Inner City Dream – Wesley Fuller

Complètement incongru et en dehors des courants actuels, cet album de l’australien Wesley Fuller étonne par sa fraicheur et sa spontanéité. Il se situe entre Marc Bolan et les 60’s, et nous délivre un rock joyeux et mélodique comme on n’en faisait plus.

Les mélodies sont évidentes et dès la première écoute on pense aux Beatles et aux Kinks pour leur sens de la chanson pop, et à Marc Bolan de T-Rex sur d’autres morceaux. Chansons entrainantes et ensoleillées, simples et directes, comme l’on en entend rarement. Pourtant, cet artiste aux cheveux longs est trop jeune pour avoir connu le Swinging London. Et cet album ne fait pas non plus dans le trip rétro pointilleux. C’est un rock comme l’on en entendait plus. Repéré par le label londonien 1965, ce jeune talent venu de l’hémisphère sud nous a immédiatement charmés et nous ne pouvions décemment laisser ce disque dans l’anonymat. Il y a des tas de jeunes groupes frais et excitants en 2017 et il s’agit de le faire savoir au public francophone. Ces années 2010 sont passionnantes si l’on s’en tient à la musique qu’on peut entendre si on cherche. Moins passionnantes si on regarde ce qui fait notre quotidien. Mais en ces temps de morosité et de début de reprise économique il y a moyen de se remonter le moral et de vivre de bons moments en attendant mieux. C’est que la musique se porte bien, en termes de qualité, même si cela n’apparait pas au grand jour.  Et les jeunes artistes n’ont pas fini de nous surprendre.

L’album débute en beauté par le titre Inner City Dream, et entre dans le dur avec le suivant, Someone To Walk Around With, avec son beat à la Bo Diddley et ses harmonies Beatles. La superbe Skyways, un truc qui aurait pu figurer sur un album des Dukes Of Stratosphear. C’est tout à fait le même genre de mélodie. Arrive ensuite un son plus crade, plus glam-rock, avec le titre Better Of Me. Wesley Fuller enchaîne sur une chanson plus naïve, avec un synthé kitch, Morality. Refrain magnifique. On revient à l’influence Beatles avec All The Colours, qui est moins rapide mais plus profond. First song est le titre le plus tubesque de l’album, qui nous rappelle cette fois-ci le groupe gallois XTC par sa construction complexe et ses guitares. It Can Change My Ways est plus proche de Marc Bolan et lui aussi très bien construit. Les guitares sont hyper-efficaces et moins cristallines, plus garage psyché. Biggest Fan est différente, plus brute de décoffrage, et néanmoins très efficace. Les deux titres suivants sont décevants car un peu mous, même si Wish You Would évoque les hits radiophoniques des Kinks. Miranda Says, n’est pas mal non plus, malgré son absence de guitares au début du morceau. Ce titre avec beaucoup de claviers surprend par sa sophistication. No More Chances, qui clôt l’album revient dans l’énergique et le jerk sixties.

Cet album n’est manifestement pas fait pour se prendre la tête et ne cultive pas les climats ambigus. Malgré sa troublante ressemblance avec de grands anciens, il ne sonne pas daté, même si rares sont les artistes aujourd’hui à emprunter cette voie. Il n’annonce certes pas un changement dans le rock mais montre un retour aux pop songs qui fait plaisir à entendre.

Slow Down – The Madcaps

A l’écoute de ce troisième album du groupe rennais, on se dit que ce disque a été enregistré dans les années 60. Puis, en revenant sur le métier, on se rend compte que ce n’est pas le son qui est rétro mais la forme. Mais cet objet insolite est plutôt sympathique, même s’il est traditionnel.

Ce n’est pas du garage rock frénétique mais du millésime Peebles, avec des influences Beatles, Rhythm’n’Blues et Kinks. Si vous souhaitez, comme le dit la chanson, aller danser le jerk en sortant du bureau, c’est parfait pour vous. Bon, ce n’est pas le premier groupe sixties français que nous entendons, en fait il y en a toujours eu dans notre beau pays, même s’ils ont rarement eu les faveurs des médias. Cet album est sorti en Mars 2017 sur le label Howlin’ Banana et est bien accueilli par nos confrères. Il constitue une parenthèse agréable dans le paysage musical actuel. Nous avons longuement hésité à le chroniquer, nous demandant si ce n’était pas un gag. Non, pas plus que Gaspard Royant.

Le premier titre, No Friend OF Mine, est digne musicalement du grand Nino Ferrer, même s’il est chanté en anglais. C’est  un jerk sautillant agrémenté de cuivres. Le second, Come, sonne franchement Beatles, ce qui est une surprise de taille. Il est très proche de leur hit Ticket to Ride. Avec le suivant, She’s so Hot, qui fait référence aux Rolling Stones, on trouve des réminiscences psyché à la guitare. Changement d’ambiance avec Fair Enough, qui est plus dans la veine des Inmates et de Doctor Feelgood, c’est à dire du pub rock énergique et légèrement crade. C’est l’un des meilleurs titres de l’album, et qui ne fait pas folklorique. Le Passe Muraille est en anglais contrairement à ce qu’indique son titre. Il est construit sur du surf rock, donc un son plus pur, avec une mélodie catchy à la guitare. Slow Down, le morceau qui donne son nom à leur album, fait lui penser au rocker noir Screamin’Jay Hawkins qui s’est fait connaître dans les années 50. Un slow blues traditionnel donc, qui part en délire puis s’accélère. Le titre suivant est dans la même veine, celle du rock’n’roll de musiciens noirs, moins connus du public qu’Elvis Presley mais fondamentaux pour l’histoire du rock. Autre style avec le morceau Chill Pants, qui est dans la manière du groupe de funk rock de la Nouvelle Orléans The Meters, artistes favoris de Keith Richards. On retrouve l’orgue vintage et les ryhtmiques funk old school de cette ville du sud des Etats Unis proche géographiquement et musicalement des Antilles. Los Morning Blues, qui suit ce remarquable morceau, est le plus moderne de l’album. On pourrait penser au rocker Chris Isaac. Il n’y a pas les cuivres sur ce titre. L’album se termine en beauté avec Devil Money, qui revient aux sixties après ce long voyage musical.

En fait, cet album fait montre d’une énorme culture musicale et d’une vraie diversité de références, toutes antérieures aux années psychédéliques. Comme si le temps c’était arrêté en  1967. Nos appréhensions ont été levées en écoutant le disque du début à la fin et nous avons pris un réel plaisir. Certes, il est complètement inactuel et fait preuve d’une radicalité dans la démarche, car c’est absolument en dehors des tendances.

French Boutik – Gibert Musique (Paris-St-Michel) – 25 novembre 2016

Nous avons choisi de vous parler d’une initiative plus qu’intéressante du disquaire du Quartier Latin à Paris Gibert Musique : faire jouer un groupe dans le magasin pour la sortie de leur album. Nous tenons à faire connaître ces concerts promotionnels, gratuits et dans des condtions techniques minimales, dont nous avons connaissance par le bouche-à-Oreille.

C’est là l’occasion de défendre des groupes hexagonaux qui de battent pour leur musique. Certes les groupes que nous avons vus jusqu’à présent ne sont pas des nouveaux venus : French Boutik, comme les fantastiques Soucoupes Violentes et Wahington Dead Cats qui les ont précédés dans ces lieux, sont tout sauf des débutants. Serge Hoffman, le guitariste de French Boutik, joue depuis 30 ans dans des groupes de rock. Mais cette génération de rockers parisiens semble increvable. Si leur style de rock est daté, et ne correspond plus à ce que font les nouveaux artistes, ça fait toujours plaisir de les entendre en live au mileu des étagères de disques. French Boutik n’échappe pas à ce destin : leut rock sixties mélant jerk et mélodies naïves ne date pas d’aujourd’hui, et le rock a vu plus violent qu’eux. Il attisera la nostalgie des quinquagénaires à qui il feront constater l’acart entre l’explosion musicale des 80’s et le calme évident de notre époque. Ce concert n’était pas exceptionnel, la sono minimale laissait trop de place au bassiste et pas assez à la guitare, qui a un super son sur leur nouvel album « mieux comme ça » dont l’écoute nous a amené à nous déplacer pour les voir. A part le titre « je regarde les tigres » nous n’avons rien entendu qui soit à la hauteur de leur réputation. French boutik sont des puristes, qui ont participé à un festival mods en Grande-Bretagne et joués à Hambourg comme les Beatles. Ils ne jouent pas une musique vraiment moderne, mais telllement sucrée et rafraichissante que nous en redemandons.

The Courettes – La Féline (Paris-Ménilmontant) – 27 octobre 2016

La Féline n’est pas une salle de spectacle mais c’est tout comme : un bar rock de ménilmontant équipé d’une scène, connu des afficionados parisiens, et qui se soir là était bondé pour un excellent groupe que nous avons découvert à cette occasion.

The Courettes donnait deux concerts en région parisienne, un à la féline, l’autre à Mantes-la-Jolie. Ce groupe est originaire du Danemark et a sorti son premier album en 2015. Dans l’assistance, nous avons remarqué des organisateurs de concerts et des musiciens, et cela nous fait chaud au coeur de voir qu’ils savent encore apprécier le rock. Quelques mots sur le style paratiqué par ce groupe : look sixties, formation réduite à une chanteuse-guitariste accompagnée d’un batteur, pour un rock minimal légèrement rétro. C’est Flavia Couri, la guitariste, qui donne le tempo et assure le beat par son jeu de guitare implacable, qui doit beaucoup à Bo Diddley et aux Kinks. Le batteur se cale un peu laborieusement sur la guitare et place des beats somme toutes assez classiques, ce n’est pas du tout expérimental comme musique. Le son de la gratte est sale, pas du tout rockabilly, et notre Flavia ne joue donc pas avec un son clair mais un son rugueux et brut, un son des années 60, d’avant le psychédélisme et le hard-rock. Ce duo retrouve la veine des groupes des origines, et ses riffs vont à l’essentiel. C’est pour nous une vraie révélation et The Courettes sortent du lot des groupes garage, aidé en cela par des mélodies naïves. Ils sont largement au-dessus de ce qu’on peut entendre habituellement dans le genre dans les bars de la capitale. Ceux qui ne sont pas venus à ce concert ont raté quelque chose, pourtant le bouche-à-oreilles a fonctionné cette fois-ci. Ce groupe apporte un bain de fraîcheur et d’authenticité au rock d’aujourd’hui et cela nous va droit au coeur.

Bertrand & les Actionnaires – le Chinois (Montreuil, 93) – 27 juin 2014

Etant toujours à la recherche de groupes français prometteurs, nos pas nous ont amenés à Montreuil, en banlieue parisienne, ce vendedi soir.

Le Chinois n’est pas un bar mais une petite salle de concerts de 300 places avec des loges et une scène sur laquelle nous avons pu voir Bertrand & Les Actionnaires. Nous ne connaissions pas auparavant ce groupe, qui s’et formé en 2013 et donnait là l’un de ses premiers concerts, si ce n’est le premier. Nous avons découvert ce soir là le répertoire de cette formation de cinq musiciens.

De quoi s’agit-il ? D’abord d’un chanteur élégant, aux textes intelligents, drôles et détachés, légèrement cyniques, qui chante un peu à la manière de Katerine et des Little Rabbits. Il est accompagné d’un groupe qui ne brille pas par son originalité et la nouveauté de leur musique mais qui est correct pour un petit concert parisien. Jouant devant trente personnes, pour la plupart des amis ou des connaissances, Bertrand & Les Actionnaires font danser les filles et ils ont un quelque chose d’intéressant dans ce qu’ils proposent au public.