Faces On TV – Pop-Up Du Label – 30/05/19

C’est avec plaisir que nous avons retrouvé la salle de la rue Abel cette fois-ci pour y entendre du trip-hop continental venu de Belgique.

Faces On Tv, c’est avant tout Jasper Maekelberg, qui sur scène chante et joue de la guitare, mais pas sur tous les morceaux. Il était accompagné à Paris par un bassiste, un batteur avec un gros son amplifié et d’une fille au clavier qui chante également, et plutôt bien. De toute façon, les vocaux sont soignés, les deux voix se mélangeant habilement.
Nous voici donc dans un climat chaud et enfumé (même si personne ne fumait dans la salle, mais bon, c’est du trip-hop !) qui nous change des assauts de guitares. L’ensemble est pop et les beats sont lourds, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Jasper ne fait pas grand-chose à la guitare, il joue des parties simples, mais il faut dire qu’il chante en même temps ! Sur la longueur le set est cohérent et se déroule bien, si ce n’est qu’un morceau se détache du lot et il est le seul à nous avoir fait chavirer, c’est la chanson Love / Dead que nous vous conseillons. S’il y a une justice, elle devrait faire un malheur et devenir un classique dans votre collection de disques. C’est une tuerie ! Donc une soirée de bon ton, avec un bon son qui a parfois un côté dub. Il y avait quand même de l’indie-pop au programme avec la première partie du jeune Raymond Amour. Un nom dans l’air du temps, une musique sympa avec de la vraie guitare dedans !

New Shores – Black Submarine

Nous avons plutôt l’habitude des chansons brutes et énergiques, courtes et incisives, plus que des dérapages vers la sophistication et la rencontre musicale. Cet album de Black Submarine nous prend à contrepied en proposant un trip-hop rock osé et particulièrement envoûtant.

Ce projet des anciens membres de The Verve, Nick McCabe et Simon Jones, est sans doute cérébral, mais prend aux tripes et s’adresse aussi au corps par sa rythmique puissante : le batteur Mig Shillace est impressionnant d’efficacité et assoit les mélodies du groupe sur une base solide que nous n’avions entendues que dans le dub anglais. Des mélodies, il y en a, et bien écrites, chantées tantôt par la voix masculine de l’un des musiciens, Nick MacCabe, tantôt par une Amelia Tucker remarquable dans ses développements du chant sur la trame harmonique. Cet album intéressera aussi bien les fans de Portishead que les amateurs de pop anglaise et nous osons dire que Back Submarine est un groupe qui avance, ce qui est rare en ses temps où l’on nous propose des kilos d’électro pop commerciale et rarement des expérimentations musicales. Pour une fois qu’un groupe tente un mélange audacieux, profitons-en.

L’album s’ouvre par le titre éponyme Black Submarine , angoissant et bruitiste, sorte d’intro qui nous balance du son plein les oreilles, histoire de nous mettre en appétit, mais qui donne une fausse idée de l’album. Puis le groupe nous joue un Here So Rain qui est selon nous le titre le plus efficace de ce CD, avec une basse-batterie implacable digne des productions d’Adrian Sherwood, et des violons qui relèvent le morceau. On entend les cordes sur le titre suivant, Heart First, lyrique et pop à souhait. On retrouve le groove infernal sur The Love In Me et sa guitare torturée. Moment d’accalmie avec l’acoustique Move Me A Mountain, qui tombe à pic après la furia du titre précédent. On repart en douceur avec Is This All We Feel ?, comme quoi l’ordre des morceaux est lui aussi pensé comme devant s’intégrer à un tout. Cette musique est manifestement pensée pour le live et n’est pas seulement un travail de studio, d’ailleurs les synthétiseurs sont discrets sauf sur l’intro, et la plupart des titres sont rehaussés de vrais violons, arrangés par Davide Rossi.

Le 7è titre, Everything That Happened To Me Is You, est la plus belle chanson de l’album, et nous montre ce que donne un groupe pop britannique en acoustique, quand il ne sort pas l’artillerie lourde. On retrouve quand même la section rythmique sur le suivant Lover, qui n’est pas mal non plus, reconnaissons-le.  Le titre Heavy Day sonne convenu, avec la même batterie que Here So Rain et son chant plus commercial. Nous préférons la mélodie de You’ve never Been Here, plus sereine et plus touchante, moins braillarde que le précédent morceau, et qui clôt normalement le disque.

La version CD comporte 3 titres de plus que le vinyle, dont un fantastique Just A Second Away qui rappelle un peu le Black Rock des 70’s de Funkadelic, et deux titres moins intéressants, que nous ne passerons pas en revue.

Pour résumer, nous dirons qu’il s’agit d’un album riche, un peu long (les titres font parfois jusqu’à 7 minutes), mais passionnant, captivant de bout en bout. Il en donne pour son argent, si on pense que la pop ne se réduit pas à Blur (que nous aimons bien), et si on espère entendre quelque chose de neuf qui fait avancer la musique. Ce disque est, je vous le confie, ce que j’aurais rêvé de créer en tant que musicien, il y a dix ans. Black Submarine a réalisé la musique que beaucoup rêvait d’entendre, un grand merci à eux.