Dream Wife – Les Bains – 15 juin 2017

Nous nous sommes rendus ce jeudi soir dans le lieu le plus smart de la capitale, les Bains, ex Bains-Douches, pour assister au concert d’un groupe féminin et féministe plutôt sympa, les britanniques de Dream Wife.

Soyons honnêtes : si elles étaient françaises elles se produiraient dans un bar de Belleville et pas dans ce club ultra-chic. C’est un avantage qu’on les artistes anglo-saxons sur les locaux car ils arrivent auréolés d’une ferveur et d’un attrait magique que n’ont pas encore leurs équivalent hexagonaux.

Elles ne doivent pas jouer en groupe depuis bien longtemps, et il est clair que ce n’est pas en terme de sensations fortes ce que nous avons entendu de mieux cette année. Mais leur jeunesse, leur humour et leur énergie nous fait pardonner leurs imperfections, et leur répertoire est décapant et fun. Oui, elles ont de l’humour, sur scène elles ne se prennent pas au sérieux et leur nom ironique comporte une grande part de critique des stéréotypes féminins du cinéma américain. Le nom du groupe est en effet inspiré par un film de 1953 avec Gary Grant. Elles ont quelque chose de punk tout en ayant leur style. Pour résumer, nous dirons que c’est un college band composé de 3 filles et d’un très bon batteur qui donne de la vie à des chansons simples. Comparées à d’autres groupes féminins, il y a mieux, notamment Savages qui est loin devant. Leur chanteuse rappe plus qu’elle ne chante, ce qui est dommage car lorsqu’elle chante vraiment et pose une mélodie, ça devient très bon. C’est d’ailleurs leur chanson Somebody qui nous les avait fait découvrir et pousser à les voir sur scène.

Elles ont commencé laborieusement, puis au bout de 5 morceaux elles sont montées en puissance, passant du stade de groupe lycéen à un vrai groupe de rock, énergique et plaisant. C’est donc prometteur et Dream Wife est capable de faire quelque chose de très bien d’ici quelques temps.

Juniore – La Maroquinerie – 13 juin 2017

Nous avons commencé notre recherche de nouveaux groupes français en septembre 2016, et nous explorons les nouvelles tendances de la pop et du rock. Cette fois-ci, nous nous sommes mis sur une voie ouverte par des groupes comme La Femme et décidément les femmes ont pris le pouvoir dans le rock.

Que ce soir dans le monde anglo-saxon ou dans la sphère francophone, les filles ont décidé d’empoigner les guitares et elles le font avec classe. Ce soir-ci nous sommes allés voir le groupe Juniore, dont la chanson Je Panique  nous a interpelés par son texte et ses sonorités. Mené par la chanteuse Anna Jean, ce groupe pourrait avoir enregistré en 1965 tant son style est identifiable. Il rappelle les images d’archives de l’ORTF et les vieux scopitones. C’est le style français, une pop douce et claire qui a notre connaissance n’a pas son équivalent en dehors de l’hexagone. C’est ce qu’on peut entendre chez des chanteuses frenchies comme Stella et Delphine qui n’ont pas connu un succès grand public et qui, à l’exception de Françoise Hardy, n’ont pas imprégné la mémoire collective. Cela correspond aux années qui ont suivies la vague Yéyé et avant le psychédélisme. Pourtant c’est un vrai bonheur que de regarder les archives de la télévision française et de se pencher sur le travail de réédition de passionnés qui les sauvent de l’oubli. Juniore ressemble comme deux gouttes d’eau à ces étoiles filantes des sixties qui ont laissées des enregistrements au charme fou. Certes vous trouverez que c’est à mille lieues des Pixies et de Sonic Youth, et que nous faisons parfois dans le rétro. Mais cette pop vintage est tellement agréable et authentique, nous ne pouvions pas ne pas la mentionner. Et à aucun moment ça ne sent le moisi.

Un concert de Juniore, c’est complètement déconcertant, c’est rock tout en étant fun et sage, sans aucune violence, et c’est très sympa. La salle était pleine et il n’y avait pas de première partie. Ce combo se présente comme une formation canonique, batterie, guitare, basse, orgue et chant. Cela nous change des romances nerveuses auxquelles nous vous avons habitués.

Karoline Rose – Le Pop-Up du Label – 08 juin 2017

Karoline Rose est une jeune artiste franco-allemande que nous avions remarqué en première partie du groupe féminin Toybloïd Nous sommes allés la voir une seconde fois en concert et ce soir-là, elle jouait en tête d’affiche pour la première fois de sa vie dans la petite salle du Pop-Up Du Label, qui ne nous a jamais déçue.

En lever de rideau nous avons pu apprécier une chanteuse que nous ne connaissions pas, Nina Johansson, qui propose une pop de qualité qui n’est jamais mièvre. Elle se produit accompagnée d’un clavier-guitariste et d’un gars aux machines. Elle chante plutôt bien, et la musique n’est pas désagréable pour une utilisation d’instruments électroniques.

Après ce court set arriva Karoline Rose, toute seule avec sa guitare électrique. Et là, ce fut le choc : c’est une chanteuse remarquable, elle a un vrai talent ce petit bout de femme un peu ronde. Mais quelle voix ! Elle a une présence sur scène et sa formule voix-guitare rempli l’espace sonore et ne sonne pas minimal. Nous ne saisissons pas le principe de ses compositions, mais ce qu’elle donne à entendre est efficace, original et hors des sentiers battus. C’est son chant et ses mélodies qui dominent et que l’on suit sans difficultés. Il suffit de se laisser porter pour l’apprécier. Elle a quand même un gros son malgré la simplicité de son instrumentation. Elle chante le plus souvent en anglais, parfois en allemand, ce qui passe très bien, et ses influences hip-hop, genre dont elle provient, ne sont pas désagréables. Autre génération, autre culture, comme quoi on peut avoir baigné dans le hip-hop et passer à quelque chose de radicalement nouveau avec de rais instruments. Cette jeune femme est visiblement douée, et elle devrait émerger et faire parler d’elle.