Peter Kernel – le Batofar – 14 décembre 2016

Chose promise, chose due, nous avions raté le groupe suisse Peter Kernel lors de leur passage au festival La Ferme Électrique en juillet 2015, et nous avions écrit que nous irions les voir s’ils passaient par Paris. C’est au Batofar, péniche amarée près de la bibliothèque Mitterand, que nous avons pu les surprendre.

Et bien nous avons vu mieux dans ce même endroit. Le groupe Peter Kernel est frais, fun et sympathique, mais c’est très léger. Ils se définissent comme faisant de l’art-punk, mais nous ne voyons pas le rapport avec le punk si ce n’est le côté amateur et bricolo de ce qu’ils proposent. C’est trop gentil pour être punk, mais si punk veut dire musicalement limité et chanteuse qui crie, c’est réussi. C’est un petit groupe, nous ne trouvons pas d’autre terme pour décrire ce que nous avons vu et entendu. Si leurs clips sont drôles et distrayant, sur scène c’est vraiment trop cheap pour être vraiment expérimental et il ne se passe quelque chose que sur 3 titres dont High Fever. Ce ne fut pas le concert de l’année, loin de là. Pourtant on nous avait conseillé de les voir sur scène. Hélas, si nous ne nous somme pas ennuyé, nous avons subit une vocaliste qui pourrait au moins essayer de chanter. Si cela peut vous rassurer, nous avons entendu pire en live. Cet hiver n’est pas très enthousiasmant et nous attendons avec impatience l’année 2017.

The Resurrection – Falklands

Voici le deuxième EP du groupe Falklands de Perpignan, et il est digne d’intérêt, bien que très influencé années ’90.

Voici un disque d’un groupe local, ce qui n’est pas péjoratif, qui se remue dans sa région d’origine, ce qui est louable. Les groupes de banlieue parisienne ne procèdent pas autrement. Parlons de ce mini-album : le propos est ambitieux. Il ne s’agit rien de moins que d’un opéra-rock, qui raconte l’histoire d’un personnage de notre temps, avec un angle de vue qui est plus courant chez nos voisins britanniques, groupes ou cinéastes (nous nous rappelons de la claque qu’était le film « Trainspotting »), qui n’hésitent pas à parler de la vie des couches populaires et de leur quotidien. C’est dons très british, dans le thème comme dans les chansons et le son. On pense à l’album « Modern life is rubbish » de Blur, même si les chansons ne sont pas aussi accrocheuses. Ces 6 titres content la vie et la détresse d’un jeune de milieu défavorisé qui comate entre les longues journées d’usage de stupéfiants et une relation amoureuse qui se passe, sans plus.

Il ne voit pas d’issue ni d’évolution. Le disque commence par un monologue introductif. Il est suivi par le titre The Last Needle, qui est le véritable début du disque. Le chant est plus qu’acceptable, même si les couplets sont parlés, le gars maitrise l’anglais. Et le refrain arrive après un riff qui est ce qui se faisait il y a encore 10 ans.

Suit le 3è titre,  Golden Streams, acoustique et presque folk. Calme avant le déchainement de What Makes You Proud, moment de colère très réussi, qui le titre le plus fort de cet EP. Annabel Lee, le 4è titre, nous rappelle franchement Blur. On aime entendre ce type de rock, énergique et vivant. L’EP se termine sur  The Resurrection qui est dans la même veine que le précédent, avec de bons soli de guitare. Dans l’ensemble, c’est du pêchu, un peu brut, avec une voix crédible, très bien mise en valeur. On aurait aimé plus de morceaux que ces 6 titres. C’est quand ça commence à démarrer que le disque s’arrête, on aimerait qu’ils développent leur répertoire sur la longueur. En tout cas, ça réveille.

Happening – Gu’s Musics

Nous vous présentons le futur album, qui est en cours de réalisation, de Gu’s Musics, de Tours. Venant après le premier album, « Aquaplaning », aujourd’hui épuisé même si on peut l’écouter sur leur bandcamp, il s’agit pour l’instant de 3 titres aboutis en en attendant d’autres.

Nous avons choisi de vous présenter ce projet, car il nous semble le représentant d’une tendance actuelle des artistes rock de ce pays. Une tendance parmi d’autres plus légère et moins cold, mais qui ici trouve une expression intéressante. D’abord la rigidité des rythmiques, qui en choquera plus d’un. C’est aussi rigide et froid que des machines, funèbre, sans la moindre part d’improvisation, à l’opposé des musiques sautillantes et groovy que l’on peut entendre sur les radio FM. Mais cela sonne. La voix est monocorde, on dirait une récitation, et l’on ne peut s’empêcher de penser à Serge Gainsbourg. Les textes de Yan Kouton sont imagés et profonds, compliqués comme l’est la vie intérieure. C’est tout sauf des slogans simplistes ou des phrases accrocheuses. Décrivant des sensations visuelles comme le ferait un peintre, il faut plusieurs écoutes pour les capter. Ce qui nous a séduits, c’est que cette esthétique radicale qui est de par sa forme aux antipodes de nos goûts habituels a amené à un résultat qui sonne.

Gu’s musics nous prend à contre pied et si esthétiquement on peut trouver cela macabre, ils installent une véritable ambiance et leurs titres sont emprunts d’un charme certain. Nous pensons sans hésiter à l’Hôtel Particulier et à Cargo Culte du beau Serge. Ces titres représentent un climat et des sonorités contemporaines, plus pointues que des groupes qui jouent pied au plancher et la cymbale charleston ouverte du début à la fin du morceau. Certes c’est mélancolique, ce n’est pas dansant, mais il y a un son et un timbre de voix. Cette tendance sombre est en vogue actuellement chez les musiciens français, ce groupe n’en est pas le seul exemple. C’est en effet très français de mettre deux guitares au rôle figé, une qui fait des rythmiques monotones et l’autre qui fait des solos et des lignes mélodiques, comme le montrent les démos de Manu du groupe Dolly circulant sur le net. Pourtant, les groupes anglais des années ’80 avaient fait voler ce schéma en éclats, malgré leurs faiblesses. Seulement voilà, la lead guitare a le son rock que nous avons trouvé chez par exemple les Raveonettes et The Underground Youth. Les démos du futur six titres sont plus produites que l’album « Aquaplaning », qui en découragera plus d’un. Courtyard est magnifique et justifie à lui seul d’écouter l’ensemble de leur œuvre. Le titre suivant nous rappelle clairement par son texte et son phrasé le défunt Serge Gainsbourg. On trouve un violon sur le titre Nox, et un orgue sur le suivant, Séjour des Peines.

Pour résumer, disons que le premier album montrait des compositions, une voix et un son, et qu’il y a plus de travail sur le deuxième, plus vivant. Mais ces artistes ont choisi une autre voie que la facilité et l’évidence mais nous ne regrettons cependant pas d’avoir croisé leur chemin.