Avvolgere – True Widow

Sorti il y a de ça il y a un an aux USA, nous avions pu écouter des extraits de cet album du groupe indépendant Texan, qui a su faire un teasing discret avant la sortie de ce disque sur Relapse Records. Ils ont fait de discrets passages en France et nous espérons bien les voir en concert.

Ce qui nous a intéressé dans leur musique, c’est qu’ils proposent un son peu commun. Il est dû aux grosses lignes de basse de Nicole Estill, qui envoie des riffs simples et ultra puissants, et à la batterie ultra-lourde de Timothy Stark. Ces deux musiciens ont un jeu à eux, complètement original, et sur cette rythmique solide viennent se poser la guitare et la voix cold de Dan Philipps. Ils définissent leur style comme un mélange de stoner et de shoegaze, mais sont inclassables. Ils ouvrent la voie à une nouvelle façon de jouer, plus primitive et qui prends aux tripes. Retour à un jeu simple et efficace, sur des beats toujours lents.

Le titre Back Shredder donne le ton et ouvre l’album. C’est un gros riff de basse qui accroche d’entrée de jeu. Le suivant, Theurgist, est construit sur le même principe. Le troisième morceau, FWTSLTM marque une certaine ressemblance avec le shoegaze et le post-rock. Il repose sur la guitare, la basse étant plus orthodoxe. La mélodie vocale est très belle, et il y a quelque chose du deuxième album de Cure dans le climat. Mais nous ne pensons pas que cela soit voulu. Il y a le même dépouillement. La batterie est décidément très terrienne. Sur le quatrième titre, The Trapper And The Trapped, retour du gros riff de basse pour une chanson où bassiste et guitariste chantent en duo, ce qui est une réussite. OOTPV voit un retour à la voix solo sur une grosse basse et un rythme tribal. Le sixième, Entheogen, encore un nom étrange, repose lui aussi sur un riff, mais cette fois-ci de guitare, et celle-ci sonne incroyablement bien. La basse y est plus discrète, et la voix est une longue récitation. Le septième morceau, To All That He Belong, est une parenthèse acoustique sans basse ni batterie, juste une belle voix. La machine redémarre sur le titre suivant. Sante, qui a un riff particulièrement brutal. Il est chanté par la bassiste Nicole du début à la fin. Ce titre est fort réjouissant et son riff rappelle les Stooges. Même gros son de basse bien sale sur le huitième titre, Grey Erasure, qui est dans la même veine à ceci près qu’il voit le retour du guitariste au chant.

On sort de la formule avec What Finds Me, qui amène une nouvelle touche avec son thème à la guitare, presque surf tout en étant déglingué. C’est l’un des plus beaux titres de l’album. Ce groupe a décidément un vrai son à lui. C’est ainsi que se termine ce disque, qui a été une véritable révélation. Il est en rupture avec ce qui se fait ailleurs et séduit par sa simplicité et sa brutalité. C’est une nouvelle époque du rock qui a commencé, avec une nouvelle façon de jouer. Un disque important.

Live For The Moment – The Sherlocks

« Live For The Moment » est le titre du premier single de The Sherlocks et il est réutilisé pour leur premier album. C’est donc un groupe tout nouveau pour le public français, et qui a été repéré par la BBC et qui s’est produit dans les grands festivals des Iles Britanniques. Et ça fait très mal !

C’est du rock péchu et héroïque dans la veine des Arctic Monkeys et des deux premiers albums de The Clash, à la fois mélodique et énergique. Ils sont la preuve que le rock se renouvelle et que les Iles Britanniques accouchent toujours de disques intéressants. Un disque qui sonne actuel et renoue avec une tradition de groupes ayant une grosse patate. Leurs chansons sont taillées pour la radio et si on peut trouver leurs compositions trop évidentes, il n’en est rien. Ce disque va vous réveiller si vous étiez partis dans des ambiances contemplatives. Il est recommandé de l’écouter le matin car cela vous tire de la torpeur !  Comme on disait autrefois, c’est de la musique déplanante !  Cela fait plaisir de voir que de jeunes groupes conjuguent énergie, mélodies et sens de la composition, le tout propulsé par une puissante batterie qui n’est pas sans évoquer des groupes de la fin des années soixante-dix. Ce disque, en effet, conjugue le rock contemporain et les réminiscences qui sauteront tout de suite aux oreilles des plus âgés de nos lecteurs. Mais ce n’est pas rétro et très anglais dans la manière.

L’album commence par le très efficace Will You Be There et son intro de guitare, morceau qui comporte un très beau refrain. Il est suivi de leur premier single Live For The Moment qui ressemble à The Amazons par sa construction. On notera la maitrise de leurs vocaux, comme sur le troisième titre Escapade. Viens ensuite Chasing Shadows et ses superbes guitares et sa batterie tellurique. Blue, lui, est presque du pop-punk et son chant acrobatique est particulièrement plaisant. Son solo de guitare est un peu vieux jeu, mais il n’est pas trop long. Nobody Knows est le titre le plus long de l’album ( 6 minutes 10) alors que les autres n’excèdent pas les 4 minutes. C’est le titre qui rappelle le plus The Clash, et il comporte un passage où la guitare a un son plus sophistiqué. Il se termine par un couplet acoustique. Viens ensuite Was It Really Worth It ? qui est l’un des titres qui arrache le plus. On dirait que c’est Mick Jones qui joue !

Turn The Clock, la seule ballade de cet album, et est un bijou de pop anglaise. Après ce moment d’accalmie surgit le titre Last Night qui semble tout droit extrait de l’album « Give em Enough Rope » sorti en 1978. Et ça continue dans cette veine avec Heart Of Gold, qui a même son break reggae avant le solo. Motions commence acoustique et après l’intro nous propose une belle excursion country pour le moins inattendue. Il se termine par un Candlelight faiblard par rapport au reste de l’album.

Nous résumerons en disant que ce premier album a la patate des groupes issus du punk anglais de 1976-79 et les constructions de morceaux des groupes rock de ces dernières années. Il fait preuve d’une maîtrise de la composition toute moderne en retrouvant une sauvagerie que l’on n’entendait plus. C’est l’un des meilleurs albums de rock britannique que nous ayons entendu cette année et ce groupe fait une entrée fracassante dans notre discothèque.

Dream Wife – Les Bains – 15 juin 2017

Nous nous sommes rendus ce jeudi soir dans le lieu le plus smart de la capitale, les Bains, ex Bains-Douches, pour assister au concert d’un groupe féminin et féministe plutôt sympa, les britanniques de Dream Wife.

Soyons honnêtes : si elles étaient françaises elles se produiraient dans un bar de Belleville et pas dans ce club ultra-chic. C’est un avantage qu’on les artistes anglo-saxons sur les locaux car ils arrivent auréolés d’une ferveur et d’un attrait magique que n’ont pas encore leurs équivalent hexagonaux.

Elles ne doivent pas jouer en groupe depuis bien longtemps, et il est clair que ce n’est pas en terme de sensations fortes ce que nous avons entendu de mieux cette année. Mais leur jeunesse, leur humour et leur énergie nous fait pardonner leurs imperfections, et leur répertoire est décapant et fun. Oui, elles ont de l’humour, sur scène elles ne se prennent pas au sérieux et leur nom ironique comporte une grande part de critique des stéréotypes féminins du cinéma américain. Le nom du groupe est en effet inspiré par un film de 1953 avec Gary Grant. Elles ont quelque chose de punk tout en ayant leur style. Pour résumer, nous dirons que c’est un college band composé de 3 filles et d’un très bon batteur qui donne de la vie à des chansons simples. Comparées à d’autres groupes féminins, il y a mieux, notamment Savages qui est loin devant. Leur chanteuse rappe plus qu’elle ne chante, ce qui est dommage car lorsqu’elle chante vraiment et pose une mélodie, ça devient très bon. C’est d’ailleurs leur chanson Somebody qui nous les avait fait découvrir et pousser à les voir sur scène.

Elles ont commencé laborieusement, puis au bout de 5 morceaux elles sont montées en puissance, passant du stade de groupe lycéen à un vrai groupe de rock, énergique et plaisant. C’est donc prometteur et Dream Wife est capable de faire quelque chose de très bien d’ici quelques temps.

Karoline Rose – Le Pop-Up du Label – 08 juin 2017

Karoline Rose est une jeune artiste franco-allemande que nous avions remarqué en première partie du groupe féminin Toybloïd Nous sommes allés la voir une seconde fois en concert et ce soir-là, elle jouait en tête d’affiche pour la première fois de sa vie dans la petite salle du Pop-Up Du Label, qui ne nous a jamais déçue.

En lever de rideau nous avons pu apprécier une chanteuse que nous ne connaissions pas, Nina Johansson, qui propose une pop de qualité qui n’est jamais mièvre. Elle se produit accompagnée d’un clavier-guitariste et d’un gars aux machines. Elle chante plutôt bien, et la musique n’est pas désagréable pour une utilisation d’instruments électroniques.

Après ce court set arriva Karoline Rose, toute seule avec sa guitare électrique. Et là, ce fut le choc : c’est une chanteuse remarquable, elle a un vrai talent ce petit bout de femme un peu ronde. Mais quelle voix ! Elle a une présence sur scène et sa formule voix-guitare rempli l’espace sonore et ne sonne pas minimal. Nous ne saisissons pas le principe de ses compositions, mais ce qu’elle donne à entendre est efficace, original et hors des sentiers battus. C’est son chant et ses mélodies qui dominent et que l’on suit sans difficultés. Il suffit de se laisser porter pour l’apprécier. Elle a quand même un gros son malgré la simplicité de son instrumentation. Elle chante le plus souvent en anglais, parfois en allemand, ce qui passe très bien, et ses influences hip-hop, genre dont elle provient, ne sont pas désagréables. Autre génération, autre culture, comme quoi on peut avoir baigné dans le hip-hop et passer à quelque chose de radicalement nouveau avec de rais instruments. Cette jeune femme est visiblement douée, et elle devrait émerger et faire parler d’elle.

Les Daltons – L’Alimentari (Paris) – le 26 mai 2017

Ce concert dans la cave d’un restaurant de Ménilmontant était gratuit et annoncé seulement sur Facebook. Pourtant, la salle était presque vide, il y avait à tout casser 30 personnes pour voir le groupe parisien Les Daltons et entendre mixer le DJ Baldo, grand spécialiste du garage-rock.

Ce concert est une surprise musicale, car les Daltons sont un vieux groupe qui a commencé il y a fort longtemps, en même temps que les Wampas, qui figuraient sur le même label indépendant Creepy Crawly. C’est une surprise car ils ont su se renouveler et ils vieillissent plutôt bien. Ils se présentent comme « les branleurs des années 80 » et leur style a bien changé depuis cette époque. Fini le rock’n’roll sauvage et hyper énergique, ils proposent désormais au public un rock calme et élégant, avec de très bons textes en français, qui correspond plus que par le passé à la ligne d’Indiepoprock, sinon nous n’en aurions pas parlé. Leur album « Objet Ancien » a reçu un bon accueil de la presse et nous l’avons acheté lors de ce concert, tant leur prestation nous a convaincue. Cela fait longtemps que nous écoutons ce disque et que nous cherchons une occasion d’aller les voir en live.

Récemment ils ont joué au Gibus en première partie du groupe punk Les Olivenstein’s, mais ce n’est pas un groupe punk, car ils sonnent actuel malgré leur cinquantaine tapante. Sur certains morceaux on trouve effectivement une basse new-wave, sans pour autant verser dans le post-punk, les influences restent discrètes. Patrick Williams, la figure de proue du groupe, récite ses textes plus qu’il ne chante et pourtant cela passe comme une lettre à la poste et ce n’est pas désagréable.

Leurs morceaux, à force d’écoute, nous sont entrés dans la tête et nous connaissons les titres phares de leur set :  Costume de merde, Jeunesse perdue, CDD qui est plus social, et Picasso, chanson sur le fameux peintre du XXè siècle.

Nous regrettons qu’il y ait eu aussi peu de public pour ce qui était l’inauguration d’un nouveau lieu parisien, comme quoi il existe toujours dans la capitale des espaces où l’on peut organiser des concerts.

The Undergound Youth – Le petit Bain ( Paris) – 06 mars 2017

Difficile de manquer le Petit Bain car c’est la plus grosse péniche de cet agréable lieu de loisirs qu’est le Port de la Gare, aux pieds de la bibliothèque François Mitterand dans le 13è arrondissement de Paris. Elle accueille des concerts dans cette barge flottante plus grande que les bateaux voisins. Cette soirée nommée le Fuzz Club nous proposait 3 groupes parmi lesquels The Underground Youth dont nous vous avons parlé en novembre 2015 lors de leur passage au Point Ephémère qui nous avait bouleversé.

Les voici donc de retour à Paris pour une célébration à base de guitares vintages et de cuir noir. De nos jours il est plûtot rare de voir un groupe qui propose une telle cérémonie sombre et malsaine. Le chanteur de ce groupe de Manchester fait par moment penser à Ian Curtis de Joy Division. Mais leur musique n’innove pas comme le faisait celle de ce groupe légendaire. Comme nous l’avions remarqué en 2015, c’est très primitif : la batterie orchestre leur performance telle le drummer sur les galères (souvenez-vous d’astérix !). Pas de cymbales, un rythme lourd et pourtant efficace dirige une basse simple et deux guitares. Cette musique, en concert, est clairement dans la lignée de Vince Taylor et du premier album des Cramps, même si sur disque ils sonnent plus psyché. Nous avons devant nous un vrai groupe culte et un futur mythe. Ils ont 7 albums à leur actif et leurs titres les plus récents comme The Morning Sun sont dans cette veine tribale et noire qui serait une sorte de blues contemporain, car ce n’est ni gai ni fun, et le climat est aux antipodes des musiques festives.

En lever de rideau nous avons entendu un non-groupe de non-musique dont ne nous vous fairons pas l’offense de mentionner le nom, et, plus intéressants, les jeunes pousses de The Invisible Friend qui, malgré leur manque évident de répétitions, proposent une déflagration shoegaze/noisy à partir de compos structurées et bien pensées, sur lesquelles viennent se poser des parties de guitare originales.

Ce fut donc une belle soirée dans ce qui est le bateau le plus confortable du Port de la Gare.

Requin Chagrin – Le Point Éphémère – le 23 février 2017

Nous n’en revenons toujours pas : partis pour découvrir une nouvelle tendance du rock français nous nous sommes retrouvés avec Requin Chagrin avec du surf-rock vintage.

Incroyable ! Les membres de Requin Chagrin ont entre 25 et 30 ans et ils sont d’un classicisme inattendu en cette année 2017. Nous n’avons pas pendant tout ce concert été désorienté par ce que nous avons entendu : notre chroniqueur s’est retrouvé plongé dans un univers musical qu’il connaît déjà, celui des compilations nuggets, du surf et du garage rock, celui des guitares claires pleines de réverb qu’il a découvert en écoutant les Flying Padovani’s il y a bien longtemps. Un son si caractéristique qui a marqué Indochine et La Femme. Cependant Requin Chagrin se démarque par un feeling vocal plus triste, moins sixties, et un climat sonore plus moderne.

La salle était blindée de monde, cela faisait longtemps que nous n’avions pas vu une foule aussi compacte et une telle affluence. Ce n’était pas pour une fois un rassemblement de quincagénaires venus se trouver autour de la passion pour le rock’n’roll, mais un public d’aujourd’hui, sans aucun look, venu en nombre à la sortie des bureaux. Ce groupe plait et a un public, malgré le fait que l’on a déjà entendu ce style de rock par le passé, vers 1985 pour ce qui nous concerne. Mais qui le sait à part les spécialistes et les vieux schnocks ?

La chanteuse Marion Brunetto a une voix étonnement grave pour sa petite taille, et elle joue de la guitare comme on le voit hélas trop rarement. Ce n’est cependant pas une formation de nostalgiques poussiéreux, c’est au contraire très frais et très ensoleillé, avec une légère mélancolie des sentiments, sans jamais être superficiel ou nunuche. C’est un style, qui n’est pas si courant, et que nous aimerions entendre plus souvent, et qui de plus est un style qui peut marcher et vendre des disques. Nous pensons sérieusement qu’avec ce concert nous avons vu un rock plein de vitalité et de bonnes vibes, et dont Requin Chagrin se pose en représentant éminent. A notre avis c’est un groupe important.

La première partie était également intéresssante : Remi Parson a un truc a lui, et son rock synthétique est dans l’air du temps (synthé et bassiste à barbe de hipster). Ce duo transmet une véritable émotion et mérite d’être plus connu. Et la guitare a un beau son, là aussi.

Happening – Gu’s Musics

Nous vous présentons le futur album, qui est en cours de réalisation, de Gu’s Musics, de Tours. Venant après le premier album, « Aquaplaning », aujourd’hui épuisé même si on peut l’écouter sur leur bandcamp, il s’agit pour l’instant de 3 titres aboutis en en attendant d’autres.

Nous avons choisi de vous présenter ce projet, car il nous semble le représentant d’une tendance actuelle des artistes rock de ce pays. Une tendance parmi d’autres plus légère et moins cold, mais qui ici trouve une expression intéressante. D’abord la rigidité des rythmiques, qui en choquera plus d’un. C’est aussi rigide et froid que des machines, funèbre, sans la moindre part d’improvisation, à l’opposé des musiques sautillantes et groovy que l’on peut entendre sur les radio FM. Mais cela sonne. La voix est monocorde, on dirait une récitation, et l’on ne peut s’empêcher de penser à Serge Gainsbourg. Les textes de Yan Kouton sont imagés et profonds, compliqués comme l’est la vie intérieure. C’est tout sauf des slogans simplistes ou des phrases accrocheuses. Décrivant des sensations visuelles comme le ferait un peintre, il faut plusieurs écoutes pour les capter. Ce qui nous a séduits, c’est que cette esthétique radicale qui est de par sa forme aux antipodes de nos goûts habituels a amené à un résultat qui sonne.

Gu’s musics nous prend à contre pied et si esthétiquement on peut trouver cela macabre, ils installent une véritable ambiance et leurs titres sont emprunts d’un charme certain. Nous pensons sans hésiter à l’Hôtel Particulier et à Cargo Culte du beau Serge. Ces titres représentent un climat et des sonorités contemporaines, plus pointues que des groupes qui jouent pied au plancher et la cymbale charleston ouverte du début à la fin du morceau. Certes c’est mélancolique, ce n’est pas dansant, mais il y a un son et un timbre de voix. Cette tendance sombre est en vogue actuellement chez les musiciens français, ce groupe n’en est pas le seul exemple. C’est en effet très français de mettre deux guitares au rôle figé, une qui fait des rythmiques monotones et l’autre qui fait des solos et des lignes mélodiques, comme le montrent les démos de Manu du groupe Dolly circulant sur le net. Pourtant, les groupes anglais des années ’80 avaient fait voler ce schéma en éclats, malgré leurs faiblesses. Seulement voilà, la lead guitare a le son rock que nous avons trouvé chez par exemple les Raveonettes et The Underground Youth. Les démos du futur six titres sont plus produites que l’album « Aquaplaning », qui en découragera plus d’un. Courtyard est magnifique et justifie à lui seul d’écouter l’ensemble de leur œuvre. Le titre suivant nous rappelle clairement par son texte et son phrasé le défunt Serge Gainsbourg. On trouve un violon sur le titre Nox, et un orgue sur le suivant, Séjour des Peines.

Pour résumer, disons que le premier album montrait des compositions, une voix et un son, et qu’il y a plus de travail sur le deuxième, plus vivant. Mais ces artistes ont choisi une autre voie que la facilité et l’évidence mais nous ne regrettons cependant pas d’avoir croisé leur chemin.

The Mirrors – La Station Gare des Mines (Paris-Aubervilliers) – 16 octobre 2016

Nous avons décidé pour la rentrée de voir où en était la France au niveau de ses groupes de rock, et d’écouter des groupes français, si possible jeunes, car diable ! Ça doit bien encore exister au 21è siècle ! Nous ne voulons pas vous lasser avec la génération Wampas qui est toujours en activité, mais que vous connaissez sans doute déjà.

Nos recherches nous ont menées vers divers groupes, dont the Mirrors, originaires de la ville d’Angers. Il s’agit d’un duo, formé d’un batteur et d’une chanteuse-guitariste, Sarah. Une formation peu banale, peut-être due aux circonstances qui président à la formation d’un groupe de musique. Ce que nous avons remarqué chez eux, c’est que malgré cette formule inhabituelle, c’est bien du rock’n’roll, même s’ils ne s’inscrivent pas dans un genre répertorié comme le sont le garage-rock, le punk-rock et le métal. Non, c’est bel et bien un groupe de rock, très au point pour son âge. Ce qui frappe au premier abord, c’est la justesse de leur musique, et leur son (la fender telecaster est une arme imparable). Les basses sont jouées par la guitariste en doublait le riff de gratte et ce côté rustique digne de bluesmen du temps jadis leur fait marquer des points. Ensuite, il y a le chant, qui étonne par sa force, inattendue chez un groupe hexagonal. Comme quoi les choses ont bien changé. The Mirrors jouait en première partie de deux groupes australiens, et pourtant c’est d’eux que nous avons choisi de vous parler. Non pas que les kangourous aient été mauvais, The Dune Rats sont un honnête groupe de pop-punk, avec des vocaux sympa, même si le son de la basse et de la guitare n’est pas fameux. Ils ont l’énergie et l’attitude. Nous avons vu ensuite DZ Deathrays, un groupe qui serait dans la veine de Rage Against The Machine, avec en plus des influences techno. Pas mauvais, mais pas aussi intéressants que la première partie, qui s’impose malgré son manque de notoriété. The Mirrors est un groupe à suivre, et ils viennent de sortir un EP. Nous n’avons pas regretté notre virée à Aubervilliers dans ce lieu atypique installé dans une friche industrielle : public cool, lieu cool, musique agéable même si ce n’est pas forcément notre style, en tout cas il n’y a pas photo, ce sont bien des groupes de rock  que nous avons pu entendre. Et nous avons eu un bus pour rentrer après le concert.

Hinds – le Badaboum (Paris Bastille) – 29 février 2016

Nous avons flashé sur le groupe Hinds à la première écoute, sans prendre le recul nécéssaire à l’appréciation de leur musique. Nous sommes donc allés à ce concert sur une conviction intime et sans consulter personne ni sans nous poser la moindre question.

Et bien nous avons bien fait. Hinds est un groupe espagnol chantant en anglais, qui s’est formé en 2001 et qui se compse exclusivement de filles. Et oui, aujourd’hui les femmes ont pris une place importante dans le rock, ce n’est plus une affaire de mecs en santiag et blouson de cuir. D’ailleurs la petite salle du Badaboum était remplie de jeunes femmes. Et c’était plein, preuve du succès de ce groupe. Le Badaboum, autrefois la Scène, est un lieu stratégique du quartier Bastillle et fut le pionnier du rock dans ce quartier. Nous avons connu l’ancienne salle et nous avons retrouvé nos marques sans problème. L’accueil est bon, le responsable du concert est pro. Question musique, Hinds propose un rock mélodique et frais, agréable et pas prise de tête. Nous avons entendu des choses plus noires et tourmentées que ce combo qui a le vent en poupe. Ce n’est pas si garage rock que ça, c’est de la musique en 3 accords, ce qui est devenu rare à notre époque et sonnait un peu typique. Ceux d’entre vous qui ont écouté Chuck Berry et du ska aimeront Hinds. Ceux qui aiment le Velvet ou les Cramps trouveront cette musique un peu superficielle. En tout cas, cela plait et cela marche, Hinds a un succès d’estime et a eu un article dans les Inrocks et intéresse les américains.