Warum Joe – Le Picolo (ST-Ouen)- 02 novembre 2013

Que reste-t-il des années 80 à part les disques et les archives ? Le temps est cruel, les groupes se sont séparés, les salles ont fermé (Fahrenheit, Arapaho, Locomotive, Elysée Montmartre), il n’y a pas grand-chose de stable. Et pourtant, les irréductibles Barrocks continuent depuis 1984 à organiser des concerts dans des bars et autres lieux improbables. Dans une ambiance conviviale et rock’n’roll, ils se sont spécialisés dans le punk-rock et dans une moindre mesure le garage rock.

Ce samedi 02/11/2013 ils programmaient un autre vétéran français du rock, à savoir le groupe synth-punk Warum Joe, formé en 1981. Il est drôle de revoir ces rockers aujourd’hui avec les cheveux gris, délivrer la même musique qu’il y a 10, 20 ou 30 ans. Leur musique repose sur une formule simple : un riff des Ramones, Damned ou même gun Club (sur » Kurt Beat »), une grosse boite à rythme, un synthé vrombissant et des samples intello, une structure couplet –refrain et l’affaire est emballée en 2 :30. Sur cette trame viennent se poser des textes à l’humour noir, intelligents et qui doivent amener le spectateur à la réflexion. Ce qui était des innovations rarissimes est aujourd’hui totalement accepté, la musique ayant intégré la technologie au-delà des expérimentations des pionniers.

Warum Joe, lui , n’a pas bougé de sa ligne, le concert de ce soir aurait pu avoir lieu à une autre époque. Warum Joe a sorti son dernier album en 2003 et depuis se produit une fois de temps en temps dans des petits lieux de l’undergound punk (la miroiterie en 2001), ce soir le bar le Picolo. La salle est pleine, les fans dansent, tout le monde est content de voir ou de revoir une légende vivante.

Le set commence par Datcha, l’un des morceaux les plus polémique du groupe, et l’un de ses plus anciens, et il faut attendre un quart d’heure pour entendre le magnifique EP « Electrolyse » et les titres de l’album de 1984 Tocarre La Verita comme « Le Camionneur ». Rien du splendide album «La Méthode Du Discours » de 1986 . Nous restons sur notre faim malgré l’efficacité du set.

Quelques problèmes de sono, le groupe n’étant pas à l’aise dans un bar, il lui faut des salles de concert et une balance pour être d’équerre. Mais on oubliera ces imperfections pour retenir une soirée sympa, complètement nostalgique et où on retrouvé le passé tel qu’on l’avait laissé, et une version live de nos archives sonores.

En première partie il y avait Jimi Ben Band, un bon groupe de gare rock aux vocaux décalés, et Flying Over, du punk-rock vintage avec guitare Rickenbacker, on adore !

Follow Me Down – Colo Colo

Colo Colo est un ambitieux duo electro-pop Lyonnais, dont le premier disque est à l’image de ce qui se fait actuellement dans ce pays et de ce qui passe sur les ondes FM.

Composé de Martin Duru et Jean-Sébastien Nouveau, il tire son nom d’un club de football chilien et sort avec « Follow Me Down » son premier essai. On peut sans prendre de gros risques dire que cela plaira aux radio, mais pour être cent pour cent électronique, cela à notre avis n’est pas assez rentre-dedans pour des dancefloor habitués à plus dur que cela. Cette musique est légère et  agréable comme des bulles de champagne, même si cela manque cruellement de cuir et de sueur, les mélodies sont là et l’ensemble est plus que sympathique, à défaut d’être rock’n’roll. Marchera, marchera pas ? Cet EP 6 titres vous plaira si vous aimez les synthétiseurs et les belles mélodies, et si MGMT est pour vous le summum des musiques actuelles. Si par contre pour vous « pop » rime avec « guitar song », passez votre chemin et reportez-vous sur Miles Kane.  Oublions les parti-pris et laissons-nous prendre par le charme de ce duo, qui n’en manque pas.  Les influences qu’ils citent ne sont pas usurpées : on peut parler de MGMT pour Follow Me Down et Sticky Hands Off, on passe après à un climat un brin nostalgique sur Eilan’s Oath et un petit côté New Order sur Burning Soul, peut-être à cause de la guitare ténor. On pense également un peu à Daft Punk pour Can’t Wait, mais c’est bien le seul titre qui évoque le duo versaillais.

Pourquoi n’ont-ils pas réalisé tout de suite un album ? La question reste en suspens, ces six compositions étant accrocheuses et très travaillées,  nous ne pouvons que leur souhaiter de trouver leur vitesse de croisière et attendons la suite de leurs aventures avec philosophie.

Uncivilized – Frustration

Malgré l’attitude rebelle, quoi de plus conventionnel que la musique punk ? Certains ont choisi de rénover le style à grands coups d’électro, comme le font Frustration et Aesthetic Terrorist et comme le faisaient autrefois Warum Joe et Charles De Goal.

Si on accepte sans difficultés le principe de mélanger électro et rock, nous émettrons cependant des réserves sur le concept électro-punk, qui semble trop évident et racoleur. Néanmoins, nous ne pouvions pas bouder notre plaisir et ne pas mentionner l’album de Frustration, tant ce groupe est important. Il remplit les salles dans tout l’hexagone avec un public hétéroclite et sans le soutien de la presse.

« Uncivilzed », leur deuxième album, marque la reconnaissance d’un groupe qui arrive, malgré sa formule, à surprendre.  Cela reste du rock, c’est indéniable, là où d’autres se font absorber par l’influence électro pour faire du n’importe quoi. Frustration est loin de la froideur supposée que met en avant sa maison de disques sur le site web du groupe. Au contraire, c’est même assez vivant, notamment ce chant en anglais qui rappelle par moments Basement 5 (worries) plus qu’il ne rappelle  leurs références affichées telles The Fall et Wire.  L’album se termine par un I can’t forget you ‘Joy Divisionesque’ du meilleur effet. Musicalement, on échappe  au  hardcore pour un punk rock maitrisé, avec une  basse agile, des guitares incisives et une batterie minimale. Ultime détail technique : le son de ce disque est excellent, nous entraînant loin de l’amateurisme qu’on pouvait craindre de la part d’un groupe de punk français.

Pour résumer, cet album est bon, intéressant, efficace et mérite que vous lui accordiez votre attention.

Palma Violets – Festival Fnac Live Paris – 18 juillet 2013

L’occasion d’aller écouter Palma Violets était trop belle : un festival gratuit, en plein Paris, juste devant l’hôtel de Ville, par un temps magnifique. Le rock s’écoute-t-il par temps pluvieux ? Non,Non et non, nous ne cultivons pas le spleen et les Palma Violets non plus.

Le début du concert se voulait une entrée fracassante : à notre grand étonnement, le groupe débuta dans un climat garage-rock pas très convaincant. Il fallut attendre qu’ils jouent « Best of friends » pour entendre une mélodie. Tout de suite, ça le faisait mieux. Globalement ce concert ne fut pas complétement décevant, la sauce prenant lorqu’il y a une bonne chanson, et les Palma sont capables d’ écrire des chansons, pas que de faire du boucan. Ils font des efforts pour être bruyant, la basse et la batterie bourrinent, les guitares suivent, le clavier reste étonnement discret. Bref une prestation mi-figue mi raisin, où l’on ne s’ennuie pas, mais où l’on est pas enthousiasmé. Ce jeune groupe ne m’a pas scotché comme l’on fait les ancêtres des Stranglers au printemps 2012 à l’Olympia.

Miles Kane – Festival Fnac Live Paris – 18 juillet 2013

J’étais venu pour les Palma Violets et je suis resté pour Miles Kane. Je ne regrette pas, j’ai été agréablement surpris par le talent du monsieur. Efficace, tel est le mot qui résume ce concert.

Certes, Miles Kane n’a rien inventé, ni le rock anglais, ni les années 60, ni le rythm’n’blues. Mais le dandy mod qui rivalise d’élégance avec Paul Weller sait écrire des pop songs, et la foule reprend en cœur ; ça fonctionne et le public lui réserve un accueil chaleureux. Anciens et nouveaux titres, on ne sent pas la différence et je ne vois pas le temps passer.

Bombay Show Pig – Festival Chorus des Hauts de Seine – 20 avril 2013

La tournée française de Bombay Show Pig débutait par le Festival Chorus des Hauts de Seine, et c’était là l’occasion de voir enfin sur scène ce duo néderlandais improbable, assurant la promo de leur 1er EP français, sorti 5 jours auparavant.

C’est avec quelque inquiétude qu’on se rendait à la Défense ce samedi 20 avril. Et bien, après une heure de retard sur l’horaire annoncé, nous pûmes découvrir cette musique minimale et énergique. Bombay Show Pig fait du rock réduit à sa plus simple expression: une batterie et une guitare, à l’instar des défunts White Stripes. A la différence de ces derniers, les deux musiciens du groupe batave chantent, et ils chantent plutôt bien. On pouvait donc s’attendre à ce que l’exercice du concert soit périlleux : il fallait voir si cette musique qui fonctionne en studio pouvait fonctionner en live. Et bien cela passe la rampe, ça fonctionne bien. le guitariste Mathias Janmaat s’en sort grâce à une pédale de sampling et la batteuse Linda van Leeuwen place ses interventions de synthé sans lâcher le rythme. Les mélodies sont respectées et le minimalisme des moyens n’entache en rien la qualité de leur musique exprimée sur leur album Vulture/ Provider ( qui n’est pas distribué en France pour le moment et disponible pour le lecteur français uniquement sur le site du groupe).

Ce fut un show correct, sans rappel, avec une reprise de Beck, un set électrique, sans les versions acoustiques, où je ne me suis pas ennuyé une seconde, un show vivant (le guitariste saute partout) et un groupe heureux de jouer de la musique, qui sait faire partager sa passion et son énergie. Pour la cinquantaine de spectateurs présents ce soir-là, ce fut un vrai régal.