Goat Girl – L’Espace B – 16 mai 2018

Nous n’en revenons toujours pas : les musiciennes du groupe Goat Girl sont jeunes, très jeunes. Pourtant ces cinq gamines londoniennes ont déjà une personnalité affirmée et proposent une musique peu commune par les temps qui courent.

Leur album a depuis longtemps attiré notre attention et nous étions impatients de les découvrir sur scène sans toutefois avoir une idée de ce qui nous attendait. Nous sous sommes fiés uniquement à nous oreilles et elles nous ont dit « go » ! Et bien en live ce sont deux guitaristes dont une qui chante, une bassiste, une batteuse et une violoniste. Leur swamp rock emprunte aux années 50, au blues et au folk, elles ont un son clair, sans effets et encore moins de saturation, et la voix de leur chanteuse est d’une étonnante maturité. Encore une fois, nous ne nous doutions pas de leur âge en écoutant leur disque. C’est carrément un groupe important et l’une des meilleures choses qui se soient faites en rock indé ces dernières années. Et c’est original par rapport à tout ce qui sort de Grande-Bretagne. Pour nous, c’est une des perles du rock actuel et nous vous conseillons vivement d’acheter leur album.

Vous avez sûrement déjà pu entendre leur titre phare Country Sleaze si vous écoutez la radio. Bien sûr elles l’ont joué, tout à la fin de leur concert dans cette petite salle à la programmation remarquable malgré le manque de confort du lieu.

Island – Le Supersonic – 27 Avril 2018

C’est bien la première fois que nous allons à un concert sans avoir au préalable écouté quelque chose de l’artiste qui se retrouve sur la scène. Eh bien oui, nous vous l’avouons, nous sommes allés au hasard au club parisien le Supersonic ce vendredi soir. Pas sérieux, et c’est la première fois que cela nous arrive en cinq ans d’activité nocturne. Parfois on sort des rails !

Coup de chance, le groupe était bon. Certes, c’est de facture classique, ce n’est pas très audacieux, mais nous avons aimé leurs enluminures de guitare enveloppées de réverb et cette voix chaude et puissante. On peut y ajouter un excellent batteur et un bassiste souple à la longue crinière: voilà pour la description. Cela donne de la pop british punchy et aérée. Certes il y a plus original que ce combo qui travaille à Londres, mais nous n’allons pas cracher sur la qualité. Ce qui fait la force de ce quatuor britannique, c’est la voix de leur chanteur Rollon Doherty. Les musiciens de ce groupe ne sont pas en reste et chacun d’eux se démarque de ce qui se fait couramment en la matière. Sur la fin du concert il y eu des réminiscences de blues et des choses plus énergiques que leur indie atmosphérique qui les caractérise. Ils viennent de sortir leur premier album sur frenchkiss records et comme l’indique leur site web ils sont en pleine tournée internationale. Cela permet de constater que la capitale est toujours desservie par le rock’n’roll express et que le train ne manque pas notre station !

The Yellow Traffic Light & Grand Rapid – Le Supersonic – 26 février 2018

Les concerts s’affichant dans la catégorie Shoegaze et Indie Rock sont malheureusement trop rares, aussi n’avons-nous pas hésité à nous rendre à Bastille pour écouter ces deux groupes dont nous ne savions rien avant leur concert dans ce sympathique club qu’est le Supersonic.

Tout d’abord The Yellow Traffic Light, un groupe de Turin, des Italiens donc, revendiquant des influences telles que Diiv, Always et Splash. Donc un groupe pour indiepoprock. C’est un régal de guitares fluides comme nous les aimons. Ils font un style de musique que nous avons repéré l’année dernière dans les programmations des salles de concert et qui semblait avoir disparu du paysage. Nous regrettons de ne pas en voir plus souvent dans la capitale, à notre grand regret.

Ils nous ont plongé dans une atmosphère tirant sur le bleu et envoutés par leurs sonorités et leur rock distancié et original. Les principaux titres qu’ils ont joués ce soir sont April et To fade At Dusk, que l’on peut trouver sur le net.

Ensuite ce fut le tour de Grand Rapid, que nous avons découvert sur scène, contrairement au groupe précédent, que nous avions écouté avant de venir. Et bien c’était super, comme quoi il faut parfois se jeter à l’eau et aller entendre des inconnus. Ces parisiens sont excellents, et ils démontrent que le niveau des groupes rock d’ici s’est considérablement élevé. La musique qu’ils nous proposent n’est pas éloignée de celle de The Charlatans, que nous avons pu voir ce mois-ci. Nous restons donc dans la même tendance. Ils méritent vraiment toute votre attention. A noter que leur premier EP sortira au printemps 2018, ce qui veut dire que l’on ne trouve rien sur eux pour le moment.

Nous faisons la même remarque pour les deux groupes : si musicalement c’est excellent, ils pêchent au niveau des voix qui ne sont pas de même qualité ni bien assurées. Il y a encore du travail avant de rattraper les artistes britanniques. Mais ce nouveau groupe parisien est sur la bonne voie.

Pamela Hute & Why Elephant – O’Gib (Montreuil)– 19 janvier 2018.

Nous avons souhaité retourner voir et entendre Pamela Hute, artiste que nous aimons beaucoup à Indiepoprock. Et bien à chaque concert on constate un changement et une évolution, ce ne sont plus les mêmes arrangements, il n’y a plus de synthé, et nous avons entendus des versions différentes de ses chansons.

Visiblement ce groupe ne reste pas sur ses acquis, et ce qui fait l’intérêt musical c’est que leur guitariste soliste apporte une solution technique personnelle à la question récurrente dans le rock des deux guitares, rythmique et soliste. Lorsque nous les avons vus en 2017, il donnait dans l’indé le plus pointu et il est passé à un jeu plus rythmique. Ce n’est pas encore du Franz Ferdinand mais cela va dans cette direction. Sans ce musicien, ce serait un groupe pop comme il faut, bon mais sans originalité. C’est le Monsieur Plus de Pamela Hute ! Nous nous permettons d’insister sur ce point car c’est ce qui fait la différence entre ce groupe et les autres. En tout cas, c’est de la bonne pop à l’anglaise, dans la même veine que Black Honey. On se surprend à reconnaître ses mélodies d’un concert à l’autre. Le plus accrocheur s’appelle radio et justement c’est un titre qui mérite de passer sur les radios FM, tant il a toutes les qualités d’un hit populaire. Mais que font les programmateurs ?

En première partie avons eu l’occasion de découvrir un duo de qualité, Why Elephant, qui se présente accompagné d’une discrète boite à rythmes. Leur style est assez américain, teinté de folk et de blues. Leur minimalisme sied aux petits lieux et leur chanteuse est plutôt crédible. Une bonne voix et une guitare simple, mais cela passe bien.

Nous vous recommandons cette petite salle du bas Montreuil, installée dans un ancien restaurant, qui offre un petit espace avec une bonne sono. Une salle de plus à Montreuil, qui en compte déjà pas mal !

Peter Hook And The Light – Le Trianon – 28 Octobre 2017

Le Post-Punk est à notre avis un bon moyen pour le rock de se ressourcer dans un courant qui n’hésitait pas à innover et à travailler le son et les climats. Acteur majeur des années 80 avec le groupe Joy division, devenu New Order suite au décès de leur chanteur Ian Curtis, Peter Hook est de retour avec un vrai groupe pour le plus grand plaisir du public parisien.

Il ne joue plus comme lors de son précédent passage à Paris la carte de la nostalgie, une vague qui nous a submergé faisant oublier les musiques actuelles. Il nous propose un nouveau projet live qui a de quoi satisfaire plusieurs publics, et qui n’est plus seulement un hommage à Ian Curtis. Oh, que les fans se rassurent, cette période est bien représentée. L’ancien bassiste de ces deux groupes importants nous propose deux parties, deux sets comme on dit. Le premier est dans une veine pop-dance largement imprégnée par son expérience de la house music à Manchester et à Ibiza. C’est assez agréable, on se croirait en discothèque, et en fait le public adhère à cette pop de boîte de nuit qui n’est finalement qu’un prolongement de ce que faisait New Order. Cela plaira à tous ceux qui écoutent aujourd’hui de l’électro. Peter hook fait danser les gothiques présents et un public plutôt agé !

Après une pause, le groupe entame le deuxième set, qui reprend le répertoire des deux premiers albums de Joy Division, ce qui fait en fait deux concerts pour le prix d’un ! Peter ne joue pratiquement plus de basse, c’est son fils Jake Bates qui assure fidèlement les lignes de basse, avec le même son et le même style. Une information pour les bassistes : The Light utilise des amplis anglais Trace Elliot. Peter chante, et à la manière de son défunt collègue. A la guitare, il y a un nouveau venu, David Potts, qui remplace Nat Wason, parti en juillet 2013. Le clavier est tenu par Andy Pôle et la batterie par Paul Kehoe. C’est un groupe à l’ancienne, qui joue impeccablement des morceaux qui ont toujours la même capacité à nous émouvoir. Les textes ne sont pas en reste, ils ont du sens et Peter n’est pas indifférent à la situation actuelle de la Grande-Bretagne. Sa diction permet de comprendre ce qu’il chante, ce qui n’est pas toujours le cas des artistes britanniques. Cette diction est d’ailleurs un des points forts de ses chansons.

Peter Hook est donc le chanteur et le front man d’un groupe qui maîtrise son sujet, et qui a la capacité de proposer quelque chose de plus que des reprises d’un ancien répertoire. Par contre, s’il a bouleversé la pop et le rock il y a 40 ans, il n’y aura plus le même effet de surprise.

The Sherlocks – la Mécanique Ondulatoire – le 17 Octobre 2017

Attention Talent : The Sherlocks sont un jeune groupe de Sheffield et c’est du sérieux. Ils ont la relève du rock britannique et c’est une tuerie.

Ces 4 gamins électriques ont sorti leur premier album cet été et c’est ce qu’ils nous ont donné à entendre ce soir. Et nous n’avons pas regretté nos 10 euros, car c’est un excellent groupe, qui joue un rock puissant et élégant. Leur rythmique rappelera des choses aux plus agés, mais c’est bien de la musique de 2017. Leurs mélodies sont remarquables et c’est du jamais entendu. C’est jeunes ont un don, c’est clair. Ils jouent pied au plancher en donnant tout ce qu’ils ont à donner, et ne ralentissent que pour une ballade à la douze cordes. Ils ont aussi un morceau dont les arpèges ressemblent à ceux de Dear Prudence des Beatles. Voix impeccable, guitares énervées, basse basique et batteur qui aurait pu jouer dans The Clash. Ils proposent une musique que les punks ne sont plus capables de faire, sans artifices ni tapage médiatique. Pas de hype ni de pose, juste un excellent groupe de rock britannique. S’ils ne cartonnent pas, c’est qu’il y a un gros problème.

En première partie il y avait un groupe français étonnement bon, Harem Night. Ils ont le son et une bonne chanteuse, et c’est la première fois que nous en entendions parler. L’automne est une belle saison.

Black Honey – le Supersonic – Le 19 Septembre 2017

Nous sommes retournés voir le groupe Black Honey après les avoir vus en janvier de cette même année au Pop-Up du Label et nous retournerons encore les voir, c’est sûr. Cette fois-ci, c’était une apparition en club avant leur prochain passage au Zénith en première partie de Royal Blood. Rien ne nous obligeait à les voir une seconde fois, si ce n’est pour le plaisir.

Le groupe de Brighton mené par la craquante chanteuse Izzy Baxter semble aimer Paris et ses petits lieux. Ce soir-là la salle était pleine, et le public très jeune, ce dont nous ne revenons pas. Voilà donc nos lecteurs ! Et bien c’était super sympa et les jeunes présents dans la salle ont apprécié le groupe malgré sa méforme. Le guitariste Chris Ostler n’était pas très présent et il a fallu attendre les derniers morceaux Spinning Wheel, Hello Today et Corrine pour que le groupe soit au top. Mais même lorsqu’ils peinent à jouer leurs chansons, comme c’était le cas ce soir, il y a la voix d’Izzy Baxter qui sauve la mise. Leur set ressemble à un alignement de chansons pop, défilant comme sur un Best Of, sans véritable transition. Leur set ne semble pas très calculé. Mais ce sont tous des hits potentiels, leurs compositions étant accessibles et évidentes. Il va manifestement falloir qu’ils soient plus au point pour assurer devant le public de Royal Blood dont ils vont faire la première partie sur toutes leurs dates européennes. Ils seront à Paris le 09 novembre. Nous espérons y être.

The Buttertones – Espace B – le 07 septembre 2017

Un bar dans un arrondissement populaire et excentré, où il y a des concerts de rock : et bien, cela nous montre que Paris est toujours Paris. C’est comme ça qu’on l’aime. Certe nous avons aussi les arrondissements centraux et touristiques où tout est fait pour les noctambules, d’accord, mais la capitale, ce n’est pas que l’axe Les Halles – Bastille et il serait faux de croire qu’autour c’est le désert. Et cela nous fait plaisir de trouver des petits lieux dédiés au rock’n’roll à l’écart du centre ville. Bon l’endroit est rustique, et il y a plus grand ailleurs. La terrasse est vraiment minuscule.

Ce soir là nous nous sommes déplacés pour les Buttertones, un groupe authentique et sans prétention, qui nous propose du rock’nroll vintage et du twist. Etonnant de la part de gens aussi jeunes. C’est frais, même si c’est un peu brouillon, et, ils ne se prennent pas au sérieux. Il sont cinq, deux guitares, une basse, une batterie, et chose curieuse par les temps qui courent, un saxophone.

C’est sincèrement rétro, et ils font quelques incursions dans un style plus moderne. Comme quoi les jeunes ne sont pas où on les attends. Les Buttertones entretiennent la flamme du rock’n’roll, celui des années 50 et 60, et cela ne ressemble pas à un meeting de nostalgiques. Chose étonnante, ils ont le son qui convient à cette musique et n’en sont qu’à leurs débuts. Ils peuvent, comme les groupes anglais des années 60, partir du rock’nroll pur et dur pour évoluer vers autre chose. Ce n’est certes qu’un petit groupe californien (ils sont d’Hollywood) mais ils ont déjà des fans et une label, Radical Records. La salle était pleine, ce qui est rassurant. La saison commence plutôt bien pour la musique à Paris.

Franz Ferdinand – Festival Rock En seine – 25 août 2017

Puisque nous étions dans l’espace du festival avec ses différentes scènes, ses stands et ses shops, nous sommes allés rejoindre la foule qui se pressait devant la grande scène où se produisaient les incontournables de la pop.

Finalement nous nous sommes fait plaisir en allant voir le groupe de Glasgow Franz Ferdinand, qui a joué pendant une heure et demi un nouveau répertoire augmenté de titres inévitables. Il faut reconnaître que pour un groupe aussi connu, leur musique est inventive et recherchée. Il est même surprennant qu’ils aient rencontrés le succès avec une formule musicale à la fois pop et exigeante. Ce n’est pas de la musique de bourrins, leurs compositions et leurs arrangements sont un régal pour les oreilles. Ils font preuve d’un savoir-faire typiquement britannique, et leur style intègre désormais des influences funk et house qui sont très bien digérées. C’est frais, dynamique, pop au sens des Kinks et D’Xtc et pas au sens de Lady Gaga. Ils méritent sans problème de figurer en tête d’affiche d’un soir de festival.

Ils ont joué de nouveau titres comme Lazy Boy et terminé par un Take Me Out que tout le monde attendait. Ils sont la preuve de la vitalité de la Grande-Bretagne en matière de pop-rock et ont un sens inégalé de la mélodie qui fait mouche et du refrain qui tue. Certes, cela ne plaira pas au puristes mais un grand groupe est un grand groupe.

The Jesus And Mary Chain –  Festival Rock En seine – 25 août 2017

Nous sommes allés au festival Rock En seine essentiellement pour voir jouer le groupe culte britannique The Jésus And Mary Chain, qui fait à nouveau parler de lui avec son nouvel album « Amputation ». Nous ne pouvions pas décemment rater ce concert.

Et bien première constatation : ce qu’ils font en live est très classique, et le son de la scène n’a pas la finesse de celui de leurs disques passés. La sono était trop forte, et on ressentait les vibrations de la basse et de la batterie comme à un concert de reggae. En fait c’est un groupe de rock, même si le chanteur termina le set en criant « I hâte Rock’n’roll and Rock’n’roll hâtes me. » Propos curieux de la part d’un honnête groupe de rock en 3 accords, qui lorgne parfois vers le garage psyché à coup de grosse fuzz. Ils ont parfois des accents du Velvet Underground. Rien de musicalement révolutionnaire ni de grande originalité. Ils ont débuté leur show par des titres de leur dernier album. Le son de guitare est gras, très saturé, et la basse joue à fort volume. Cela n’aura pas permis de convaincre le jeune public de la scène des cascades sur laquelle ils se produisaient. Ce ne fut pas un mauvais concert, mais un concert inégal, qui ne nous a fait vibrer que sur 3 morceaux. Nous nous attendions à une performance plus brillante compte-tenu de leur légende. Enfin il fallait les voir absolument, leurs passages en France sont rares et c’était la curiosité du festival.