Alt j – the Dream

Le groupe Alt-J a dans notre pays une notoriété exceptionnelle pour un groupe indépendant. Ce n’est cependant pas la tête de file de quoi que ce soit, car leur musique si particulière leur est propre. Vous me direz que c’est vrai pour tout artiste indé. Alors est-ce que c’est parce que nous les avons entendus souvent sur une radio parisienne, ce qui est rare, que nous les trouvons spéciaux ? Pas uniquement, comme nous allons essayer de vous le faire partager.

Comment décrire la musique de ce cinquième album d’Alt-J ? Point de guitares rageuses ni de batterie martiale chez eux, c’est sûr, même si les drums de cette réalisation ont un son puissant, contrairement à leurs albums précédents. Meilleure production me direz-vous. C’est arrondi et sans rien qui agresse, et n’offre jamais de débordements d’énergie. Rien de changé donc. On ne trouve pas non plus les sons décalés de leur précédent album Relaxer . C’est très soft comme toujours avec Alt-J et leur principal argument, nous insistons ce sont les vocaux qui sont d’une grande beauté. Ce qui leur est propre depuis  An Awesome Wave, leur premier album de 2012, c’est pareil depuis leurs débuts, si ce n’est qu’ils sont moins spontanés et plus travaillés. Cette beauté des vocaux fait partie de leur marque de fabrique, sans le côté un peu foutraque des albums précédents qui a disparu au profit d’une plus grande maîtrise.

Ces vocaux ne sont pas loin de ceux qu’on peut trouver dans la musique folk, à ceci près qu’ils sont accompagnés de claviers doux et autres sons électroniques, même si la guitare n’est pas absente. En tout cas elle n’est pas omniprésente comme sur leur premier opus, ce sont les vocaux qui sont là en permanence. Cette livraison est un album de pop recherchée sans pour autant verser dans les grosses évidences. Ces vocaux sont aussi portés vers l’émotion, même quand un refrain plus formel surgit. A certains moments, et c’est nouveau, c’est au blues que l’on pense, et plus au folk, mais de manière discrète et fugitive. Ne vous attendez pas à un album d’Éric Clapton lorsque nous disons cela. Non, Alt-j en est bien loin, ce sont seulement des traces de blues que l’on trouve dans leurs chansons, ne nous méprenons pas. Et Le chant d’Alt-J vous susurre à l’oreille comme d’habitude.

Ce n’est pas avec la première track de l’album que vous entrerez dans celui-ci. Il vous faudra attendre la deuxième, qui porte le nom d’ « U&ME » et que vous risquez d’entendre sur une radio ou dans une playlist. C’est clair que c’est une chanson qui fait montre d’évidence, et qui est terriblement efficace. Nous l’avions entendue avant de posséder The Dream en CD (oui, notre chroniqueur n’est pas revenu au vinyle !). Le titre qui vient en 3è, « Hard Drive Gold », est lui aussi une track efficace, plus rythmée et dynamique que la précédente, mais tout aussi capable de sortir cet album de chez les spécialistes de l’indé dont Indiepoprock fait partie.

Alors les titres qui viennent après ne sont pas moins bons, ils sont moins faciles, comme ce « Happier When You’re Gone » dont la partie instrumentale est très belle. Néanmoins, le 4è titre, « The Actor », est lui aussi catchy. Nous parlions plus haut de traces de blues, c’est très clair sur ce morceau où la guitare est bien présente.

Le 5è titre est moins facile : rupture d’atmosphère, on est au coin du feu, mais ce n’est pas un problème, on écoutera attentivement les paroles qui s’avancent sur une simple guitare acoustique, et du piano à la fin de cette chanson. Il nous amène habillement au suivant, qui relève carrément de la techno tant par ses sonorités électroniques que par sa construction. Pourtant cela passe très bien et l’enchaînement des chansons qui composent cet album est habile. On est loin de la simple collection de rock songs.

Alors avec le huitième titre, « Philadelphia », on entre dans le sublime arrangé avec des cordes. C’est l’un des grands moments de ce disque. Rare sont les artistes qui réussissent cet exercice, et encore une fois ce sont des britanniques qui nous offrent ce cadeau.

« Walk A Mile », le 9è track, revient au style du début du disque. Nous parlions de vocaux formels et de guitare bluesy, c’est ici que c’est manifeste. Ce n’est pas pour nous déplaire, ce titre est de la pop de grande classe, raffinée, qui passe très bien lorsque l’on a accepté cette proposition artistique. C’est sûr que quelqu’un qui cherche du punk sera déconcerté tellement c’est autre chose !

« Losing My Mind » est un track assez étrange, très froid, où le chanteur répète qu’il perd l’esprit. Ce sont surtout les vocaux traités avec des effets et le son de la drum qui rendent ce morceau étrange plus que le texte. Le mixage est très différent de celui du reste de l’album. Néanmoins cela nous accroche bien.

L’album se termine, par un beau chant, plein d’âme, avec piano et guitare, et une batterie discrète, qui nous dit d’aller au lit car le soir est venu.

Pour résumer nous dirons que c’est un bel album de pop, varié et avec des temps forts, mais toujours de qualité, qui montre qu’ils ont progressé et gagnés en sérénité.

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François Atlas – Banane Bleue

François Marry et Ses Atlas Mountains de retour pour un nouvel album sur Domino.

Même si cet album est attribué à un nom collectif, il a été réalisé sans les musiciens habituels de François Marry. En rupture avec les précédents, il est minimal et sobre, et en même temps très rafraichissant. Il nous propose dix titres de pop sympathique chantés le plus souvent en français, avec la manière  personnelle de François. Les titres les plus marquants sont réalisés avec un petit nombre d’instruments et et ouvrent une voie intéressante à emprunter par les artistes pop. L’album a été enregistré entre Athènes, Berlin et Nogent-sur-Marne par François et le producteur Jaakko Eino Kalevi qui a été choisi par l’artiste pour son travail artistique sur ses propres disques.

Il ne démarre vraiment qu’à la deuxième chanson du disque, Coucou, une ballade calme qui évoque des paysages tropicaux et une relation féminine. Avec le troisième morceau, Julie, on reconnait la manière habituelle de l’artiste et il comblera ceux qui l’appréciaient avant cet album. Une voix féminine ponctue agréablement le texte et prépare au refrain accrocheur de cette chanson efficace. Par le Passé est une intéressante œuvre, car cette chanson se développe sur des arpèges de piano atmosphériques qui lui donnent un côté original. Holly Go Lightly, le cinquième titre, est une friandise naïve en anglais, qui entre dans la tête. Lee Ann et Lucy, pour sa part, très pop française actuelle, passerait très bien sur une radio de musique sérieuse loin des insolences du rap et du rock.

Tourne Autour porte l’empreinte d’une légèreté efficace et accrocheuse. Pourtant son instrumentation est minimale : boîte à rythme, synthé et le chant. Il en est de même pour la suivante, Revu, au texte très fort. En dépit des sonorités électroniques, le titre entre clairement dans la catégorie chanson française de qualité. Ces titres à la boîte à rythme accompagnée d’un synthétiseur sont d’ailleurs les plus plaisants de l’album. Ce sont par contre des instruments réels aux timbres agréables qui construisent la chanson mélancolique qu’est Gold and Lips. Elle se termine par un joli son de clavier vintage qui vient se poser sur la guitare qui fait la base de ce titre. Une réussite. L’ultime chanson, Dans un taxi, voit le retour des sonorités électroniques, en plus prononcé. Ce morceau est tout simplement magnifique et est un grand moment de pop électro. Entre chanson et pop, François And The Atlas Mountains ne choisit pas, et c’est tant mieux. C’est un disque agréable à écouter, au sens noble du terme, qui contient deux titres évidents et des morceaux auxquels on revient pour mieux les découvrir. Réalisé avec moins de moyens que le précédent, il est cependant l’un des disques francophones importants de l’année.

Cigarettes After Sex – Le Trianon (Paris) – 25 mai 2018

Nous nous sommes rendus à nouveau dans la splendide salle de spectacles parisienne qu’est le Trianon, cette fois-ci pour entendre le groupe texan de dream pop Cigarettes After Sex.

Entendre et non pas voir car leur show est minimaliste : une seule lumière éclaire les musiciens, et elle restera la même du début à la fin du concert. Et le groupe est statique, les musiciens ne bougent pas et ne se déplacent pas d’un mètre. Calme aussi est leur musique, incroyablement lente et méditative, sans rien de démonstratif sans aucun exercice sportif. On écoute leurs chansons avec plaisir : elles sont bien construites, autour du chant et de la guitare qui lui répond. Le chanteur-guitariste Greg Gonzales est bien la figure principale du groupe. Nous sommes à l’aise avec leurs harmonies et nous sommes entrés sans difficultés dans leur musique introvertie. Nous avion remarqué ce groupe en lisant les chroniques de nos collègues d’Indiepoprock et leur son nous a tout de suite séduit. Nous nous demandions quoi écouter après The Raveonettes dans le genre pop acide et nous avons trouvé avec Cigarettes After Sex de quoi satisfaire nos attentes. Finalement, il n’est pas surprenant de voir des personnes qui ont aimé le trip-hop passer à ce genre de pop si lente et si rêveuse. Ce ne sont pas des genres incompatibles. Ce qui nous a surpris, c’est de voir un clavier, Philip Tubbs, car nous avons l’habitude des groupes à guitares. A part lui, il y a surtout le batteur Greg Leeah, qui assoie l’ensemble et pose l’ambiance, un bassiste discret, Randy Miller, qui ne s’écarte jamais des structures de leurs morceaux, et un front man à la voix particulière et au son de guitare qui nous ravis.

Ce fut une belle soirée, tranquille, où le public écoute attentivement sans remuer un orteil. Ce n’est manifestement pas de la musique pour excités.

Vous pourrez les voir dans les mois qui suivent car ils vont tourner dans les festivals, notamment au Pitchfork. Ils rencontrent un franc succès grâce à internet après de longues années passées dans l’underground de leur ville de résidence.

Empty Words – Whyte Horses

Voici le deuxième album de cette formation mancunienne pop. Produit dans les studios londoniens lovebuzz, il est l’œuvre de l’auteur-compositeur Daniel Thomas, fan des sixties, dénicheur de vinyles rares, et fondateur d’un label Finder Keepers. Mais ce n’est pas lui qui chante, il a fait appel à Audrey Pic, et on note également la participation de la chanteuse La Roux et de Mélanie Plain du groupe Nouvelle Vague. Ce disque est plutôt « joli » : c’est une collection de pop songs mélodieuses avec une production impeccable. Il est peut-être trop propre et trop bien exécuté. C’est un disque parfait pour le printemps.

Il commence par la chanson Counting Down The Years au beat d’airain. C’est un reproche que l’on peut faire à la plupart des morceaux de cet album : une rigidité rythmique qui fait parfois penser que ce sont des machines qui jouent. Le deuxième titre, Never Took The Time, est plus profond et agrémenté de violons. Mais le plus fort vient après, avec le troisième morceau qui s’intitule Greatest Love In Town, et qui est un petit bijou de pop sixties. Cette chanson est la preuve du talent de ce groupe et justifie à lui seul de se procurer l’album. Peut-être faut-il renoncer à écouter des albums et n’écouter que des titres isolés ou des singles ? Ne soyons cependant pas excessifs dans nos jugements, l’ensemble de ce disque est de la pop de qualité.

Le quatrième, This Dream, nous montre un autre visage du groupe, avec une chanson dépouillée, où la voix d’Audrey Pic n’est supportée que par un clavier. Là aussi, c’est une réussite et un titre fort de l’album. Avec le suivant, ils reviennent à ce qu’ils proposent au début du disque, à savoir une pop song mélodique avec de belles guitares à la The Byrds. Nouvelle surprise avec le septième, Watching TV, qui commence par un orchestre à cordes avant de lancer une rythmique dance qui permet à la chanteuse de faire des vocalises. Il atteint une autre dimension et ouvre sur des choses plus ambitieuses. Ecstasy Song, qui lui succède, est lui aussi porté par un beat dance, mais cela n’a rien de choquant tant le morceau est construit. Sa mélodie est de toute beauté. Changement vocal avec le neuvième titre, The Best Of It, où la chanteuse La Roux vient apporter un côté commercial. On se demande si c’est toujours le même disque que l’on écoute ! Passons sur The Return, un bref interlude au piano. C’est avec le onzième, si vous me suivez bien, Fake Protest Song, que l’on retrouve le fil directeur de l’album avec ses guitares si caractéristiques et la chanteuse habituelle. Le disque aurait pu s’arrêter là, mais Whyte Horses ne sont pas avares de chansons. Ils nous offrent un Don’t You Cry gentiment rétro et hyper-efficace. Puis c’est à nouveau un titre avec un orchestre à cordes, Nightmares Aren’t Real, suivi d’un morceau moins indispensable, avant de terminer par un magnifique morceau où il n’y a que la guitare et la voix, et qui est plus intéressant dans son dépouillement que le reste d’un disque trop bien réalisé par de bons élèves de la pop anglaise.

Au total quinze titres frais et agréables avec quelques vraies perles que nous comptons bien vous faire écouter dans notre playlist, en particulier la chanson The Greatest Love In Town, qui va nous accompagner pendant quelques temps.

How To Solve Our Human Problems – Belle and Sebastian

Nous n’aimons pas dire du mal d’un disque. Nous ne sommes pas là pour nous livrer à un exercice gratuit de dénigrement et préférons parler de ce qui nous a touché. Or, nous devons avouer notre déception à l’écoute de la mouture 2018 du groupe pop Belle and Sebastian.

Pour synthétiser, c’est un album destiné au grand public, si cette expression a encore un sens. Le son est excellent, c’est très bien produit, rien à dire à ce niveau. Mais il commence par un titre disco, Poor Boy. Lequel ne swingue pas un caramel, ce qui est un comble pour de la musique se voulant dansante. Le suivant, Everything Is Now, nous remonte le moral. Comme c’est beau ! Intro à l’orgue, arrangements pour cordes, tout cela est bien romantique. Et c’est l’une des deux seules chansons réussies. La troisième chanson est plus simple, et donne dans un genre funky. Nous nous sommes complètement égarés.

Ces artistes ont pourtant un passé glorieux. Suit un titre qui fait penser à Paul Simon. Une ballade aux confins du folk et de la pop. C’est le dernier morceau, Best Friend, qui sauve le disque. C’est de la pop façon Tamla Motown, et ce titre à lui seul justifiera l’écoute de cet EP. Bon, un titre sur cinq, c’est un mauvais score, un single aurait suffi.

Madness – Salle Pleyel – 11 novembre 2017

Vous vous demandez peut-être ce que nous sommes allés faire à un concert de Madness. Et bien passer du bon temps ! Madness est un groupe pop, et rien d’autre, et leur dernier album Can’t Touch Us Now paru sur le label Lucky Seven est déjà un succès, renouant avec les années fastes du groupe. Leur single Mr Apple a conquis le public rock.

Madness ne sont pas des perdreaux de l’année, leur show est impeccable et ils alignent en concert une impressionnante collection de tubes. Si vous ne les connaissez que par leurs disques, vous ne serez pas déçus. Ils commencent par One Step Beyond et n’arrêtent d’enfiler les tubes telle une playlist que pour un hommage à la chanteuse Amy Whinehouse, appréciée des fans de ska. Oh, le ska, Madness en est loin, ils n’en joueront qu’à la fin du concert lors du rappel. Ils terminent le show par Madness et Night Boat to Cairo. Non, Madness est un groupe pop, avec un style original, une personnalité qui n’a jamais été copiée par personne On sent quand même leurs influences du rhythm’n’blues et de la pop de Tamla Motown dans leurs mélodies. Leur batteur est excellent et nous a impressionnés.

Le reproche que nous faisons à ce concert est que c’est trop propre, trop bien joué, à l’identique des disques du groupe. Il n’y a aucune improvisation ni dérapage, si c’est une folie, elle est parfaitement contrôlée et ne sort jamais des rails.

Si nous avons choisi de vous en parler, c’est que Madness a débuté sur un label indépendant, 2-Tone, label à qui on doit la vague ska de la fin des années soixante-dix, qui a déferlé sur la planète. Ils sont devenus ensuite d’énormes stars en Grande-Bretagne, snobant les USA, et ils sont capables de faire exploser les charts et de toucher le grand public, qui du ska ne connait souvent que ce groupe.

Pour une fois nous n’avons pas cherché à défricher les terres nouvelles du rock indé et sommes allés à ce concert avec des amis et leur famille, dans une ambiance bon enfant et 100% fun. Mais n’est-ce pas cela la pop ?

Juniore – La Maroquinerie – 13 juin 2017

Nous avons commencé notre recherche de nouveaux groupes français en septembre 2016, et nous explorons les nouvelles tendances de la pop et du rock. Cette fois-ci, nous nous sommes mis sur une voie ouverte par des groupes comme La Femme et décidément les femmes ont pris le pouvoir dans le rock.

Que ce soir dans le monde anglo-saxon ou dans la sphère francophone, les filles ont décidé d’empoigner les guitares et elles le font avec classe. Ce soir-ci nous sommes allés voir le groupe Juniore, dont la chanson Je Panique  nous a interpelés par son texte et ses sonorités. Mené par la chanteuse Anna Jean, ce groupe pourrait avoir enregistré en 1965 tant son style est identifiable. Il rappelle les images d’archives de l’ORTF et les vieux scopitones. C’est le style français, une pop douce et claire qui a notre connaissance n’a pas son équivalent en dehors de l’hexagone. C’est ce qu’on peut entendre chez des chanteuses frenchies comme Stella et Delphine qui n’ont pas connu un succès grand public et qui, à l’exception de Françoise Hardy, n’ont pas imprégné la mémoire collective. Cela correspond aux années qui ont suivies la vague Yéyé et avant le psychédélisme. Pourtant c’est un vrai bonheur que de regarder les archives de la télévision française et de se pencher sur le travail de réédition de passionnés qui les sauvent de l’oubli. Juniore ressemble comme deux gouttes d’eau à ces étoiles filantes des sixties qui ont laissées des enregistrements au charme fou. Certes vous trouverez que c’est à mille lieues des Pixies et de Sonic Youth, et que nous faisons parfois dans le rétro. Mais cette pop vintage est tellement agréable et authentique, nous ne pouvions pas ne pas la mentionner. Et à aucun moment ça ne sent le moisi.

Un concert de Juniore, c’est complètement déconcertant, c’est rock tout en étant fun et sage, sans aucune violence, et c’est très sympa. La salle était pleine et il n’y avait pas de première partie. Ce combo se présente comme une formation canonique, batterie, guitare, basse, orgue et chant. Cela nous change des romances nerveuses auxquelles nous vous avons habitués.

Lady Lamb – le Pop Up du Label (Paris) – 05 octobre 2015

La petite salle du Pop Up Du Label était pleine ce lundi soir pour l’unique concert parisien de la chanteuse américaine Lady Lamb, et il nous a fallu faire la queue pour entrer tant il y avait de monde.

Et cette affluence est justifiée, comme nous allons esssayer de vous le montrer dans la suite de cet article.

L’artiste poursuivait par ce passage dans la capitale sa tournée européenne des clubs avant de repartir aux USA. C’était son unique date en France et vous ne pourrez pas la voir dans nos contrées avant un an. Retenez bien son nom et guettez ses apparitions scéniques.

Elle commence le concert par une chanson a capella, histoire de poser les choses : elle est une chanteuse avant tout, et si elle s’accompagne à la guitare elle ne fait pas preuve de virtuosité ni de démonstration. C’est une lointaine héritière de Janis Joplin, une belle voix chaude et expressive, et si l’instrumentation est folk, les mélodies sont pop-rock et on imagine sans mal ce que ça donnerait si elle était accompagnée d’un batteur et d’un bassiste : un fantastique groupe comme la Grande-Bretagne nous en donne depuis plusieurs décénnies. Elle aura réussi à nous tenir en haleine avec cette formation minimale, nous captivant par son chant et ses compositions. Car elle écrit de superbes pop songs qui se mémorisent aisément et elle a, en plus de sa voix, un talent de songwriter. Oubliez Lady Gaga et écoutez cette autre Lady, de son vrai nom Aly Spaltro, qui elle est jolie en plus d’être douée. Elle a déjà deux albums à son actif et a commencé sa carrière en 2007. Il n’y a qu’une seule lady dans nos cœurs, et c’est Lady Lamb.

Definitely – The Kissinmass

Où sont les influences britanniques revendiquées par la production du groupe clermontois ? On nous parle de Blur et Supergrass et il n’en est rien, rien non plus de leur passion adolescente pour Cure et Depeche Mode. Cet album ne sonne pas du tout anglais, il ne sonne pas du tout. Le clavier omniprésent n’a rien des fulgurances de la new-wave des 80’s et on se surprend à souhaiter qu’il se taise.

Cet album est plat, si c’est ça le futur du rock pour la presse écrite on est mal barrés. Il convient de rétablir la vérité que nous impose nos oreilles : ce n’est pas encore de la variété, c’est déjà de la guimauve. On dirait du rock FM des années 80. Ce disque sonne vieux (ça encore ce n’est pas trop grave) et aseptisé. Non, ce n’est pas du rock, ce n’est rien du tout, on s’ennuie à l’écoute de ce deuxième album du groupe et si on se méfiait des choix d’une certaine presse, cette impression négative se confirme de jour en jour. Il devient de plus en plus évident qu’il n’y a plus de rock dans certains magazines, on y parle encore de musique, mais de mauvais goût ou franchement ringarde. Pourtant, nous ne cherchons pas à être à la pointe des tendances, juste à écouter de bons disques de rock et pour ça, on repassera et il faudra aller voir ailleurs que dans cet album raté que nous avons eu le courage d’écouter, passant sur les a priori négatifs venant d’une promo flatteuse et aguichante. Mais une fois de plus la couverture est plus attractive que le contenu , comme pour un mauvais roman. Fuyons donc cette escroquerie qui n’a de pop que le nom.

Frànçois & The Atlas Mountains – ECLA – 24 janvier 2015

Nous avons été déconcertés et agréablement surpris par leur album « Piano Ombre » et nous avons eu envie d’en savoir plus en allant les voir en live. Nous avons pu nous rendre compte de ce que ce groupe, car c’est un groupe, donne sur scène.

Comme chaque année, L’ECLA, MJC de St-Cloud, participe au festival Träce de l’association Réseau 92, festival dispersé sur les salles du département des Hauts De Seine. La salle est petite (environ 300 places) mais agréable et la scène est grande et pas trop haute. Ce lieu est facilement accessible en transports en commun, alors n’hésitez plus à aller en banlieue.

Sur cette scène se produisaient ce soir-là Frànçois & the Atlas Mountains pour la dernière date de leur tournée, et ils nous ont présenté un avant-goût de leur prochain EP, qu’ils viennent d’enregistrer. Nous allons faire un bilan de cette soirée, qui comporte du positif et du négatif. Les points positifs sont que le chant du leader François est musical, bien que peu naturel et sonne inhabituel à nos oreilles. Il utilise sa voix comme un instrument et le résultat est agréable. C’est assez radical par rapport à ce que nous connaissons de la chanson française, et cela ne sonne jamais variété. Frànçois & The Atlas Mountains est bien un groupe pop qui s’exprime en français. Autre point fort : le groupe défriche de nouveaux territoires et s’ouvre à de multiples influences.

Le négatif, c’est que le set est plutôt hétéroclite, passant de chansons courtes et évidentes comme  La Vérité à des plages instrumentales souvent longues. L’influence des musiques africaines est plus flagrante que sur disque où elle se fait discrète. Là sont présents deux instruments traditionnels, le balafon et la kora, joués par deux musiciens originaires du Burkina Faso. Hélas les bonnes intentions, si elles sont louables, tournent court et cela ressemble à des bœufs interminables. La sauce ne prend pas car la rythmique ne groove pas : le batteur et le bassiste ont un jeu lourd qui ne convient pas aux musiques africaines et qui fait sonner l’ensemble comme de la techno trans (oui, nous avons trainé nos guêtres dans des soirées techno !) ce qui est le summum de la rigidité et de l’absence de swing par ses batteries martiales et binaires au-delà de ce qui se fait en rock.

Bref le show est décevant par rapport à ce que nous avions entendu sur disque et, si on est dans un univers très personnel et original, le spectateur a tendance à s’ennuyer. Une soirée mi-figue, mi-raisin où nous avons souvent eu envie d’aller au bar.