Franz Ferdinand – Festival Rock En seine – 25 août 2017

Puisque nous étions dans l’espace du festival avec ses différentes scènes, ses stands et ses shops, nous sommes allés rejoindre la foule qui se pressait devant la grande scène où se produisaient les incontournables de la pop.

Finalement nous nous sommes fait plaisir en allant voir le groupe de Glasgow Franz Ferdinand, qui a joué pendant une heure et demi un nouveau répertoire augmenté de titres inévitables. Il faut reconnaître que pour un groupe aussi connu, leur musique est inventive et recherchée. Il est même surprennant qu’ils aient rencontrés le succès avec une formule musicale à la fois pop et exigeante. Ce n’est pas de la musique de bourrins, leurs compositions et leurs arrangements sont un régal pour les oreilles. Ils font preuve d’un savoir-faire typiquement britannique, et leur style intègre désormais des influences funk et house qui sont très bien digérées. C’est frais, dynamique, pop au sens des Kinks et D’Xtc et pas au sens de Lady Gaga. Ils méritent sans problème de figurer en tête d’affiche d’un soir de festival.

Ils ont joué de nouveau titres comme Lazy Boy et terminé par un Take Me Out que tout le monde attendait. Ils sont la preuve de la vitalité de la Grande-Bretagne en matière de pop-rock et ont un sens inégalé de la mélodie qui fait mouche et du refrain qui tue. Certes, cela ne plaira pas au puristes mais un grand groupe est un grand groupe.

The Jesus And Mary Chain –  Festival Rock En seine – 25 août 2017

Nous sommes allés au festival Rock En seine essentiellement pour voir jouer le groupe culte britannique The Jésus And Mary Chain, qui fait à nouveau parler de lui avec son nouvel album « Amputation ». Nous ne pouvions pas décemment rater ce concert.

Et bien première constatation : ce qu’ils font en live est très classique, et le son de la scène n’a pas la finesse de celui de leurs disques passés. La sono était trop forte, et on ressentait les vibrations de la basse et de la batterie comme à un concert de reggae. En fait c’est un groupe de rock, même si le chanteur termina le set en criant « I hâte Rock’n’roll and Rock’n’roll hâtes me. » Propos curieux de la part d’un honnête groupe de rock en 3 accords, qui lorgne parfois vers le garage psyché à coup de grosse fuzz. Ils ont parfois des accents du Velvet Underground. Rien de musicalement révolutionnaire ni de grande originalité. Ils ont débuté leur show par des titres de leur dernier album. Le son de guitare est gras, très saturé, et la basse joue à fort volume. Cela n’aura pas permis de convaincre le jeune public de la scène des cascades sur laquelle ils se produisaient. Ce ne fut pas un mauvais concert, mais un concert inégal, qui ne nous a fait vibrer que sur 3 morceaux. Nous nous attendions à une performance plus brillante compte-tenu de leur légende. Enfin il fallait les voir absolument, leurs passages en France sont rares et c’était la curiosité du festival.

Avvolgere – True Widow

Sorti il y a de ça il y a un an aux USA, nous avions pu écouter des extraits de cet album du groupe indépendant Texan, qui a su faire un teasing discret avant la sortie de ce disque sur Relapse Records. Ils ont fait de discrets passages en France et nous espérons bien les voir en concert.

Ce qui nous a intéressé dans leur musique, c’est qu’ils proposent un son peu commun. Il est dû aux grosses lignes de basse de Nicole Estill, qui envoie des riffs simples et ultra puissants, et à la batterie ultra-lourde de Timothy Stark. Ces deux musiciens ont un jeu à eux, complètement original, et sur cette rythmique solide viennent se poser la guitare et la voix cold de Dan Philipps. Ils définissent leur style comme un mélange de stoner et de shoegaze, mais sont inclassables. Ils ouvrent la voie à une nouvelle façon de jouer, plus primitive et qui prends aux tripes. Retour à un jeu simple et efficace, sur des beats toujours lents.

Le titre Back Shredder donne le ton et ouvre l’album. C’est un gros riff de basse qui accroche d’entrée de jeu. Le suivant, Theurgist, est construit sur le même principe. Le troisième morceau, FWTSLTM marque une certaine ressemblance avec le shoegaze et le post-rock. Il repose sur la guitare, la basse étant plus orthodoxe. La mélodie vocale est très belle, et il y a quelque chose du deuxième album de Cure dans le climat. Mais nous ne pensons pas que cela soit voulu. Il y a le même dépouillement. La batterie est décidément très terrienne. Sur le quatrième titre, The Trapper And The Trapped, retour du gros riff de basse pour une chanson où bassiste et guitariste chantent en duo, ce qui est une réussite. OOTPV voit un retour à la voix solo sur une grosse basse et un rythme tribal. Le sixième, Entheogen, encore un nom étrange, repose lui aussi sur un riff, mais cette fois-ci de guitare, et celle-ci sonne incroyablement bien. La basse y est plus discrète, et la voix est une longue récitation. Le septième morceau, To All That He Belong, est une parenthèse acoustique sans basse ni batterie, juste une belle voix. La machine redémarre sur le titre suivant. Sante, qui a un riff particulièrement brutal. Il est chanté par la bassiste Nicole du début à la fin. Ce titre est fort réjouissant et son riff rappelle les Stooges. Même gros son de basse bien sale sur le huitième titre, Grey Erasure, qui est dans la même veine à ceci près qu’il voit le retour du guitariste au chant.

On sort de la formule avec What Finds Me, qui amène une nouvelle touche avec son thème à la guitare, presque surf tout en étant déglingué. C’est l’un des plus beaux titres de l’album. Ce groupe a décidément un vrai son à lui. C’est ainsi que se termine ce disque, qui a été une véritable révélation. Il est en rupture avec ce qui se fait ailleurs et séduit par sa simplicité et sa brutalité. C’est une nouvelle époque du rock qui a commencé, avec une nouvelle façon de jouer. Un disque important.

Live For The Moment – The Sherlocks

« Live For The Moment » est le titre du premier single de The Sherlocks et il est réutilisé pour leur premier album. C’est donc un groupe tout nouveau pour le public français, et qui a été repéré par la BBC et qui s’est produit dans les grands festivals des Iles Britanniques. Et ça fait très mal !

C’est du rock péchu et héroïque dans la veine des Arctic Monkeys et des deux premiers albums de The Clash, à la fois mélodique et énergique. Ils sont la preuve que le rock se renouvelle et que les Iles Britanniques accouchent toujours de disques intéressants. Un disque qui sonne actuel et renoue avec une tradition de groupes ayant une grosse patate. Leurs chansons sont taillées pour la radio et si on peut trouver leurs compositions trop évidentes, il n’en est rien. Ce disque va vous réveiller si vous étiez partis dans des ambiances contemplatives. Il est recommandé de l’écouter le matin car cela vous tire de la torpeur !  Comme on disait autrefois, c’est de la musique déplanante !  Cela fait plaisir de voir que de jeunes groupes conjuguent énergie, mélodies et sens de la composition, le tout propulsé par une puissante batterie qui n’est pas sans évoquer des groupes de la fin des années soixante-dix. Ce disque, en effet, conjugue le rock contemporain et les réminiscences qui sauteront tout de suite aux oreilles des plus âgés de nos lecteurs. Mais ce n’est pas rétro et très anglais dans la manière.

L’album commence par le très efficace Will You Be There et son intro de guitare, morceau qui comporte un très beau refrain. Il est suivi de leur premier single Live For The Moment qui ressemble à The Amazons par sa construction. On notera la maitrise de leurs vocaux, comme sur le troisième titre Escapade. Viens ensuite Chasing Shadows et ses superbes guitares et sa batterie tellurique. Blue, lui, est presque du pop-punk et son chant acrobatique est particulièrement plaisant. Son solo de guitare est un peu vieux jeu, mais il n’est pas trop long. Nobody Knows est le titre le plus long de l’album ( 6 minutes 10) alors que les autres n’excèdent pas les 4 minutes. C’est le titre qui rappelle le plus The Clash, et il comporte un passage où la guitare a un son plus sophistiqué. Il se termine par un couplet acoustique. Viens ensuite Was It Really Worth It ? qui est l’un des titres qui arrache le plus. On dirait que c’est Mick Jones qui joue !

Turn The Clock, la seule ballade de cet album, et est un bijou de pop anglaise. Après ce moment d’accalmie surgit le titre Last Night qui semble tout droit extrait de l’album « Give em Enough Rope » sorti en 1978. Et ça continue dans cette veine avec Heart Of Gold, qui a même son break reggae avant le solo. Motions commence acoustique et après l’intro nous propose une belle excursion country pour le moins inattendue. Il se termine par un Candlelight faiblard par rapport au reste de l’album.

Nous résumerons en disant que ce premier album a la patate des groupes issus du punk anglais de 1976-79 et les constructions de morceaux des groupes rock de ces dernières années. Il fait preuve d’une maîtrise de la composition toute moderne en retrouvant une sauvagerie que l’on n’entendait plus. C’est l’un des meilleurs albums de rock britannique que nous ayons entendu cette année et ce groupe fait une entrée fracassante dans notre discothèque.

The Nothing – The Last Dinosaur

Juillet n’est pas un mois habituel pour les sorties d’albums et pourtant nous avons trouvé cet artiste anglais totalement inconnu et qui risque de rester dans l’ombre, car il existe un groupe pop du même nom. Donc évitons la confusion, nous ne parlons pas du groupe qui a pondu le fantastique titre Zoom, mais d’un songwriter britannique, Jamie Cameron.

Leur nom est une allusion humoristique à leurs méthodes d’enregistrement rétro, et également à un dessin animé où l’on voit le dinosaure Denver décongelé par des adolescents. Leur premier disque est sorti en 2009, et celui-ci est le 3è. Il est sombre, empreint d’une réflexion sur la mort, dans le cas présent celle d’un ami avec qui il avait monté un groupe à 17 ans et qui a disparu dans un accident de voiture. Malgré ces tentatives discographiques, The Last Dinosaur est resté dans l’ombre et il est difficile de trouver des informations à leur sujet. « The Nothing » est sorti le 07 juillet  sur le label Naim Records.

Ce projet est donc le fait de Jamie Cameron et de son acolyte et ami Luke Haiden, et avec la participation d’une violoniste, Rachel Lanskey. C’est une musique acoustique et délicate, aux structures mélodiques bien anglaises, loin du folk malgré l’instrumentation similaire. Parfois vient s’ajouter un saxophone discret. Cet album comporte onze titres calmes et mélancoliques, quelques uns sont joués à la guitare, d’autres au piano. Notre préféré est le deuxième,  Grow, seul morceau de l’album où une batterie marque le tempo. Nous aimons bien aussi la chanson All My Faith. Elle est suivie d’un We’ll great Death lyrique à souhait.

Bref, c’est un album court mais néanmoins sympathique, qui convient parfaitement à cette saison où on a plus envie de se prélasser en terrasse où à la plage que de se défouler dans une salle de concert.