerts après cette épidémie qui nous aura mis dans un drôle d’état pour ce qui est de notre vie sociale et musicale. 100% télétravail, promenade dans les jardins publics, régime végétarien et ouverture à d’autres musiques que le rock, voilà ce qu’aura fait de nous ce covid. Franchement on se demandait si nous reverrions un jour de la musique live et des guitares électriques. C’est donc avec une certaine émotion que nous nous sommes retrouvés à nouveau au club Supersonic pour une affiche qui nous promettait de l’indie et du post-punk. Mais The Funeral Warehouse se situe au-delà des étiquettes. C’est une surprise de taille pour nous que ce groupe parisien qui est formé depuis 2010 et qui a sorti récemment son premier album. Avec ces artistes on ne fait carrément plus la différence à l’oreille entre français et britanniques, ce que nous pressentions. C’est particulièrement vrai ici de ce trio qui a quelque chose de la cold-wave pour ce qui est du climat et de Manchester pour la forme. On pense aussi parfois au rock gothique. Mais ce qui marque le plus c’est la qualité de leurs compositions qui mélangent tout cela avec un pur son, des drums impeccable et un chant qui tient la comparaison avec les british de premier plan. Des confrères ont parlé à leur sujet de produit fini, ce qui nous saemble juste. Ce qu’ils nous donnent à entendre sur scène ou sur album est abouti et sans défauts dans la réalisation. Comment ne pas penser à The Cure en les entendant ? Cela vient des lignes de basse et de leur son cathédrale. C’est d’ailleurs le bassiste du groupe, Aurélien Jobard, qui a mixé leur album qui est disponible sur le net. Pour ce qui est du côté visuel ils sont assez statiques et peu sexy, et leur batteur impose le respect avec sa barbe et son exécution impeccable. Mais musicalement on ne rigole plus. Paris relève la tête.

Alt j – the Dream

Le groupe Alt-J a dans notre pays une notoriété exceptionnelle pour un groupe indépendant. Ce n’est cependant pas la tête de file de quoi que ce soit, car leur musique si particulière leur est propre. Vous me direz que c’est vrai pour tout artiste indé. Alors est-ce que c’est parce que nous les avons entendus souvent sur une radio parisienne, ce qui est rare, que nous les trouvons spéciaux ? Pas uniquement, comme nous allons essayer de vous le faire partager.

Comment décrire la musique de ce cinquième album d’Alt-J ? Point de guitares rageuses ni de batterie martiale chez eux, c’est sûr, même si les drums de cette réalisation ont un son puissant, contrairement à leurs albums précédents. Meilleure production me direz-vous. C’est arrondi et sans rien qui agresse, et n’offre jamais de débordements d’énergie. Rien de changé donc. On ne trouve pas non plus les sons décalés de leur précédent album Relaxer . C’est très soft comme toujours avec Alt-J et leur principal argument, nous insistons ce sont les vocaux qui sont d’une grande beauté. Ce qui leur est propre depuis  An Awesome Wave, leur premier album de 2012, c’est pareil depuis leurs débuts, si ce n’est qu’ils sont moins spontanés et plus travaillés. Cette beauté des vocaux fait partie de leur marque de fabrique, sans le côté un peu foutraque des albums précédents qui a disparu au profit d’une plus grande maîtrise.

Ces vocaux ne sont pas loin de ceux qu’on peut trouver dans la musique folk, à ceci près qu’ils sont accompagnés de claviers doux et autres sons électroniques, même si la guitare n’est pas absente. En tout cas elle n’est pas omniprésente comme sur leur premier opus, ce sont les vocaux qui sont là en permanence. Cette livraison est un album de pop recherchée sans pour autant verser dans les grosses évidences. Ces vocaux sont aussi portés vers l’émotion, même quand un refrain plus formel surgit. A certains moments, et c’est nouveau, c’est au blues que l’on pense, et plus au folk, mais de manière discrète et fugitive. Ne vous attendez pas à un album d’Éric Clapton lorsque nous disons cela. Non, Alt-j en est bien loin, ce sont seulement des traces de blues que l’on trouve dans leurs chansons, ne nous méprenons pas. Et Le chant d’Alt-J vous susurre à l’oreille comme d’habitude.

Ce n’est pas avec la première track de l’album que vous entrerez dans celui-ci. Il vous faudra attendre la deuxième, qui porte le nom d’ « U&ME » et que vous risquez d’entendre sur une radio ou dans une playlist. C’est clair que c’est une chanson qui fait montre d’évidence, et qui est terriblement efficace. Nous l’avions entendue avant de posséder The Dream en CD (oui, notre chroniqueur n’est pas revenu au vinyle !). Le titre qui vient en 3è, « Hard Drive Gold », est lui aussi une track efficace, plus rythmée et dynamique que la précédente, mais tout aussi capable de sortir cet album de chez les spécialistes de l’indé dont Indiepoprock fait partie.

Alors les titres qui viennent après ne sont pas moins bons, ils sont moins faciles, comme ce « Happier When You’re Gone » dont la partie instrumentale est très belle. Néanmoins, le 4è titre, « The Actor », est lui aussi catchy. Nous parlions plus haut de traces de blues, c’est très clair sur ce morceau où la guitare est bien présente.

Le 5è titre est moins facile : rupture d’atmosphère, on est au coin du feu, mais ce n’est pas un problème, on écoutera attentivement les paroles qui s’avancent sur une simple guitare acoustique, et du piano à la fin de cette chanson. Il nous amène habillement au suivant, qui relève carrément de la techno tant par ses sonorités électroniques que par sa construction. Pourtant cela passe très bien et l’enchaînement des chansons qui composent cet album est habile. On est loin de la simple collection de rock songs.

Alors avec le huitième titre, « Philadelphia », on entre dans le sublime arrangé avec des cordes. C’est l’un des grands moments de ce disque. Rare sont les artistes qui réussissent cet exercice, et encore une fois ce sont des britanniques qui nous offrent ce cadeau.

« Walk A Mile », le 9è track, revient au style du début du disque. Nous parlions de vocaux formels et de guitare bluesy, c’est ici que c’est manifeste. Ce n’est pas pour nous déplaire, ce titre est de la pop de grande classe, raffinée, qui passe très bien lorsque l’on a accepté cette proposition artistique. C’est sûr que quelqu’un qui cherche du punk sera déconcerté tellement c’est autre chose !

« Losing My Mind » est un track assez étrange, très froid, où le chanteur répète qu’il perd l’esprit. Ce sont surtout les vocaux traités avec des effets et le son de la drum qui rendent ce morceau étrange plus que le texte. Le mixage est très différent de celui du reste de l’album. Néanmoins cela nous accroche bien.

L’album se termine, par un beau chant, plein d’âme, avec piano et guitare, et une batterie discrète, qui nous dit d’aller au lit car le soir est venu.

Pour résumer nous dirons que c’est un bel album de pop, varié et avec des temps forts, mais toujours de qualité, qui montre qu’ils ont progressé et gagnés en sérénité.

.