Toy – Le Petit Bain – 02 Mars 2019

Nous avons tenu à aller voir Toy, qui faisaient partie des groupes british à voir sur scène ce mois-ci. Et ça valait le détour.

Oui, on aimé ce qu’on a entendu. Leur quatrième et nouvel album n’est pas passé inaperçu et bénéficie d’une bonne promo. Pour vous décrire, c’est une musique audacieuse qui tient du psyché, du beat de moteur à 4 temps automobile (si vous avez déjà entendu une voiture rouler à grande vitesse), et aussi d’un climat que nous n’avons connu que dans des soirées de musiques électroniques.

Ils sont dans une sorte de transe rythmique et sont capables de rester longtemps sur un seul accord sans s’ennuyer. Pourtant il y a chez eux un côté pop dans leurs vocaux, assurés par le chanteur et de temps à autre le bassiste, vocaux qui sont ponctués par un synthé qui joue comme personne d’autre. Si vous avez déjà entendu un groupe de rock utiliser le synthétiseur de cette manière, prévenez-nous, car nous ne voyons pas qui pourrait les avoir précédés. Et oui, il y a un synthé en plus des deux guitares usuelles, de la basse et de la batterie, et il n’est pas là pour la photo.

Le chant n’est pas omniprésent, il y a de conséquentes parties instrumentales et même des soli de guitare. Le batteur est irréprochable pour ce qui est de la régularité, on dirait une machine, même s’il se permet des beats de dance music qui montrent qu’ils n’ignorent pas l’électro. Leur histoire tourne impeccablement, malgré parfois une petite tendance au redondant. Le son, quant à lui, était moins bon que sur disque, ce qui est dommage. Nous ne trouvons pas vraiment d’étiquette à poser sur cet objet sonore qui se vend bien en Grande-Bretagne. Que cela ne vous empêche pas d’apprécier ce groupe s’ils font d’autres dates dans notre pays.

À noter qu’il y avait en première partie une jeune artiste, Grind, qui se produisait seule, elle chante et joue du clavier par-dessus des parties enregistrées et c’est de la bonne électro. Cela nous a agréablement préparés à ce concert.

Fuzz Club – Petit Bain – 13 septembre 2018

Youpi, c’est la rentrée ! Nous voici de retour dans les lieux de musique de Paris selon la nouvelle situation dans cette ville. C’est au Petit Bain, la belle péniche, que nous commençons la saison avec une soirée de dingue à la programmation exigeante.

Trois groupes sont à l’affiche de ce Fuzz Club Live : les jeunes normands de You Said Strange, les californiens barrés de The Lumerians, et le trio psyché anglais The Oscillation.

Nous sommes arrivés à l’ouverture au public et nous avons patienté jusqu’au premier groupe en écoutant des bons trucs, jusqu’à ce que la salle soit à peu près remplie. Il n’y avait pas foule et c’est dommage, car les groupes annoncés étaient de qualité. Tout d’abord les jeunots de You Said Strange : ils veulent manifestement ressembler aux anglais par leur pop psyché accessible. Ce n’est pas du tout expérimental, c’est une musique basée sur les guitares qui mènent la danse. Ils ont joué leur album à l’identique et c’est tout simplement du rock actuel. Ce qui a suivi, par contre, est plus « ouf » et pas du tout pop. The Lumérians se présentent sur scène costumés en créatures inquiétantes et avec des synthétiseurs à la place de leurs instruments respectifs. La surprise passée, nous sommes entrés dans leur musique et avons entendu quelque chose de super, bien original et très prenant. Ils obtiennent avec leurs moyens à eux le même résultat qu’un groupe de rock conventionnel, simplement avec d’autres ingrédients. Si vous cherchez l’originalité, vous serez servis. Nous sommes partis dans l’espace avec ce show futuriste complété par des projections sur écran géant. Leur batteur est impressionnant.

Changement complet avec le trio anglais The Oscillation, qui gagnent le prix de la plus mauvaise coupe de cheveux du moment. Mais musicalement c’est un vrai régal, et ils ont par moment des accents du premier Pink Floyd et des albums dansants de Gong ! Leur bassiste est remarquable, car il développe des lignes de basse hyper-efficaces qui groovent sans faire dans l’excès de technique. C’est du psychédélisme dansant, avec une voix monocorde. Ça joue vraiment et il se passe quelque chose entre ces trois musiciens qui ne payent pas de mine. Ce rock expérimental nous montre un lien inavoué entre le psychédélisme et un groupe anglais comme The Cure. Nous voulons dire par là qu’il n’y a pas de contradiction dans le climat mais plutôt une simplification des morceaux pour passer de l’un à l’autre. Donc ce n’est pas un truc de vieux hippies incurables mais cela peut être écouté par des publics supposés incompatibles. Il y a des ressemblances et ce groupe représente une passerelle entre des courants du rock qui ne se connaissent pas forcément. Comme quoi on apprend plein de choses en allant voir des artistes expérimentaux qui nous sortent de notre zone de confort. Cela valait le coup de prendre un risque et cette soirée était excellente.

Olden Yolk – Espace B – 01 Avril 2018

Nous voici de retour au nord de Paris dans ce lieu dynamique qu’est l’Espace B pour un concert du groupe New Yorkais Olden Yolk.

Si sur leur album il y a basse et batterie en plus de la guitare et du piano, sur scène c’est en duo qu’ils se produisent : Shane Butler au chant et à la guitare, et Caity Sheffer au piano et au chant. Malgré cette absence d’accompagnateurs, la sauce prend et dès le deuxième morceau Cut To Th Quick on reconnait leur manière et on tombe sous le charme pop psyché folk mélodique et délicate. C’est qu’ils savent composer de bonnes chansons qui restent dans la tête. Ne vous attendez pas à une débauche d’énergie et à des rythmes endiablés, ce n’est jamais très speed ni violent. C’est de la musique qui se déguste, très agréable à entendre, pop au bon sens du terme. Leur album nous avait plu dès la première écoute, et d’ailleurs il était en vente sur le stand merchandising situé au fond de la salle.

Ce concert était assez court, manifestement ils n’ont pas encore un répertoire abondant. Mais c’était bien sympa et nous avons passé un bon moment. Shane Butler joue sur une guitare folk électrifiée avec parfois un effet pour les soli, et non sur une guitare électrique. Visuellement il n’y a ’pas grand-chose à voir, ce n’est pas très spectaculaire.

En première partie il y avait une pianiste-chanteuse invitée pour l’occasion, Delphine Dora, qui donne aussi dans le psyché, sans l’évidence mélodique d’Olden Yolk. Mais ce qu’elle propose est assez original. En tout cas c’était cohérent avec la tête d’affiche du concert.

Notez bien cette salle, car la programmation est pointue et de qualité, et il y aura des choses très intéressantes en avril à l’Espace B, comme l’indique leur flyer.

The Nothing – The Last Dinosaur

Juillet n’est pas un mois habituel pour les sorties d’albums et pourtant nous avons trouvé cet artiste anglais totalement inconnu et qui risque de rester dans l’ombre, car il existe un groupe pop du même nom. Donc évitons la confusion, nous ne parlons pas du groupe qui a pondu le fantastique titre Zoom, mais d’un songwriter britannique, Jamie Cameron.

Leur nom est une allusion humoristique à leurs méthodes d’enregistrement rétro, et également à un dessin animé où l’on voit le dinosaure Denver décongelé par des adolescents. Leur premier disque est sorti en 2009, et celui-ci est le 3è. Il est sombre, empreint d’une réflexion sur la mort, dans le cas présent celle d’un ami avec qui il avait monté un groupe à 17 ans et qui a disparu dans un accident de voiture. Malgré ces tentatives discographiques, The Last Dinosaur est resté dans l’ombre et il est difficile de trouver des informations à leur sujet. « The Nothing » est sorti le 07 juillet  sur le label Naim Records.

Ce projet est donc le fait de Jamie Cameron et de son acolyte et ami Luke Haiden, et avec la participation d’une violoniste, Rachel Lanskey. C’est une musique acoustique et délicate, aux structures mélodiques bien anglaises, loin du folk malgré l’instrumentation similaire. Parfois vient s’ajouter un saxophone discret. Cet album comporte onze titres calmes et mélancoliques, quelques uns sont joués à la guitare, d’autres au piano. Notre préféré est le deuxième,  Grow, seul morceau de l’album où une batterie marque le tempo. Nous aimons bien aussi la chanson All My Faith. Elle est suivie d’un We’ll great Death lyrique à souhait.

Bref, c’est un album court mais néanmoins sympathique, qui convient parfaitement à cette saison où on a plus envie de se prélasser en terrasse où à la plage que de se défouler dans une salle de concert.

Thingy Wingy – The Brian Jonestown Massacre

Voici le nouvel album d’un groupe sulfureux de San-Francisco, réellement indé. La presse musicale le classe dans la rubrique psychédélisme, mais si vous attendez du Temples, vous risquez d’être décontenancé.

Il y a bien quelques références au psychédélisme sur la fin de l’album, mais plus que des arrangements originaux sortis d’on ne sait où, il y a un climat, une couleur dominante et une ambiance qui fait penser au Velvet Underground. Ce disque renferme de très bon titres comme le premier, Pish, qui est dansant et entrainant. Le reste de l’album est sombre et mélancolique et sonne très inactuel. Il y a un titre acoustique, plutôt folk, Dust, une reprise des légendaires 13 Floor Elevators.

Sinon, dans l’ensemble, c’est une formule à deux guitares, dont le jeu est de bon goût. Il n’y a qu’un titre plus faible, c’est le deuxième, Prsi Prsi, chanté en plusieurs langues, qui tranche sur le reste de cette production. L’album comporte aussi un blues dégénéré, Leave Me Alone , qui sent la jam session, mais n’est pas pour autant désagréable même s’il bouscule nos habitudes. Ce disque hors du temps ignore le rock des ces dix dernières années, mais qu’est-ce que la musique actuelle ? Ca sonne plutôt bien, même si ça  ne respire pas la joie de vivre. Nous l’avons écouté longuement sans nous ennuyer, et ça passe bien. Certes ce n’est pas l’album de l’année, mais il s’écoutera quand même, même si nous préfèrerions entendre quelque chose de plus électrique et de moins contemplatif.

Temples  – Festival Oui FM (Paris) – le 23 juin 2015

Nous sommes allés mardi soir Place de La République, à Paris, à l’occasion du Festival organisé par la radio Oui FM et la Mairie de Paris, pour voir la nouvelle sensation du rock britannique, les Temples. Ils sont parrainés par Noël Gallagher et ce groupe, formé en 2012, continue sur ascension sur les radio FM et dans les Festivals. Nous avions envie de voir ce qu’ils donnent sur une scène.

Ils ont joué les titres de leur album Sun Structures, et leur son est moins psychédélique que les visuels de leurs clips. Certes ils ont un look rétro, bien daté 1967, les cheveux longs et des guitares vintage, mais leur musique, elle, est bien sage. Nous nous attendions à quelque chose de plus ébouriffé et délirant, si l’on se réfère aux courant néo-psychédélique américain. Ils jouent les titres de leur album et ne partent pas en impro comme on pourrait s’y attendre de la part d’émules de syd Barrett. Non, c’est plutôt à Marc Bolan que leurs morceaux nous font penser, notamment le titre phare Keep In The Dark, principalement du fait de la voix de James Edward Bagshaw et de ses mélodies, une voix qui porte tout le groupe. En fait ce qu’ils jouent est très pop, très fin des sixties avec des refrains qui peuvent nous faire penser à Christophe ! Bref, cela frise la variété de cette époque et on ne peut s’empêcher de se demander ce que ça donnerait s’ils chantaient en français.

Mais on aime, et on leur reprochera seulement d’être trop scolaires et de jouer l’album sans en sortir. On s’interroge aussi sur ce revival psyché-pop qui, s’il donne lieu à des disques intéressants et des concerts agréables, semble tout droit tiré des scopitones d’époque aujourd’hui aisément trouvables sur youtube, et donc n’apporte pas grand-chose.

Peckinpah – le Chinois (Montreuil, 93) – 06 décembre 2014

Rendez-vous au Chinois, sympathique petite salle de concert de Montreuil, pour une soirée DJ avec en ouverture à 20H un concert du groupe parisien Peckinpah. Nous laisserons de côté les DJ disco pour nous concentrer sur le groupe qui a délivré ce soir-là un excellent concert.

Peckinpah se présente comme un groupe de psyché-rock, influencé par des groupes des années soixiante-dix comme Neu, Harmonia ou encore Amon Duul II, et aussi par les riffs des Stooges. La démarche est osée, et s’adresse à-priori à des connaisseurs. Il s’agit tout simplement de bon rock, le groupe ayant digéré ses influences et le côté psyché s’est estompé par rapport à leur premier EP qui évoquait surtout les Doors, et le son s’est durci, en particulier au niveau de la guitare, qui est parfois très seventies, mais qui ne se perd plus dans des envolées psychédéliques qui ont disparu au profit d’une formule plus concise. Les claviers sont présents sur tous les morceaux et ils sont bien intégrés à l’ensemble. Le groupe, que nous voyions sur scène pour la deuxième fois, a gagné en maturité et en efficacité, nous surprenant par sa prestation. Le nouveau répertoire correspond à leur deuxième EP et nous tenons là tout simplement un bon groupe de rock actuel, original et agréable à écouter, et qui gagne à être connu. Les époques se télescopent et les seventies rejoignent les années 2010. Nous retournerons les voir lors de leur prochain passage à Paris.