Island – Le Supersonic – 27 Avril 2018

C’est bien la première fois que nous allons à un concert sans avoir au préalable écouté quelque chose de l’artiste qui se retrouve sur la scène. Eh bien oui, nous vous l’avouons, nous sommes allés au hasard au club parisien le Supersonic ce vendredi soir. Pas sérieux, et c’est la première fois que cela nous arrive en cinq ans d’activité nocturne. Parfois on sort des rails !

Coup de chance, le groupe était bon. Certes, c’est de facture classique, ce n’est pas très audacieux, mais nous avons aimé leurs enluminures de guitare enveloppées de réverb et cette voix chaude et puissante. On peut y ajouter un excellent batteur et un bassiste souple à la longue crinière: voilà pour la description. Cela donne de la pop british punchy et aérée. Certes il y a plus original que ce combo qui travaille à Londres, mais nous n’allons pas cracher sur la qualité. Ce qui fait la force de ce quatuor britannique, c’est la voix de leur chanteur Rollon Doherty. Les musiciens de ce groupe ne sont pas en reste et chacun d’eux se démarque de ce qui se fait couramment en la matière. Sur la fin du concert il y eu des réminiscences de blues et des choses plus énergiques que leur indie atmosphérique qui les caractérise. Ils viennent de sortir leur premier album sur frenchkiss records et comme l’indique leur site web ils sont en pleine tournée internationale. Cela permet de constater que la capitale est toujours desservie par le rock’n’roll express et que le train ne manque pas notre station !

Empty Words – Whyte Horses

Voici le deuxième album de cette formation mancunienne pop. Produit dans les studios londoniens lovebuzz, il est l’œuvre de l’auteur-compositeur Daniel Thomas, fan des sixties, dénicheur de vinyles rares, et fondateur d’un label Finder Keepers. Mais ce n’est pas lui qui chante, il a fait appel à Audrey Pic, et on note également la participation de la chanteuse La Roux et de Mélanie Plain du groupe Nouvelle Vague. Ce disque est plutôt « joli » : c’est une collection de pop songs mélodieuses avec une production impeccable. Il est peut-être trop propre et trop bien exécuté. C’est un disque parfait pour le printemps.

Il commence par la chanson Counting Down The Years au beat d’airain. C’est un reproche que l’on peut faire à la plupart des morceaux de cet album : une rigidité rythmique qui fait parfois penser que ce sont des machines qui jouent. Le deuxième titre, Never Took The Time, est plus profond et agrémenté de violons. Mais le plus fort vient après, avec le troisième morceau qui s’intitule Greatest Love In Town, et qui est un petit bijou de pop sixties. Cette chanson est la preuve du talent de ce groupe et justifie à lui seul de se procurer l’album. Peut-être faut-il renoncer à écouter des albums et n’écouter que des titres isolés ou des singles ? Ne soyons cependant pas excessifs dans nos jugements, l’ensemble de ce disque est de la pop de qualité.

Le quatrième, This Dream, nous montre un autre visage du groupe, avec une chanson dépouillée, où la voix d’Audrey Pic n’est supportée que par un clavier. Là aussi, c’est une réussite et un titre fort de l’album. Avec le suivant, ils reviennent à ce qu’ils proposent au début du disque, à savoir une pop song mélodique avec de belles guitares à la The Byrds. Nouvelle surprise avec le septième, Watching TV, qui commence par un orchestre à cordes avant de lancer une rythmique dance qui permet à la chanteuse de faire des vocalises. Il atteint une autre dimension et ouvre sur des choses plus ambitieuses. Ecstasy Song, qui lui succède, est lui aussi porté par un beat dance, mais cela n’a rien de choquant tant le morceau est construit. Sa mélodie est de toute beauté. Changement vocal avec le neuvième titre, The Best Of It, où la chanteuse La Roux vient apporter un côté commercial. On se demande si c’est toujours le même disque que l’on écoute ! Passons sur The Return, un bref interlude au piano. C’est avec le onzième, si vous me suivez bien, Fake Protest Song, que l’on retrouve le fil directeur de l’album avec ses guitares si caractéristiques et la chanteuse habituelle. Le disque aurait pu s’arrêter là, mais Whyte Horses ne sont pas avares de chansons. Ils nous offrent un Don’t You Cry gentiment rétro et hyper-efficace. Puis c’est à nouveau un titre avec un orchestre à cordes, Nightmares Aren’t Real, suivi d’un morceau moins indispensable, avant de terminer par un magnifique morceau où il n’y a que la guitare et la voix, et qui est plus intéressant dans son dépouillement que le reste d’un disque trop bien réalisé par de bons élèves de la pop anglaise.

Au total quinze titres frais et agréables avec quelques vraies perles que nous comptons bien vous faire écouter dans notre playlist, en particulier la chanson The Greatest Love In Town, qui va nous accompagner pendant quelques temps.

How To Solve Our Human Problems – Belle and Sebastian

Nous n’aimons pas dire du mal d’un disque. Nous ne sommes pas là pour nous livrer à un exercice gratuit de dénigrement et préférons parler de ce qui nous a touché. Or, nous devons avouer notre déception à l’écoute de la mouture 2018 du groupe pop Belle and Sebastian.

Pour synthétiser, c’est un album destiné au grand public, si cette expression a encore un sens. Le son est excellent, c’est très bien produit, rien à dire à ce niveau. Mais il commence par un titre disco, Poor Boy. Lequel ne swingue pas un caramel, ce qui est un comble pour de la musique se voulant dansante. Le suivant, Everything Is Now, nous remonte le moral. Comme c’est beau ! Intro à l’orgue, arrangements pour cordes, tout cela est bien romantique. Et c’est l’une des deux seules chansons réussies. La troisième chanson est plus simple, et donne dans un genre funky. Nous nous sommes complètement égarés.

Ces artistes ont pourtant un passé glorieux. Suit un titre qui fait penser à Paul Simon. Une ballade aux confins du folk et de la pop. C’est le dernier morceau, Best Friend, qui sauve le disque. C’est de la pop façon Tamla Motown, et ce titre à lui seul justifiera l’écoute de cet EP. Bon, un titre sur cinq, c’est un mauvais score, un single aurait suffi.

Olden Yolk – Espace B – 01 Avril 2018

Nous voici de retour au nord de Paris dans ce lieu dynamique qu’est l’Espace B pour un concert du groupe New Yorkais Olden Yolk.

Si sur leur album il y a basse et batterie en plus de la guitare et du piano, sur scène c’est en duo qu’ils se produisent : Shane Butler au chant et à la guitare, et Caity Sheffer au piano et au chant. Malgré cette absence d’accompagnateurs, la sauce prend et dès le deuxième morceau Cut To Th Quick on reconnait leur manière et on tombe sous le charme pop psyché folk mélodique et délicate. C’est qu’ils savent composer de bonnes chansons qui restent dans la tête. Ne vous attendez pas à une débauche d’énergie et à des rythmes endiablés, ce n’est jamais très speed ni violent. C’est de la musique qui se déguste, très agréable à entendre, pop au bon sens du terme. Leur album nous avait plu dès la première écoute, et d’ailleurs il était en vente sur le stand merchandising situé au fond de la salle.

Ce concert était assez court, manifestement ils n’ont pas encore un répertoire abondant. Mais c’était bien sympa et nous avons passé un bon moment. Shane Butler joue sur une guitare folk électrifiée avec parfois un effet pour les soli, et non sur une guitare électrique. Visuellement il n’y a ’pas grand-chose à voir, ce n’est pas très spectaculaire.

En première partie il y avait une pianiste-chanteuse invitée pour l’occasion, Delphine Dora, qui donne aussi dans le psyché, sans l’évidence mélodique d’Olden Yolk. Mais ce qu’elle propose est assez original. En tout cas c’était cohérent avec la tête d’affiche du concert.

Notez bien cette salle, car la programmation est pointue et de qualité, et il y aura des choses très intéressantes en avril à l’Espace B, comme l’indique leur flyer.