Sonic Boom – All Things Being Equal

Peter Kember, est un musicien et producteur britannique (MGMT, Panda Bear) qui a été membre de groupes (Spacemen 3, Spectrum et Experimental Audio Research) et qui fait des trucs tout seul sous le nom de Sonic Boom.

Il aura fallu attendre 31 ans pour que Peter Kember revienne aux affaires sous le nom de Sonic Boom. Un disque que certains diront expérimental, mais qui est surtout très anglais. Et ce que Peter Kember fait avec des machines, d’autres, dans cette île connue pour sa musique pop-rock, le font avec des guitares et une batterie.

On a donc affaire à un album accessible, fait de mélodies enfantines jouées au synthétiseur, d’un chant maitrisé, avec un beau timbre de voix médium même lorsqu’il se contente de réciter un texte sur des boucles. Le son est limpide et n’a rien d’agressif ni de distordu. On peut l’écouter en terrasse ou sur la plage derrière des lunettes de soleil par ce temps d’été.

L’album commence par Just Imagine, un titre qui n’est pas loin de Kraftwerk. C’est ultra-répétitif et la mélodie rentre bien dans la tête. Vient ensuite un titre avec des sons gargouillants de synthé, et une belle voix, qui porte le nom de Just A Little Piece Of Me. Nous aimons ! Things Like This, qui arrive en 3è sur ce disque, swingue terriblement pour de la musique électronique, on dirait un morceau des années 50-60 en version électronique. Plus expérimental est Spinning Coins And Wishing On Clovers, où Peter Kember récite un texte sur de l’ambiant, et ça passe, c’est captivant. Bon, peut-être parce que ce n’est pas comme ça sur tout l’album, non plus car tout le monde n’est pas prêt à écouter tout un album d’ambiant ou à pratiquer la relaxation par la musique, comme l’ont fait des chercheurs qui ont inspiré les Chill-Out des soirées techno qui permettaient au public de connaitre un moment de calme et aux consommateurs de drogues de récupérer.

Le morceau On A Summer’s Day, de circonstance, est lui plus limite. Ses sonorités asiatiques le rendent un peu barré, un peu pénible sur la longueur. Voix au vocodeur, basse synthétique et mélodie lead, Tawkin Tekno, qui lui succède, sonne plus old-school, mais ça ne fait pas de mal de revenir en terrain connu. I Can See Light Bend, lui, renoue avec une certaine complexité, intriguant par l’enchevêtrement de textures triturées, sans céder à la facilité de rajouter des beats par-dessus. C’est superbe ! Avec I feel a Change Comin On, on revient à la manière du début, avec un côté plus rock, que ce soit dans le chant ou les sons utilisés. Au final, on obtient un album bigarré, en équilibre entre passé et présent. Un disque bilan, mais sans nostalgie ni hermétisme expérimental.

LANE – Pictures of The Century

LANE, initiales de « Love And Noise Experiment », groupe angevin sort son deuxième album. Ce ne sont pas des nouveaux venus, mais d’ex-membres de groupes français respectés et ayant travaillé aux USA, les Thugs (punk no-look) et Daria (rock indépendant), qui se sont lancés dans une nouvelle aventure musicale.

Attention, ce n’est pas un album de hardcore punk, même s’il y a deux-trois titres fast-tempo qui tapent dur, mais quelque chose de plus, conciliant grosse patate et chant mélodique, et qui fait par moments penser aux Pixies, en particulier sur le morceau qui donne son nom à l’album, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Le son est excellent, meilleur que celui de leur premier disque.

Ca commence par Discovery None, qui après une intro dissonante entre dans le vif du sujet et nous fait taper du pied à 100 à l’heure. Mais ils peuvent faire plus rapide, tout en gardant le contrôle, comme nous le montre le titre suivant, Voices, qui va réveiller le punk en vous ! Par contre après cette furia vient un morceau plus sophistiqué, avec de belles parties de guitare et un refrain, So Many Loves, qui est superbe. Baisse de régime avec Electric Thrills, presque une ballade, qui nous emmène dans une certaine tristesse, mais comme dans les films ça se termine bien avec une guitare bien sentie. Après ce passage mélancolique revient un rock rapide comme ils savent le faire. Le chant est un peu étrange, mais ça passe. Plus intéressant est Life As A Sentence, qui, sur une batterie martiale déroule ses arpèges et nous propose une grosse fuzz et un long passage instrumental qui nous plait bien. Retour au punk avec Sing To The Last, mais il y a ce chant si particulier et cette construction du morceau. Bon, c’est du Thugs, clairement. Jeune lecteur, voilà l’occasion de te pencher sur ce groupe français qui a mis tout le monde d’accord à l’époque où il était en activité. Plus original est le morceau Family Life, plus pop, tout en restant teigneux, si on peut oser ce terme. Par contre le texte n’est pas pop, critiquer le Charity Bizness n’est pas grand public. Terrain connu avec le morceau qui lui succède, Black Gloves, qu’on a l’impression d’avoir déjà entendu autrefois. Last Generation, lui, n’est pas du tout surgi du passé, et nous porte vers des paysages et des climats intéressants avec une longue fin instrumentale.

LANE est aussi capable de morceaux lents, ce qui vous laissera le temps de respirer, comme le prouve ce It’s Only Love, qui est tout sauf du punk, même la basse est d’ailleurs. Ce morceau est le plus accessible de ce disque. Par contre, on tombe sur du hardcore avec Lollipop And Candy Cane, qui nous ramène à leur premier album. On termine par une grosse claque avec un morceau magistral tant au niveau du son que de l’inspiration, Pictures Of The Century. C’est la conclusion et elle est sans appel : ils sont bons et nous avons pris plaisir à écouter cet album. Nous espérons qu’il en sera de même pour vous.