Buzzcocks – Sonics In The Soul

Groupe punk-rock de la première vague britannique fin des seventies, Les Buzzcocks reviennent avec un dixième album.

Départs et décès de leur leader Pete Shelley n’auront pas altéré leur style fait de chansons  dans une forme punk rock immédiatement reconnaissable. C’est aujourd’hui Steve Diggle, l’un des fondateurs, qui chante et cela ne cause pas de rupture dans le style du groupe. C’est justement une caractéristique de cet album de 2022 : c’est du Buzzcocks. On les retrouve en 2022 avec plaisir même si cela ne va pas bouleverser le paysage musical.

L’album débute par un titre qui semble sortir de l’un de leurs anciens albums. Il est suivi par des morceaux plus pop. Mais, sur les deux autres tiers de l’album, on rompt avec les évidences pour entrer dans du rock britannique de bon aloi. Cela commence avec Bad Dreams, qui ressemble à ce que peut faire Paul Weller, puis avec le très guilleret Nothingless World.

On passe ensuite à un titre plus brutal, carrément garage, qui contraste avec la joliesse du précédent et où les guitares prennent plus de place. Le punk façon Buzzcoks, que l’on retrouve avec Just Don’t Let It Go, tout de rage exprimée. Une deuxième apparition pop-punk, Everything Is Wrong  lui succède et montre leur capacité à varier les plaisirs. Plus surprenant est Expérimental Farm, qui vous fera immanquablement penser à Led Zeppelin

. On retrouve l’inspiration du début de l’album avec Can You Hear Tomorrow. On se laisse emporter à nouveau par cette force british qui nous plait bien. Et avec le dernier morceau de l’album, on est en plein dedans. Venus Eyes, c’est son nom, est proche de ce que peuvent faire des groupes britanniques plus jeunes que nos papys de Manchester, qui nous montrent cependant qu’ils sont encore capable de nous donner un bon disque partagé entre la formule qui les a fait connaitre et du rock solide.

Metz – Atlas Vending

Quatrième album pour Metz.

Ce quatrième album du groupe noise-rock sur le label Sub Pop nous surprend, car nous les avions rangés au rayon des groupes pas indispensables. Or leur livraison 2020 nous met une claque. C’est toujours très bruyant, mais hyper intéressant. Comment font-ils pour obtenir un tel résultat en jouant la carte du chaos musical ? D’abord, ce disque n’est ni joli ni agréable. Et pourtant ce n’est pas non plus quelque chose d’expérimental barré ou un truc ce qui se voudrait avant-gardiste. Non, c’est à part et peu orthodoxe.

L’idée d’une musique bruitiste expérimentale, et utilisant des guitares furieuses, on connaît, demandez à Glen Branca ou Sonic Youth. Peut-on qualifier la musique de Metz de punk-rock ? Disons plutôt qu’elle s’en inspire dans l’esprit, la radicalité. Le groupe a été formé en 2008 au sein de la scène punk d’Ottawa au Canada avant de signer en 2012 sur le prestigieux label Sub Pop pour lequel ils réalisent leur premier album. Ils seront fidèles à ce label jusqu’à aujourd’hui. Et ce nouvel album est emblématique de la maîtrise de leur style.

Metz donne une forme à du dissonant, du bruyant, à partir d’une guitare électrique et d’une batterie qui a la part belle dans leurs morceaux. Les guitares semblent incompréhensibles et pourtant on prend du plaisir à écouter cet album. Les morceaux sont concis, le disque n’est pas facile, il est pourtant passionnant d’un bout à l’autre.

Il commence par un titre sombre, Pulse, qui répète la même guitare pendant que le chanteur déclame son texte. C’est au deuxième morceau, Blind Youth Industrial Park, qu’on entre dans le vif du sujet, et l’on n’est pas déçus. A 100 à l’heure, on enchaîne The Miror, No Ceilling et Hail Taxi, où le guitariste chanteur Alex Edkins donne de lui-même avec une énergie remarquable. Draw Us In, tranche sur les précédents par sa batterie cassée et sa partie de guitare. Mais ça repart juste après ce titre, jusqu’au dernier, A Boat To Drown In, qui est leur single, et qui repose sur une batterie plus conventionnelle, rapide, pendant que la guitare répète inlassablement la même figure.

Nous n’avons pas peur de le dire, cet album est une réussite artistique. En 2020, le rock radical à guitares se porte bien, en voici encore un exemple.

LANE – Pictures of The Century

LANE, initiales de « Love And Noise Experiment », groupe angevin sort son deuxième album. Ce ne sont pas des nouveaux venus, mais d’ex-membres de groupes français respectés et ayant travaillé aux USA, les Thugs (punk no-look) et Daria (rock indépendant), qui se sont lancés dans une nouvelle aventure musicale.

Attention, ce n’est pas un album de hardcore punk, même s’il y a deux-trois titres fast-tempo qui tapent dur, mais quelque chose de plus, conciliant grosse patate et chant mélodique, et qui fait par moments penser aux Pixies, en particulier sur le morceau qui donne son nom à l’album, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Le son est excellent, meilleur que celui de leur premier disque.

Ca commence par Discovery None, qui après une intro dissonante entre dans le vif du sujet et nous fait taper du pied à 100 à l’heure. Mais ils peuvent faire plus rapide, tout en gardant le contrôle, comme nous le montre le titre suivant, Voices, qui va réveiller le punk en vous ! Par contre après cette furia vient un morceau plus sophistiqué, avec de belles parties de guitare et un refrain, So Many Loves, qui est superbe. Baisse de régime avec Electric Thrills, presque une ballade, qui nous emmène dans une certaine tristesse, mais comme dans les films ça se termine bien avec une guitare bien sentie. Après ce passage mélancolique revient un rock rapide comme ils savent le faire. Le chant est un peu étrange, mais ça passe. Plus intéressant est Life As A Sentence, qui, sur une batterie martiale déroule ses arpèges et nous propose une grosse fuzz et un long passage instrumental qui nous plait bien. Retour au punk avec Sing To The Last, mais il y a ce chant si particulier et cette construction du morceau. Bon, c’est du Thugs, clairement. Jeune lecteur, voilà l’occasion de te pencher sur ce groupe français qui a mis tout le monde d’accord à l’époque où il était en activité. Plus original est le morceau Family Life, plus pop, tout en restant teigneux, si on peut oser ce terme. Par contre le texte n’est pas pop, critiquer le Charity Bizness n’est pas grand public. Terrain connu avec le morceau qui lui succède, Black Gloves, qu’on a l’impression d’avoir déjà entendu autrefois. Last Generation, lui, n’est pas du tout surgi du passé, et nous porte vers des paysages et des climats intéressants avec une longue fin instrumentale.

LANE est aussi capable de morceaux lents, ce qui vous laissera le temps de respirer, comme le prouve ce It’s Only Love, qui est tout sauf du punk, même la basse est d’ailleurs. Ce morceau est le plus accessible de ce disque. Par contre, on tombe sur du hardcore avec Lollipop And Candy Cane, qui nous ramène à leur premier album. On termine par une grosse claque avec un morceau magistral tant au niveau du son que de l’inspiration, Pictures Of The Century. C’est la conclusion et elle est sans appel : ils sont bons et nous avons pris plaisir à écouter cet album. Nous espérons qu’il en sera de même pour vous.

Vex et les Wampas – La Cave Dimière – le 24 février 2017

La banlieue parisienne, contrairement à ce que nous indiquent les faits divers, présente de nombreux avantages par rapport au centre-ville. Elle regorge depuis quelques années de salles de concert de bonne qualité, tant au niveau de la sono que de la programmation, salles accessibles par le transilien qui fonctionne plutôt bien.

Nos pas nous ont menés cette fois-ci à Argenteuil, dans le 95, à la Cave Dimière, lieu de musiques actuelles qui nous a été recommandé par un habitant de cette ville qui chronique des disques dans le magazine Soul Bag. On peut même dire qu’en banlieue, on a tout sous la main pour faire de la musique : locaux de répétitions, écoles de musiques, conservatoires comme partout, et salles de concerts. On peut même ne jamais aller à Paris ! Cette construction ininterrompue pendant des décennies est aujourd’hui menacée par des restrictions budgétaires qui amènent des suppressions de subventions. Pourtant la culture et la jeunesse sont des sujets consensuels, contrairement à celui de la police qui fait polémique actuellement. Nous espèrons qu’il en sera de même dans les années à venir.

Ce soir-là nous nous sommes rendus à une soirée spéciale rock alternatif, avec les derniers représentants en région parisienne de ce courant musical si dynamique dans les années 90. Hélas, cette époque est derrière nous, et il n’y a plus que des anciens comme Vex pour bouger dans le secteur !

Vex jouait ce soir là avec un son plus punk que d’habitude, débutant même le set sans leur section de cuivres. Pourtant c’est avec les cuivres qu’on les aime ! Musique énergique métissée, aux influences rock, ska et reggae, avec des textes militants, c’est un cocktail qui avait cours autrefois avec des groupes comme La Mano Negra, Marousse, Ska-P et Les Zuluberlus dont est issu le groupe Vex. Ils nous gratifient de reprises qui indiquent bien leurs références : Somebody Got Murdered de Clash et Moi de Mai de Starshooter. Notre préférence va à leur titre Mal Finir et à son refrain qui nous reste en tête : « tout ça va mal finir » et qui reflète bien les inquiétudes de notre époque.

Les Wampas ont un nouveau guitariste, Eiffello, et sortent un nouvel album, Evangelisti qui est leur 12è. Contrairement à une fausse idée, ce ne sont pas un quelconque groupe punk, même si ce sont de grands fans des Ramones. Ils sont capables d’avoir un vrai son rock’nroll à la Cramps, malgré la contrainte des 3 accords qui est ultra-limitative. Les titres de leur nouveau disque sont excellents, et renouent avec leurs classiques Manu Chao et Rimini. Didier Wampas, quoique retraité, est donc en grande forme. C’est un personnage attachant, et une bête de scène malgré son chant qui en énerve plus d’un. Ses textes sont drôles, parfois pertinents, et on ne s’ennuie pas à leurs concerts. Ils ont rappelé à l’assistance qu’ils répétaient dans cette même ville de banlieue en 1982. Cela ne nous rajeunit pas !

Peter Kernel – le Batofar – 14 décembre 2016

Chose promise, chose due, nous avions raté le groupe suisse Peter Kernel lors de leur passage au festival La Ferme Électrique en juillet 2015, et nous avions écrit que nous irions les voir s’ils passaient par Paris. C’est au Batofar, péniche amarée près de la bibliothèque Mitterand, que nous avons pu les surprendre.

Et bien nous avons vu mieux dans ce même endroit. Le groupe Peter Kernel est frais, fun et sympathique, mais c’est très léger. Ils se définissent comme faisant de l’art-punk, mais nous ne voyons pas le rapport avec le punk si ce n’est le côté amateur et bricolo de ce qu’ils proposent. C’est trop gentil pour être punk, mais si punk veut dire musicalement limité et chanteuse qui crie, c’est réussi. C’est un petit groupe, nous ne trouvons pas d’autre terme pour décrire ce que nous avons vu et entendu. Si leurs clips sont drôles et distrayant, sur scène c’est vraiment trop cheap pour être vraiment expérimental et il ne se passe quelque chose que sur 3 titres dont High Fever. Ce ne fut pas le concert de l’année, loin de là. Pourtant on nous avait conseillé de les voir sur scène. Hélas, si nous ne nous somme pas ennuyé, nous avons subit une vocaliste qui pourrait au moins essayer de chanter. Si cela peut vous rassurer, nous avons entendu pire en live. Cet hiver n’est pas très enthousiasmant et nous attendons avec impatience l’année 2017.

Stiff Little Fingers – le Batofar ( Paris 13è) – 28 novembre 2014

Ce soir-là la petite péniche qu’est le Batofar affichait « complet » , ce qui ne manqua pas de nous surprendre. En effet, vu l’affluence aux concerts punks depuis un an que nous les couvrons pour votre webzine préféré, nous ne nous attendions pas à un tel succès. Stiif Little Fingers connu son heure de gloire au début des années quatre-vingt, et ne devint pas aussi célèbre que son cousin londonien de Clash, qui les a inspiré (c’est Deep Purple qui les a incités à monter un groupe) et dont la musique est très proche (du moins celle des deux premiers albums de Clash). Le groupe reconnait cette influence et rend hommage sur scène au leader du Clash Joe Strummer, en l’honneur de qui ils ont composés une chanson.

Ce qui impressionne chez ce groupe qui donne des concerts depuis 1977, c’est qu’il n’y a pas de baisse de forme et la voix du leader Jake Burns est intacte, pour notre plus grand régal. Seul rescapé de la formation initiale avec le bassiste Alie Mac Mordie, il dirige son monde, introduit les chansons par un commentaire assez long et prend les soli de guitare. Pour décrire leur set, nous dirons qu’il s’agit de punk mélodique, drivé par une voix remarquable et qui est loin des braillards que nous avons pu entendre autrefois. Ce set est plus efficace et percutant que celui de leurs ex-complices de XSLF (l’autre moitié du groupe initial) et ils jouent tous leurs titres phares y compris la reprise du titre du groupe de ska The Specials, It Doesn’t Make It Allright, et terminant le show par Alternative Ulster. Ce concert fut un reflet fidèle du début des années quatre- vingt, où le rock rencontrait le reggae et le ska sans perdre son énergie. Une époque que le public, vu la moyenne d’âge, avait du connaitre !

Car Stiff Little Fingers est connu aussi bien des fans de rock que les fans de ska et ils nous rappellent de bons souvenirs. Courez en profiter tant qu’ils sont en vie, car ils commencent à être agés et si nous avons eu la chance de voir un concert de Joe Strummer à Paris c’était une chance justement !

De tels concerts resteront gravés dans notre mémoire.

Radkey  – La Maroquinerie (Paris Ménilmontant) – 16 juin 2014

Radkey est un groupe de punk rock originaire de St-Joseph dans le Missouri. Il met à mal la concurrence par plusieurs facteurs. Premièrement, et c’est ce qui frappe au premier abord, leur jeune âge. Les kids de Radkey ont 17 ans et viennent de quitter l’école. Là où des groupes punks rament depuis des années dans un circuit parallèle, Radkey déboule avec sa jeunesse et captive par sa qualité musicale. Ensuite, la force de leurs vocaux : les Radkey ont de belles voix qui sont mises en relief sur leurs enregistrement studio et qui sortent bien en concert.

Ce soir-là à la Maroquinerie ils ont fait preuve de leurs dons musicaux et ont tenus la scène. Certes ils n’en sont qu’à leurs débuts et manquent d’heures de vol, mais le show était probant et le public leur a réservé un bon accueil. C’était touchant de voir ces trois gamins jouer sur la scène de la Maroquinerie un répertoire qui sans être original est de qualité. Cela donne envie de ne plus accepter de voir de vieux groupes punk quand des kids peuvent faire aussi bien que les anciens.

Bref Radkey envoie à la retraite la concurrence.  Ce n’est pas un nouveau Nirvana, mais une pointure du punk rock que nous avons découvert ce lundi, jour habituel de relâche dans les spectacles, mais les punks ne font pas comme les autres.

Warum Joe – Le Picolo (ST-Ouen)- 02 novembre 2013

Que reste-t-il des années 80 à part les disques et les archives ? Le temps est cruel, les groupes se sont séparés, les salles ont fermé (Fahrenheit, Arapaho, Locomotive, Elysée Montmartre), il n’y a pas grand-chose de stable. Et pourtant, les irréductibles Barrocks continuent depuis 1984 à organiser des concerts dans des bars et autres lieux improbables. Dans une ambiance conviviale et rock’n’roll, ils se sont spécialisés dans le punk-rock et dans une moindre mesure le garage rock.

Ce samedi 02/11/2013 ils programmaient un autre vétéran français du rock, à savoir le groupe synth-punk Warum Joe, formé en 1981. Il est drôle de revoir ces rockers aujourd’hui avec les cheveux gris, délivrer la même musique qu’il y a 10, 20 ou 30 ans. Leur musique repose sur une formule simple : un riff des Ramones, Damned ou même gun Club (sur » Kurt Beat »), une grosse boite à rythme, un synthé vrombissant et des samples intello, une structure couplet –refrain et l’affaire est emballée en 2 :30. Sur cette trame viennent se poser des textes à l’humour noir, intelligents et qui doivent amener le spectateur à la réflexion. Ce qui était des innovations rarissimes est aujourd’hui totalement accepté, la musique ayant intégré la technologie au-delà des expérimentations des pionniers.

Warum Joe, lui , n’a pas bougé de sa ligne, le concert de ce soir aurait pu avoir lieu à une autre époque. Warum Joe a sorti son dernier album en 2003 et depuis se produit une fois de temps en temps dans des petits lieux de l’undergound punk (la miroiterie en 2001), ce soir le bar le Picolo. La salle est pleine, les fans dansent, tout le monde est content de voir ou de revoir une légende vivante.

Le set commence par Datcha, l’un des morceaux les plus polémique du groupe, et l’un de ses plus anciens, et il faut attendre un quart d’heure pour entendre le magnifique EP « Electrolyse » et les titres de l’album de 1984 Tocarre La Verita comme « Le Camionneur ». Rien du splendide album «La Méthode Du Discours » de 1986 . Nous restons sur notre faim malgré l’efficacité du set.

Quelques problèmes de sono, le groupe n’étant pas à l’aise dans un bar, il lui faut des salles de concert et une balance pour être d’équerre. Mais on oubliera ces imperfections pour retenir une soirée sympa, complètement nostalgique et où on retrouvé le passé tel qu’on l’avait laissé, et une version live de nos archives sonores.

En première partie il y avait Jimi Ben Band, un bon groupe de gare rock aux vocaux décalés, et Flying Over, du punk-rock vintage avec guitare Rickenbacker, on adore !