Ritual Howls @ Le Supersonic – 09 Février 2023

Gothique un jour, gothique toujours ? Pas sûr, mais cela nous permet aujourd’hui d’apprécier des artistes chez qui on retrouve ce son et ce climat que l’on range dans la darkwave, tel ce groupe de détroit, Ritual Howls, à l’affiche du club Supersonic en ce jeudi soir de février.

Composé de trois membres, le chanteur-guitariste Paul Bancell, le bassiste Ben Sagimah et de Chris Samuels aux machines qui font la drum et les synthés, ce groupe américain a trois albums à son actif, depuis le premier paru en mars 2013.

Dès le premier titre, c’est le nom de The Sisters Of Mercy qui s’impose à nous tant la ressemblance est frappante. Le Supersonic leur a fait un son live quasi-identique : batterie puissante, grosse basse plus une guitare cristalline, une voix sépulcrale et du synthé de temps en temps. C’est carrément une basse avec de la fuzz qui joue sur scène, ce qui bouleverse notre conception de cet instrument. Un son sensiblement différent de celui qu’ils ont sur leur bandcamp, qui est moins typé. Les machines ajoutent une touche électronique qui ne déplaira pas aux habitués de l’électro. Ce que nous avons entendu ce jeudi soir convient aussi bien à un public rock qu’à un public électro, si l’on fait abstraction des préjugés qui peuvent exister malheureusement chez les uns comme chez les autres. Nous qui aimons les musiques électroniques nous apprécions largement cette veine dark que nous trouvons parfois dans le rock. Mais si l’on se dit, oui, bien sûr, c’est du Sister Of Mercy, il y a plus avec justement ce côté électronique et de vraies structures de chansons. On se plait à imaginer Johnny Cash arrangé par des musiciens goths.

Nous allons vous confier une chose : nous avons rêvé d’entendre un tel groupe, cet équilibre entre l’électronique dure des machines et une guitare agile, avec un chant qui tient largement la route. Nous avions entendu des groupes qui s’approchaient de cette formule magique, mais ce concert, c’était le bon.

Alex Henry Foster and The Long shadows @ Le Zèbre de Belleville – le 03 août 2022

Alex Henri Foster est à la base le front man du groupe canadien alternatif Youri Favorite Ennemies dont on retrouve certains des membres dans ce projet solo sous le nom de The Long Shadows. Mais c’est une toute autre création artistique, qu’il a entreprise en 2018 avec l’album « Windows In The Sky ».

C’est cette création réalisée dans un studio de Tanger au Maroc qu’il nous présentait pour la deuxième fois en France au Zèbre, salle de spectacle de Belleville. Alex Henry Foster nous a captés par l’intensité émotionnelle et la beauté de cette musique qu’on peut qualifier d’atmosphérique. De longues plages (Alex Henry, qui s’exprime dans un français impeccable, emploie le terme de « pièces ») qui laissent la part belle aux instruments avant que le chant incantatoire n’entre en action. Si vous avez auparavant écouté des musiques instrumentales instaurant une ambiance et un climat, vous entrerez facilement dans ce qu’Alex Henry Foster and The Long Shadows nous font entendre.

Les morceaux proposés sont longs, sans pour autant être un jam informelle. Inspirés par le décès du père du chanteur ou la crise du covid, ils délivrent un message humaniste en réponse à des souffrances et des épreuves que tous peuvent vivre ou avoir vécu. Le chant, clair et puissant, nous balance une poésie qui fait appel à l’émotion et cela parlera aux fans de Nick Cave, pour vous donner une référence plus connue.

Alors, si c’est particulier pour la structure des morceaux (car il y en a une), cette musique l’est également au niveau des harmonies et des rythmes. C’est légèrement bruitiste, et le jeu du batteur est fondamental. C’est même ce que nous avons entendu de mieux en jeu de batterie depuis bien longtemps. Le batteur joue comme dans la musique classique occidentale, du tout comme un batteur de rock.

Cela n’est jamais ennuyeux, les musiciens et le chanteur nous tiennent en haleine et nous restons admiratifs de leur capacité à poser un climat et à s’y tenir.

Métro Verlaine @ Le Super Sonic – le 12 juillet 2022

Habituellement le club parisien le Super Sonic propose au public 3 groupes chaque soir. En ce mois de juillet il augmente la cadence avec son festival Restons Sérieux, « beau et bizarre », « à contre-courant », voilà comment il se présente. Concrètement il s’agit de musique en langue française, car dans ce lieu le reste de l’année on chante en anglais et sous un nom anglais, que l’on soit de Bordeaux, de New York ou de Nouvelle Zélande. Au total 25 groupes se produisent pendant 5 jours.

Mais c’est le groupe normand Métro Verlaine que nous sommes venus voir, et ce le premier soir du festival, où ils sont la tête d’affiche. Ils sortent un deuxième album et apparaissent dans la presse musicale. Alors les groupes qui les précèdent sur la scène du Super Sonic ne sont pas mauvais pour autant, cette soirée du mardi était de qualité.

Leur nouvel album marque un changement musical et c’est ces morceaux qu’ils jouent en live, à l’exception de deux anciens titres. Petite déception pour nous car nous aurions aimé en entendre plus que deux. Mais les nouveaux morceaux, s’ils sont différents, moins sombres et plus rapides, nous ont intéressés et agréablement surpris. Ils sont plus énergiques, plus variés au niveau des guitares qui sont désormais deux, moins teintés de noirceur et avec de nouvelles sonorités. Leur premier album était assez monolithique, leur identité artistique était manifeste du début à la fin de l’album et du concert que nous avions vu à l’époque. Là aussi, mais il y a plus de pêche et de saturation, leur son est moins net et ils jouent plus fort. Leur côté sombre inspiré de Joy Division apparait moins dans les nouvelles compositions.

Si cela joue plus en énergie qu’auparavant, ils ont aussi une plus grande présence scénique, peut-être due à l’espace plus restreint de la scène du Super Sonic. Visuellement on pense au groupe The Raveonnettes. La chanteuse du groupe bouge d’une manière plus rock, elle a une voix aussi, et ce que nous voyons ce soir est digne d’un groupe venu d’ailleurs que de France. Métro Verlaine nous scotche autant qu’un bon groupe étranger. Oui, ils sont bons, nos normands post-punk fans de Manchester !

Dalton (ex Les Daltons) @ Les Voutes – le 9 juin 2022

Nous vous avons parlé de ce groupe parisien qui s’appelait alors Les Daltons en 2017, lors de leur série de concerts dans les bars et petits lieux de la capitale. Depuis il y a eu du changement : leur guitariste Serdâr a quitté le groupe qui se retrouve en trio et se définit aujourd’hui dans la catégorie Post-Punk.

Ils proposent toujours au public un rock anguleux avec de très bons textes en français. A force de concerts, ils sont devenus capables de morceaux énergiques, ce qui était flagrant lors de leur passage avant le covid au Club Supersonic, qui a été le point culminant de leur série de concerts sur Paris avec l’ancienne formation. Le côté new-wave ou post-punk était déjà présent de par le bassiste du groupe et ils sont passés d’influences discrètes à une volonté affirmée. Il est désormais manifeste avec cette nouvelle formule qui ne compte plus qu’une seule guitare qui joue des rythmiques effectivement dans le même genre que celles de groupes de la new-wave d’autrefois. Mais leur son est sec et pas plongé dans les effets sonores comme cela pouvait l’être des émules de The Cure et de Talking Heads. Ni punk-rock, ni noisy, ni psychédélique non plus.

Patrick Williams, la figure de proue du groupe, récite ses textes plus qu’il ne les chante et ce qui était une particularité est devenu plus répandu dans le rock depuis 2 ans.

Lorsque nous avons appris les changements dans le groupe, nous nous sommes posé la question de savoir s’ils allaient pouvoir rebondir. Eh bien oui, Dalton n’est plus les Daltons mais est toujours un groupe original et dansant, avec des textes en français qui nous plaisent bien. Cette originalité fait qu’ils ne paraissent pas sortir d’un documentaire sur le rock parisien dans années 80 même s’ils y ont participé à l’époque. Leur bassiste JB a un son terrible et envoie des lignes de basse innovantes, tandis que le batteur lie l’ensemble. Patrick Williams à la guitare et au chant a un jeu rythmique avec des passages dissonants.

La salle des Voutes est un lieu plein de charme situé au sud de Paris, dans une cour-jardin qui permet de boire un verre dans un cadre de nature avant d’entrer au concert. Cette salle aux allures de cave voutée, d’où son nom, donne envie de jouer live.

Special Friend @ Le SuperSonic – 19 Avril 2022

Special Friend est un duo franco-américain, composé de la batteuse Erika Ashleson et du guitariste Guillaume Siracusa. Duo également pour ce qui est du chant, car ils chantent à deux voix, et plutôt bien.

Ils chantent en anglais, sont de la région parisienne et ont enregistré un EP en 2019 et cette année un album intitulé « Ennemi Commun ». Ce qu’ils nous ont proposé ce soir, c’est de l’indie-pop légère aux très belles mélodies et avec son (guitare, batterie) maitrisé, avec une guitare qui occupe l’espace. Alors si c’est dans la même lignée qu’un groupe comme Beach Fossils, leur guitariste Guillaume va plus loin et alterne son clair et son sale. Et les voix qui s’y ajoutent sont très belles.  On trouvera une proximité avec ce que fait un groupe comme Yo La Tengo. Ils posent à partir de la scène une atmosphère relaxante et pleine d’amour. Cette musique ne vous agresse jamais, même quand la guitare passe en son saturé, car celui-ci est chaud et pas criard. Le terme de noisy pop a été employé à leur sujet, mais c’est peut-être un peu excessif.

Depuis sa formation en 2017, le duo écume les salles de la capitale et d’ailleurs. Guettez leur passage, un bon moment d’indie pop authentique ne se refuse pas.

The Funeral Warehouse @ Le Supersonic – 08 Avril 2022

Nous voilà repartis sur Paris pour des concerts après cette épidémie qui nous aura mis dans un drôle d’état pour ce qui est de notre vie sociale et musicale. 100% télétravail, promenade dans les jardins publics, régime végétarien et ouverture à d’autres musiques que le rock, voilà ce qu’aura fait de nous ce covid. Franchement on se demandait si nous reverrions un jour de la musique live et des guitares électriques. C’est donc avec une certaine émotion que nous nous sommes retrouvés à nouveau au club Supersonic pour une affiche qui nous promettait de l’indie et du post-punk. Mais The Funeral Warehouse se situe au-delà des étiquettes. C’est une surprise de taille pour nous que ce groupe parisien qui est formé depuis 2010 et qui a sorti récemment son premier album. Avec ces artistes on ne fait carrément plus la différence à l’oreille entre français et britanniques, ce que nous pressentions. C’est particulièrement vrai ici de ce trio qui a quelque chose de la cold-wave pour ce qui est du climat et de Manchester pour la forme. On pense aussi parfois au rock gothique. Mais ce qui marque le plus c’est la qualité de leurs compositions qui mélangent tout cela avec un pur son, des drums impeccable et un chant qui tient la comparaison avec les british de premier plan. Des confrères ont parlé à leur sujet de produit fini, ce qui nous saemble juste. Ce qu’ils nous donnent à entendre sur scène ou sur album est abouti et sans défauts dans la réalisation. Comment ne pas penser à The Cure en les entendant ? Cela vient des lignes de basse et de leur son cathédrale. C’est d’ailleurs le bassiste du groupe, Aurélien Jobard, qui a mixé leur album qui est disponible sur le net. Pour ce qui est du côté visuel ils sont assez statiques et peu sexy, et leur batteur impose le respect avec sa barbe et son exécution impeccable. Mais musicalement on ne rigole plus. Paris relève la tête.

The Jackets – Le Supersonic – 01 novembre 2019

Après de trop longues vacances nous avons trouvé de quoi nous mettre sous la dent question concerts rock. Nous sommes allés voir cette fois-ci le groupe suisse de garage rock The Jackets, originaire de la ville de Berne, dans le sympathique club de Bastille le Supersonic. Nous attendions impatiemment de les voir passer par Paris et nous n’avons pas été déçus. Alors comment vous décrire leur musique ? C’est du rock primaire, simple et efficace, basé sur des riffs de guitare fuzz. La batterie n’est pas en reste, le gars a un jeu sec et nerveux. Première surprise, ils ont joué à fort volume, ce qui est incroyable à Paris aujourd’hui ! Sans raconter de fable, on peut dire qu’ils ont de l’énergie à revendre.

Ils existent depuis 2008, ont plusieurs albums à leur actif mais personne ne nous en avait parlé dans notre entourage avant d’aller faire un tour dans des concerts de garage rock.

Le reproche qu’on pourrait faire à ce concert est que tous les morceaux se ressemblent, depuis le Keep Yourself Alive qui ouvrit le set jusqu’aux deux rappels demandés par un public conquis, en passant par l’hilarant Wasting My Time, qu’ils ont joué rien que pour nous (je plaisante). Ils ont un morceau qui s’appelle Freak Out, et c’est bien le mot d’ordre de cette soirée. Leur chanteuse guitariste Jackie Brutsche a le même costume et le même maquillage en live que dans leurs vidéo clips. On adore ! Il est clair qu’ils sont là pour le fun et le rock, leur musique n’a rien de contemplatif. Une autre surprise, c’est que leur chanteuse a une voix puissante, ce que nous n’avions pas remarqué avant ce soir.

Ce groupe fait partie de nos craqueries rock’n’roll qui sont assez peu nombreuses pour ne pas abuser de votre patience, cher lecteur ;

Baby Shakes – Le Supersonic– le 23 juillet 2019

Voici les vacances, même si certains d’entre nous restent en ville. Nous vous proposons donc une ambiance d’été avec les Baby Shakes, groupe de garage-punk fun comme une promenade le long de la plage.

Ce sont trois filles et un batteur  originaires de New-York et qui plairont à la fois aux fans des Ramones et aux amateurs de rock’n’roll années 50. Car c’est complètement fifties, même si les guitares sont punks. Les vocaux sont acidulés et légers et la guitariste soliste envoie des phrases courtes bien traditionnelles. Elles sont à l’aise sur scène, elles se marrent bien et sont manifestement contentes d’être là. Elles se  fendent même d’un instrumental surf absolument excellent. C’est tout sauf de la musique expérimentale, ce qu’elles font est complètement classique mais comment c’est bon ! Et cela sonne complètement juste.

Le concert commence par un titre rentre-dedans, Do What You Want et continue dans la même veine du début à la fin, à part nous l’avons dit une parenthèse surf.

Nous avons donc découvert à cette occasion un autre groupe pour ne pas se prendre la tête et qui nous permet de passer de bons moments.

Soirée Les Zuluberlus – La Dame de Canton – le 09 juillet 2019

Les Zuluberlus sont un collectif musical et politisé ( de gauche ) de Colombes (Hauts-De-Seine) qui s’est formé à partir d’un groupe de rock du même nom. Ce mardi soir, ils présentaient sur une péniche-restaurant parisienne les artistes dont s’occupe le collectif.

Ça commence par du reggae tropical avec le groupe Kaofonic pour passer à du rock français avec le groupe Vex, et ça se termine en rap avec Julien « Doolayz ». Dans les trois cas c’est tout sauf mauvais.

Kaofonic ne sont pas vraiment un groupe de jeunes mais la chanteuse Cathy est encore en forme. Ils naviguent entre reggae, ska et musique antillaise, ce qui n’est pas nouveau dans ce coin d’Ile De France. Certes il y a plus puissant, mais cela ne sonne pas amateur.

Avec Vex on trouve du rock militant, et ils jouent à un volume sonore que nous n’avions plus l’habitude d’entendre. Ils sont dans la veine rock de la fin des seventies, et ils reprennent d’ailleurs un titre de Starshooter, Mois de Mai, et un de The Clash dont ils sont fans. Nous les avions vus en première partie des Wampas dans une salle de banlieue avec une section de cuivres, dorénavant remplacés par un saxophoniste bien présent, et ça le fait bien.

La surprise de la soirée, pour nous, ce fut le rappeur Doolayz, car dans cet art il est plutôt bon, et ses lyrics sont intéressants. Son originalité est d’être accompagné par des musiciens et non par des machines ou un DJ. Et ça joue très bien, leur guitariste est technique et les harmonies sont riches. C’est donc du hip-hop fait avec des instruments de musique, ce qui est un pari audacieux, mais qui sonne très bien.

Reggae, rock et rap, c’est Colombes Style, pas très étonnant pour les personnes qui ont fréquenté les concerts de cette ville, mais c’est une proposition qui n’est pas si courante mis à part dans les grands festivals.

Faces On TV – Pop-Up Du Label – 30/05/19

C’est avec plaisir que nous avons retrouvé la salle de la rue Abel cette fois-ci pour y entendre du trip-hop continental venu de Belgique.

Faces On Tv, c’est avant tout Jasper Maekelberg, qui sur scène chante et joue de la guitare, mais pas sur tous les morceaux. Il était accompagné à Paris par un bassiste, un batteur avec un gros son amplifié et d’une fille au clavier qui chante également, et plutôt bien. De toute façon, les vocaux sont soignés, les deux voix se mélangeant habilement.
Nous voici donc dans un climat chaud et enfumé (même si personne ne fumait dans la salle, mais bon, c’est du trip-hop !) qui nous change des assauts de guitares. L’ensemble est pop et les beats sont lourds, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Jasper ne fait pas grand-chose à la guitare, il joue des parties simples, mais il faut dire qu’il chante en même temps ! Sur la longueur le set est cohérent et se déroule bien, si ce n’est qu’un morceau se détache du lot et il est le seul à nous avoir fait chavirer, c’est la chanson Love / Dead que nous vous conseillons. S’il y a une justice, elle devrait faire un malheur et devenir un classique dans votre collection de disques. C’est une tuerie ! Donc une soirée de bon ton, avec un bon son qui a parfois un côté dub. Il y avait quand même de l’indie-pop au programme avec la première partie du jeune Raymond Amour. Un nom dans l’air du temps, une musique sympa avec de la vraie guitare dedans !