Buzzcocks – Sonics In The Soul

Groupe punk-rock de la première vague britannique fin des seventies, Les Buzzcocks reviennent avec un dixième album.

Départs et décès de leur leader Pete Shelley n’auront pas altéré leur style fait de chansons  dans une forme punk rock immédiatement reconnaissable. C’est aujourd’hui Steve Diggle, l’un des fondateurs, qui chante et cela ne cause pas de rupture dans le style du groupe. C’est justement une caractéristique de cet album de 2022 : c’est du Buzzcocks. On les retrouve en 2022 avec plaisir même si cela ne va pas bouleverser le paysage musical.

L’album débute par un titre qui semble sortir de l’un de leurs anciens albums. Il est suivi par des morceaux plus pop. Mais, sur les deux autres tiers de l’album, on rompt avec les évidences pour entrer dans du rock britannique de bon aloi. Cela commence avec Bad Dreams, qui ressemble à ce que peut faire Paul Weller, puis avec le très guilleret Nothingless World.

On passe ensuite à un titre plus brutal, carrément garage, qui contraste avec la joliesse du précédent et où les guitares prennent plus de place. Le punk façon Buzzcoks, que l’on retrouve avec Just Don’t Let It Go, tout de rage exprimée. Une deuxième apparition pop-punk, Everything Is Wrong  lui succède et montre leur capacité à varier les plaisirs. Plus surprenant est Expérimental Farm, qui vous fera immanquablement penser à Led Zeppelin

. On retrouve l’inspiration du début de l’album avec Can You Hear Tomorrow. On se laisse emporter à nouveau par cette force british qui nous plait bien. Et avec le dernier morceau de l’album, on est en plein dedans. Venus Eyes, c’est son nom, est proche de ce que peuvent faire des groupes britanniques plus jeunes que nos papys de Manchester, qui nous montrent cependant qu’ils sont encore capable de nous donner un bon disque partagé entre la formule qui les a fait connaitre et du rock solide.

The Coathangers – The Devil You Know

Ce sixième album du groupe féminin d’Atlanta de garage-punk est sorti il y a un an mais nous ne l’avons découvert que lors de leur récent passage en concert dans la capitale et il aurait été dommage de le passer sous silence. Il vient après l’excellent « Noisebleed Weekend » que nous avions longuement écouté.

The Coathangers sont en activité depuis 2007 et, depuis leur deuxième album, sur le label Suicide Squeeze. Le nom du groupe fait référence à une méthode rudimentaire d’avortement. Leur version du punk est fraiche, mélodique, pas oppressante. Le chant est assuré à tour de rôle par la guitariste Julia Kugel et la batteuse Stephanie Luke, la bassiste Meredith Franco restant discrète.

Le disque commence par le titre Bimbo qui montre une nouveauté dans leurs compositions, à savoir l’alternance d’une partie légère et d’une partie plus violente, ce qui surprend à la première écoute. On retrouvera cette formule tout au long de l’album.

5 Farms, est speed, entrecoupé de passages rigolos et inattendus, ce qui apporte une originalité à un swamp rock conventionnel. Le suivant est du garage, avec un refrain hurlé plus que chanté. Il se nomme Crimson Telephone. Arrive ensuite un titre fort comme elles savent le faire, plus dans leur style habituel, et Hey Buddy, est l’une des perles de l’album. Et elles ne s’arrêtent pas là, on enchaine sur Step Back, lui aussi excellent avec son refrain plein de « ouh ouh ouh » et sa rythmique bien sympa. Elles montent d’un cran avec Stranger Danger qui est le « tube » de l’album si l’on peut utiliser cette expression. Lui aussi reprend la formule couplet cool, refrain violent. Notre préféré de tout « The Devil You Know ».

On passe ensuite à du punk plus classique mais néanmoins efficace car entre de bonnes mains avec Fuck the NRA qui traite du lobby des armes aux USA. Elles savent le faire comme le montrait déjà leur chanson Make It Right. Moment rare où elles crient leur rage. Memories, qui lui succède, est plus dans la veine de l’album précédent, pour notre plus grand plaisir. Très bon morceau. Vient alors un autre morceau « tubesque », Last call, qui nous ravit, et qui est dans la manière de ce nouvel album, même s’il commence doucement. Stasher, le dixième titre, détonne par son chant suraigu et sa guitare note à note. Ce morceau fait maquette. Elles terminent en beauté avec une ballade très calme, Lithium. Normal, c’est une ballade. Nous avons presque les larmes aux yeux !

Bon, dans l’ensemble, à part un morceau, il n’y a rien à jeter, et encore, le morceau en question est drôle.

The Outcasts – la Java – 14 avril 2019

La Java est une magnifique petite salle située dans le quartier de Belleville (Paris) et elle était ce soir-là investie par l’association Les Barrocks pour un concert punk de premier choix avec les Irlandais de The Outcasts.

The Outcasts sont un groupe punk de la fin des années 70, leur premier album est sorti en 1979 et ils se produisent de temps à autre dans la capitale française. C’est leur troisième concert sur Paris ces dernières années, après l’Olympic et la Maroquinerie. Pour décrire leur style, c’est du punk-rock britannique dans la lignée des Sex Pistols et du Clash des débuts. S’ils ne sont plus tout jeunes, ils ont encore de l’énergie à revendre à défaut d’innover. Leur set a commencé par une reprise d’Iggy Pop et s’est terminé par une reprise de The Clash. Entre les deux, les titres qui les ont fait connaitre du public rock, comme The Cops Are Coming et Self Conscious Over You. Les voir sur scène permet de comprendre ce que fut le punk-rock britannique de la première époque car ils en sont des représentants authentiques. Profitons-en pendant qu’il en est encore temps, car après il n’y aura plus que les vidéos et les archives.

A la même affiche, nous avons pu aussi revoir le groupe parisien Warum Joe, dont nous vous avons déjà parlé sur ce site, et réentendre leur électro-punk si personnel. A notre connaissance, aucun anglo-saxon n’a fait la même chose que cette combinaison boîte-à-rythmes, riffs à la Ramones et synthés qui partent en vrille. Seul avant eux Métal Urbain avait emprunté cette voie.

Le premier groupe de cette soirée était Gonna Get Yours, qui a chauffé la salle avec du speed punk sensiblement différent de ce que faisaient la première vague et légèrement stéréotypé. Mais dans le genre ils ne sont pas mauvais et devraient satisfaire les amateurs du genre.

Pour résumer, cette soirée présentait un intérêt historique sans être rébarbative ni inconfortable, et instructive pour toute personne s’intéressant au punk.

Dark Black Makeup – Radkey

Contrairement à leurs ainés des Ramones, les membres de ce groupe sont de vrais frères, originaires de St-Joseph dans le Missouri. Comme les Ramones, ils pratiquent le punk rock à un excellent niveau. En dépit de leur jeune âge, ce premier album est au niveau de groupes ayant plusieurs années d’existence et de nombreuses heures de vol.

Ce disque n’est pas composé que de titres Hardcore, même s’il y en a. Radkey varie les tempo et les influences en restant homogène, avec un même son tout au long de l’album. Cela ressemble à Rocket From The Crypt et on sent qu’ils ont fait la première partie de Fishbone. Cet album correspond à ce qu’ils jouent sur scène, c’est le même répertoire, comme nous avons pu nous en rendre compte au mois de juin dernier lors de leur passage à la Maroquinerie. On retrouve sur disque ce qui nous avait frappé en live : l’énergie, la fougue et la qualité des vocaux. Si vous pensez qu’un groupe punk est une réunion de braillards, Radkey vous fera revoir votre jugement. Et le chanteur n’a que 17 ans !

C’est un pavé dans la mare du punk US et ce disque mérite votre attention. Il renouvelle un genre que l’on croyait à bout de souffle. Leur credo est de puiser dans le rock des années soixante-dix qu’ils ont trouvé dans la discothèque de leurs parents, car c’est selon eux la meilleure période du rock.

Certes ce n’est pas du pop-punk californien à la Green Day mais les morceaux sont néanmoins très mélodiques. Le son est américain, c’est clair, mais ça ne touche pas au métal comme on pourrait le craindre et à défaut de sonner original c’est terriblement efficace. Les Radkey sont visiblement doués et ils apportent un air frais à un genre qui peut facilement tourner en rond. Ils ont l’avenir devant eux et on reparlera certainement d’eux dans quelques années. Si vous aimez le punk et le garage, voici un groupe qui vous ravira. Nos titres préférés :  Feed my brain et  Evil Doer qui étaient sortis en single et dont Indiepoprock vous a déjà parlé.

999 – la Java- 14 février 2014

Ce soir-là, la Java, Club où se tiennent habituellement des soirées électro, ouvrait ses portes au rock en accueillement ce qui s’annonçait comme l’évènement punk rock de 2014 : le concert du groupe historique 999, formé à la fin des années 70.

Hélas, ce concert ne fut pas à la hauteur de la légende et la magie était absente. Ce fut une honnête prestation d’une musique quelconque, comme le font des milliers de groupes, ni bonne ni mauvaise, avec un chant qui ne valait pas ce qui s’entend sur leurs albums. On retrouvait pourtant la basse agile et survoltée, les guitares tranchantes et le batteur faisait le boulot.

Les 250 spectateurs étaient heureux de voir une légende vivante, encore en forme et énergique, mais les Rolling Stones sont toujours en forme à 70 ans. Le public dansait, manifestement content de ce qui sortait de la sono, les figures du rock’n’roll parisien étaient là, mais le set proposé n’avait rien de transcendant. Ils jouèrent leurs vieux titres, issus pour la plupart du premier  album du groupe, et terminèrent par une version de leur fameux titre Homicide qui réveilla l’intérêt de la soirée. 999 fit un rappel avant de quitter définitivement la petite scène, nous laissant sur notre faim.