Ladytron

Qu’est-ce qu’un artiste pop en 2019 ? Ou un disque pop ? Est-ce la médiatisation, ou le sens de la chanson qui fait mouche ? Pour ce qui est la médiatisation, Ladytron n’en est pas là. Ce groupe électro est sur le métier depuis 20 ans avec ses synthés analogiques et ses voix délicates sans avoir atteint la renommée de Depeche Mode !

Ce n’est pourtant que leur sixième album, survenant après une pause de sept ans. Un nouveau départ sur leur label Ladytron Music, un retour en grâce auprès des amateurs de sonorités électroniques et d’harmonies vocales. Harmonies vocales, c’est ce que qui caractérise ce groupe et ce qui fait son charme. La manière de chanter d’Helena Marnie et de Mira Aroyo nous touche au plus près malgré une froideur distanciée. Et ces voix se fondent dans les nappes de synthétiseur avec intelligence. Leur son est compact, les batteries martiales d’Igor Cavalera (Sepultura) viennent se poser des couches denses de synthétiseurs gras.

L’album débute par un titre qui rappelle leurs précédentes productions, Until The Fire. Les fans sont rassurés. La batterie assène son beat sans faiblir du début à la fin. Vient ensuite un morceau tape-à-l’oeil qui tranche sur le reste de l’album et peu convaincant, The Island. Il est tellement différent de ce à quoi ils nous ont habitués que s’en est gênant. Mais l’ensemble de l’album efface cette impression bizarre. Dès le troisième morceau on retrouve le Ladytron que l’on aime, avec la chanson Tower Of Glass et sa basse puissante et son synthé obsédant. L’une des plus belles mélodies de ce disque. Avec le splendide Far From Home, c’est le retour du Ladytron d’autrefois. Paper Highways, qui lui succède, est presque du punk électronique, avec une construction couplet/refrain qui nous ravit. On se surprend à chantonner en l’écoutant. On reste dans l’énergique avec The Animals, du rock au synthétiseur, pour tout dire. La batterie est aussi implacable qu’une boite à rythmes. Run, est un morceau lent et vicieux qui ne laisse pas indifférent. Lui aussi fera bonne impression en live. On repart sur un tempo moyen avec Deadzone, aux réminiscences dark, et qui est une tuerie. Il ferait un bon single. Figurine reste dans la même ligne et est bien accrocheur. You’ve changed, lorgne vers l’électro-goth et nous rappelle les soirées dark d’il y a dix ans. C’est le seul morceau typé de l’album. Horoscope est plus surprenant et innovant avec son alternance de moments calmes et de rythmes tribaux. On peut y entendre une guitare avec de la fuzz vintage, ce qui n’est pas pour nous déplaire.  On se calme avec The Mountain, presque récité, toujours avec un refrain superbement amené, ce qui est une caractéristique du groupe. L’album se clôt par un presque a-capella qui démontre leurs capacités vocales en restant dans la veine habituelle du groupe.

Bref, c’est un bel album qui fait aimer l’électro à ceux qui n’en sont a priori pas adeptes.

Trentemoller – l’Élysée-Montmartre – 31 janvier 2017

Trentemoller est connu du public rock pour un remix électro d’un titre du groupe Savages et c’est ce qui nous amené à aller le voir se produire en live en pleine semaine dans une salle parisienne.

. Avec ce concert de cet artiste électro, on ne pourra plus nous accuser de ne pas être ouverts. C’est en effet très loin du rock, et même loin de l’électro-pop de 2017 ou de Dépêche Mode. Nous avons assisté ce mardi à un set de musique électronique expérimentale. En même temps, il y a eu plus radical avec l’électro-indus que l’on pouvait entendre chez les gothiques.

Ce qu’on peur reprocher à ce genre de performance, indépendament de tout jugement de valeur, c’est qu’il s’agit d’une musique qui s’écoute assis, et nous ne voyons pas très bien l’utilité de rassembler un millier de personnes dans une salle de concert pour une telle scéance. Au 104, on est assis sur des sièges. Nous avons entendu la même chose en petit comité il y a dix ans, il n’y a absolument rien pour les yeux, ce n’est pas uns show, et il ne se passe rien dans la salle. On pourrait très bien écouter le travail de Trentemoller dans son salon sans avoir besoin de se déplacer en métro. Une autre dimension absente de cette musique, c’est celle de la danse. Il existe pourtant des musques électroniques dansantes.

Il y a cependant un point commun avec le rock, c’est l’omniprésence tout au long des morceaux d’une basse soutenue et bourdonnante. Par contre, il n’y a pas souvent de drums, et les beats utilisés sont pauvres par rapport à ce qui se fait à notre époque. Nous ne voulons pas vous dissuader d’écouter ce genre de musique électronique, nous voulons seulement exprimer qu’une salle de concert prévue initialement pour d’autres musiques n’est pas un endroit approprié. En tout cas, cela nous aura permis de découvrir l’Elysée-Montmartre après travaux de réfection et cette salle est de nouveau fonctionnelle. Elle a retrouvé son cachet et son charme d’antant. Voilà déjà une bonne nouvelle pour les parisiens et les artistes.

Miami vice – DJ Cam

Le moment est venu de parler d’électro.

Nouvel album du DJ français DJ Cam, pionnier depuis 1994 d’un genre nommé abstact hip-hop, au croisement de l’ambient et des beats syncopés. Il s’était fait remarquer en produisant des albums instrumentaux séduisants et originaux pour l’époque.

Force est de constater qu’aujourd’hui l’électro s’est tellement popularisée que l’effet de surprise ne fonctionne plus. Ses boîtes à rythmes sonnent cheap, nous rappelant la deep house, ses nappes de synthétiseur sonnent convenues. La drum’n’bass et l’ambient ont accroché nos oreilles et les ont habituées à plus d’audace. Il faut attendre le cinquième titre de l’album pour entendre un agréable piano, et c’est les quatre titres rappés les plus convaincants sur cet album. Dommage pour un artiste dont la musique instrumentale nous emportait vers de douces rèveries parmi d’envoutants paysages sonores.

Le titre en ouverture de l’album sonne plat, le disque dans son ensemble ne fait que répéter le brillant passé de l’artiste. On préférera le DJ Kicks paru en 1997 pour une entrée en matière. On n’épiloguera pas sur le sample d’In The Air Tonight de Phil Collins et la mégalomanie du titre, qui ne nous a pas empêché d’écouter l’album du début à la fin, et ce plusieurs fois de suite, comme quoi nous sommes tolérants. Cet album est la B.O. d’une série qui est devenue culte, parait-il, mais il nous parait un peu léger pour une musique de film. Nous sommes loin de ce qu’à pu faire Herbie Hancock avec des synthétiseurs.