The Nothing – The Last Dinosaur

Juillet n’est pas un mois habituel pour les sorties d’albums et pourtant nous avons trouvé cet artiste anglais totalement inconnu et qui risque de rester dans l’ombre, car il existe un groupe pop du même nom. Donc évitons la confusion, nous ne parlons pas du groupe qui a pondu le fantastique titre Zoom, mais d’un songwriter britannique, Jamie Cameron.

Leur nom est une allusion humoristique à leurs méthodes d’enregistrement rétro, et également à un dessin animé où l’on voit le dinosaure Denver décongelé par des adolescents. Leur premier disque est sorti en 2009, et celui-ci est le 3è. Il est sombre, empreint d’une réflexion sur la mort, dans le cas présent celle d’un ami avec qui il avait monté un groupe à 17 ans et qui a disparu dans un accident de voiture. Malgré ces tentatives discographiques, The Last Dinosaur est resté dans l’ombre et il est difficile de trouver des informations à leur sujet. « The Nothing » est sorti le 07 juillet  sur le label Naim Records.

Ce projet est donc le fait de Jamie Cameron et de son acolyte et ami Luke Haiden, et avec la participation d’une violoniste, Rachel Lanskey. C’est une musique acoustique et délicate, aux structures mélodiques bien anglaises, loin du folk malgré l’instrumentation similaire. Parfois vient s’ajouter un saxophone discret. Cet album comporte onze titres calmes et mélancoliques, quelques uns sont joués à la guitare, d’autres au piano. Notre préféré est le deuxième,  Grow, seul morceau de l’album où une batterie marque le tempo. Nous aimons bien aussi la chanson All My Faith. Elle est suivie d’un We’ll great Death lyrique à souhait.

Bref, c’est un album court mais néanmoins sympathique, qui convient parfaitement à cette saison où on a plus envie de se prélasser en terrasse où à la plage que de se défouler dans une salle de concert.

Slow Down – The Madcaps

A l’écoute de ce troisième album du groupe rennais, on se dit que ce disque a été enregistré dans les années 60. Puis, en revenant sur le métier, on se rend compte que ce n’est pas le son qui est rétro mais la forme. Mais cet objet insolite est plutôt sympathique, même s’il est traditionnel.

Ce n’est pas du garage rock frénétique mais du millésime Peebles, avec des influences Beatles, Rhythm’n’Blues et Kinks. Si vous souhaitez, comme le dit la chanson, aller danser le jerk en sortant du bureau, c’est parfait pour vous. Bon, ce n’est pas le premier groupe sixties français que nous entendons, en fait il y en a toujours eu dans notre beau pays, même s’ils ont rarement eu les faveurs des médias. Cet album est sorti en Mars 2017 sur le label Howlin’ Banana et est bien accueilli par nos confrères. Il constitue une parenthèse agréable dans le paysage musical actuel. Nous avons longuement hésité à le chroniquer, nous demandant si ce n’était pas un gag. Non, pas plus que Gaspard Royant.

Le premier titre, No Friend OF Mine, est digne musicalement du grand Nino Ferrer, même s’il est chanté en anglais. C’est  un jerk sautillant agrémenté de cuivres. Le second, Come, sonne franchement Beatles, ce qui est une surprise de taille. Il est très proche de leur hit Ticket to Ride. Avec le suivant, She’s so Hot, qui fait référence aux Rolling Stones, on trouve des réminiscences psyché à la guitare. Changement d’ambiance avec Fair Enough, qui est plus dans la veine des Inmates et de Doctor Feelgood, c’est à dire du pub rock énergique et légèrement crade. C’est l’un des meilleurs titres de l’album, et qui ne fait pas folklorique. Le Passe Muraille est en anglais contrairement à ce qu’indique son titre. Il est construit sur du surf rock, donc un son plus pur, avec une mélodie catchy à la guitare. Slow Down, le morceau qui donne son nom à leur album, fait lui penser au rocker noir Screamin’Jay Hawkins qui s’est fait connaître dans les années 50. Un slow blues traditionnel donc, qui part en délire puis s’accélère. Le titre suivant est dans la même veine, celle du rock’n’roll de musiciens noirs, moins connus du public qu’Elvis Presley mais fondamentaux pour l’histoire du rock. Autre style avec le morceau Chill Pants, qui est dans la manière du groupe de funk rock de la Nouvelle Orléans The Meters, artistes favoris de Keith Richards. On retrouve l’orgue vintage et les ryhtmiques funk old school de cette ville du sud des Etats Unis proche géographiquement et musicalement des Antilles. Los Morning Blues, qui suit ce remarquable morceau, est le plus moderne de l’album. On pourrait penser au rocker Chris Isaac. Il n’y a pas les cuivres sur ce titre. L’album se termine en beauté avec Devil Money, qui revient aux sixties après ce long voyage musical.

En fait, cet album fait montre d’une énorme culture musicale et d’une vraie diversité de références, toutes antérieures aux années psychédéliques. Comme si le temps c’était arrêté en  1967. Nos appréhensions ont été levées en écoutant le disque du début à la fin et nous avons pris un réel plaisir. Certes, il est complètement inactuel et fait preuve d’une radicalité dans la démarche, car c’est absolument en dehors des tendances.

The Amazons – The Amazons

Le premier album du groupe anglais The Amazons, originaires de Reading, sort fin mai 2017 et nous avons choisi de vous en parler tant ils nous ont impressionnés lors de leur concert parisien dans la fameuse petite salle de la Mécanique Ondulatoire.

Nous sommes toujours étonnés de voir d’aussi bons groupes se produire dans un si petit endroit. Et, six mois après, si tout va bien, on les retrouve dans de plus grandes salles. En l’occurrence, The Amazons ouvraient à la Cigale pour le groupe de pop punk You Me At Six, ce qui est très bon pour leur avenir. Ils font la première partie sur toute la tournée européenne du groupe. C’est d’ailleurs devant la Cigale que nous les avons rencontrés et que nous avons pu leur poser quelques questions. Il en ressort que ce sont des gens sympas, accessibles et expérimentés malgré leur formation récente, en 2014. Nous avons ainsi appris qu’à leur tous débuts, ils se sont faits les dents sur des reprises de Nirvana, des Ramones, Arctic Monkeys, Bloc Party et System Of A Dawn. Ce ne sont pas des poseurs mais de vrais musiciens qui ont déjà atteint avec ce premier album un niveau impressionnant. Ils ont dû mettre une claque aux lycéennes qui se pressaient pour le concert. Par moments, ils font penser fortement aux Arctic Monkeys et à Royal Blood. Si cet album ressemble comme deux gouttes d’eau à leur set live, c’est qu’il a été enregistré live, justement, pour retranscrire l’atmosphère de leurs concerts. Et si le groupe existe officiellement depuis 2014, ils se connaissent depuis 10 ans, le drummer étant le dernier arrivé. Leurs influences sont les grands du rock, Led Zeppelin, Nirvana et les Stones. Leur rock est plutôt classique et cela fait du bien. Est-ce vraiment indé ? En tout cas, c’est du lourd et du puissant, et la production de leur disque est excellente.

Il débute par un titre speed, presque punk, au couplet basique, Stay With Me qui fort heureusement est suivi d’un refrain qui fait décoller le morceau. Le deuxième titre vaut aussi par son refrain. The Amazons ont décidément le sens de la mélodie. La construction est classique, et cela peut plaire à une oreille habituée à la pop. Le troisième titre est le tubesque In My Mind qui nous les fit découvrir et qui est leur chanson la plus évidente. En tout cas, elle montre les capacités vocales de leur chanteur qui tient là un moment de bravoure. Vient ensuite le titre  Junk Food Forever  que vous connaissez si vous êtes allés voir le site officiel du groupe et qui leur sert de carte de visite. Tempo moyen, superbe rythmique et guitare dans l’air du temps. Le suivant, Raindrops, nous fait terriblement penser aux Arctic Monkeys, ce qui n’est pas pour nous déplaire, les Monkeys ayant pondu à notre avis l’album rock de la décennie. Encore un titre tubesque avec Black Magic et son beat dance music. C’est le morceau le plus inattendu de cet album, c’est aussi celui qui fait le plus remuer le public en concert. Il est très seventies et le chanteur est au top. Il conviendra parfaitement aux habitués des dancefloors sans pour autant faire dans le racolage. Vient ensuite Ultraviolet, qui est excellent et propose de belles parties de guitare. C’est également le cas de Little Something, très rock’n’roll et qui satisfera les puristes. Il y en a pour tous les goûts sur cet album qui est plus varié qu’on pourrait le supposer au premier abord.

On retrouve l’influence Arctic Monkeys sur le suivant, Holly Roller, qui est l’un des plus calmes du disque. Something In The Water est lui aussi un morceau relativement lent par rapport au reste du CD. On retrouve là encore leurs structures de morceaux très construits. Sur ce titre comme sur le précédent, le lead guitariste se montre inspiré et très présent.

L’album se termine par une fausse surprise, car ils nous font le coup de la ballade au piano qui repose après un tel déluge sonore.

Nous n’en revenons toujours pas d’avoir eu la chance de les voir dans une petite salle et de pouvoir les rencontrer aussi facilement, car ce groupe va faire parler de lui dans le futur. Ce ne sont pas des plaisantins, et nous nous sommes vraiment fait plaisir en écoutant cet album.

The Resurrection – Falklands

Voici le deuxième EP du groupe Falklands de Perpignan, et il est digne d’intérêt, bien que très influencé années ’90.

Voici un disque d’un groupe local, ce qui n’est pas péjoratif, qui se remue dans sa région d’origine, ce qui est louable. Les groupes de banlieue parisienne ne procèdent pas autrement. Parlons de ce mini-album : le propos est ambitieux. Il ne s’agit rien de moins que d’un opéra-rock, qui raconte l’histoire d’un personnage de notre temps, avec un angle de vue qui est plus courant chez nos voisins britanniques, groupes ou cinéastes (nous nous rappelons de la claque qu’était le film « Trainspotting »), qui n’hésitent pas à parler de la vie des couches populaires et de leur quotidien. C’est dons très british, dans le thème comme dans les chansons et le son. On pense à l’album « Modern life is rubbish » de Blur, même si les chansons ne sont pas aussi accrocheuses. Ces 6 titres content la vie et la détresse d’un jeune de milieu défavorisé qui comate entre les longues journées d’usage de stupéfiants et une relation amoureuse qui se passe, sans plus.

Il ne voit pas d’issue ni d’évolution. Le disque commence par un monologue introductif. Il est suivi par le titre The Last Needle, qui est le véritable début du disque. Le chant est plus qu’acceptable, même si les couplets sont parlés, le gars maitrise l’anglais. Et le refrain arrive après un riff qui est ce qui se faisait il y a encore 10 ans.

Suit le 3è titre,  Golden Streams, acoustique et presque folk. Calme avant le déchainement de What Makes You Proud, moment de colère très réussi, qui le titre le plus fort de cet EP. Annabel Lee, le 4è titre, nous rappelle franchement Blur. On aime entendre ce type de rock, énergique et vivant. L’EP se termine sur  The Resurrection qui est dans la même veine que le précédent, avec de bons soli de guitare. Dans l’ensemble, c’est du pêchu, un peu brut, avec une voix crédible, très bien mise en valeur. On aurait aimé plus de morceaux que ces 6 titres. C’est quand ça commence à démarrer que le disque s’arrête, on aimerait qu’ils développent leur répertoire sur la longueur. En tout cas, ça réveille.

Happening – Gu’s Musics

Nous vous présentons le futur album, qui est en cours de réalisation, de Gu’s Musics, de Tours. Venant après le premier album, « Aquaplaning », aujourd’hui épuisé même si on peut l’écouter sur leur bandcamp, il s’agit pour l’instant de 3 titres aboutis en en attendant d’autres.

Nous avons choisi de vous présenter ce projet, car il nous semble le représentant d’une tendance actuelle des artistes rock de ce pays. Une tendance parmi d’autres plus légère et moins cold, mais qui ici trouve une expression intéressante. D’abord la rigidité des rythmiques, qui en choquera plus d’un. C’est aussi rigide et froid que des machines, funèbre, sans la moindre part d’improvisation, à l’opposé des musiques sautillantes et groovy que l’on peut entendre sur les radio FM. Mais cela sonne. La voix est monocorde, on dirait une récitation, et l’on ne peut s’empêcher de penser à Serge Gainsbourg. Les textes de Yan Kouton sont imagés et profonds, compliqués comme l’est la vie intérieure. C’est tout sauf des slogans simplistes ou des phrases accrocheuses. Décrivant des sensations visuelles comme le ferait un peintre, il faut plusieurs écoutes pour les capter. Ce qui nous a séduits, c’est que cette esthétique radicale qui est de par sa forme aux antipodes de nos goûts habituels a amené à un résultat qui sonne.

Gu’s musics nous prend à contre pied et si esthétiquement on peut trouver cela macabre, ils installent une véritable ambiance et leurs titres sont emprunts d’un charme certain. Nous pensons sans hésiter à l’Hôtel Particulier et à Cargo Culte du beau Serge. Ces titres représentent un climat et des sonorités contemporaines, plus pointues que des groupes qui jouent pied au plancher et la cymbale charleston ouverte du début à la fin du morceau. Certes c’est mélancolique, ce n’est pas dansant, mais il y a un son et un timbre de voix. Cette tendance sombre est en vogue actuellement chez les musiciens français, ce groupe n’en est pas le seul exemple. C’est en effet très français de mettre deux guitares au rôle figé, une qui fait des rythmiques monotones et l’autre qui fait des solos et des lignes mélodiques, comme le montrent les démos de Manu du groupe Dolly circulant sur le net. Pourtant, les groupes anglais des années ’80 avaient fait voler ce schéma en éclats, malgré leurs faiblesses. Seulement voilà, la lead guitare a le son rock que nous avons trouvé chez par exemple les Raveonettes et The Underground Youth. Les démos du futur six titres sont plus produites que l’album « Aquaplaning », qui en découragera plus d’un. Courtyard est magnifique et justifie à lui seul d’écouter l’ensemble de leur œuvre. Le titre suivant nous rappelle clairement par son texte et son phrasé le défunt Serge Gainsbourg. On trouve un violon sur le titre Nox, et un orgue sur le suivant, Séjour des Peines.

Pour résumer, disons que le premier album montrait des compositions, une voix et un son, et qu’il y a plus de travail sur le deuxième, plus vivant. Mais ces artistes ont choisi une autre voie que la facilité et l’évidence mais nous ne regrettons cependant pas d’avoir croisé leur chemin.

Parlor Snakes – Parlor Snakes

Voici un album à réveiller les morts, qui a la puissance des Stooges et d’AC/DC, avec un poil plus de finesse dans les guitares, et qui envoie le bois.

Originaires d’ici et d’ailleurs, car franco-américain, il se compose de Eugénie Alquezar au chant et à l’orgue, Peter K à la guitare, Séverin à la basse et Jim Yu à la Batterie. Ils avaient sorti un premier album en 2012, et les voici de retour sur un label indépendant, Hold On Music, avec un deuxième lp produit par le New Yorkais Matt Verta Ray. Le disque commence par le très efficace et enlevé We Are The Moon. Il est suivi d’un Here Comes the Hell très dur et sauvage. Ensuite vient Dirt to Gold, un titre envoûtant, swamp blues, qui commence cool et monte progressivement en intensité par sa partie de guitare et permet à la chanteuse de s’exprimer pleinement. Watch Me Live, qui lui succède, est rapide et primitif, et très séduisant. Arrive ensuite un Fade in the light plus intimiste et rythmé par un tambourin au début du morceau avant l’entrée de la batterie qui reste subtile avant de se déchaîner dans la deuxième partie. C’est du rock’n’roll authentique. On repart dans le dur avec le suivant, qui ferait un bon single, Always you, plus classique, mais terriblement accrocheur. Strangers, le morceau qui lui succède, est presque pop, je dis presque, car si la voix est mélodieuse et doucereuse, derrière ça bastonne sec, pas de compromission en vue. Nous avons droit à un super solo de guitare avant le retour du refrain. Sure shot, lui, est un titre plus garage, qui nous fait penser aux Fleshtones. Man in the Night est lui plus sophistiqué et a des réminiscences fifties sur les couplets, le refrain étant plus dur. Belle alternance d’une partie calme et d’une partie rentre-dedans, ça marche toujours. Just Drive, qui lui succède, est une belle ballade style fifties, avec une partie de guitare bien sentie. L’abum se clôt par un boogie, the Ritual, qui nous surprend par sa construction et ses sonorités. Parlor Snakes ne sont pas des petits joueurs, et ils parviennent à sonner originaux avec des ingrédients fidèles au rock’nroll sans que l’on puisse leur coller une année de référence. C’est à la fois traditionnel et moderne, et ils ont un gros son qui fait plaisir à entendre, et ils réveillent un peu le paysage musical. À écouter à fort volume.

I Quit You Dead City – The Red Goes Black

L’indé est une démarche, pas une catégorie musicale à proprement parler. Nous essayons cependant de garder le cap et de ne pas nous disperser. Mais cette fois-ci, nous ne commettons pas d’écart en vous présentant avec quelque retard cet album du groupe The Red Goes Black.

Disons-le d’emblée, il nous plonge dans un style de rock proche du Cream d’Eric Clapton, Jack Bruce et Ginger Backer. Classic rock pour la forme, indé pour l’esprit, c’est un bon album, qui s’enchainerait très bien après un Lenny Kravitz, le gros son en moins. Mais ces artistes ne sont pas si éloignés. Ce disque est un régal, il ne sonne pas rétro et vous changera de ce qui sort depuis quelques mois. Le rock, c’est vaste, c’est plus varié que l’on le penserait au premier abord.

Posons donc quelques repères : nous avons dit Cream, blues-rock flirtant avec le psychédélisme, à petite dose chez The Red Goes black. C’est particulièrement visible sur le titre All I want et son solo de guitare et ses choeurs. White Room de Cream n’est pas loin. Ce disque est produit par Colin Dupuis, qui a fait également Dr John, ce que nous relevons car les rythmiques basse-batterie-guitare fleurent bon la Nouvelle Orleans et les productions du génial Allen Toussaint. Le monsieur a également été producteur des Black Keys, pour ceux qui veulent des noms connus. Mais si vous plongez dans la discothèque de vos parents, cherchez à l’année 1967. L’empreinte du groove de la Nouvelle Orleans pré-funk est sensible en particulier sur le titre Good Thing, qui est l’un des plus endiablé de cet album. Ce disque plaira certainement aux fans de blues aussi bien qu’au public rock. Le son de guitare est sale, roots et vraiment blues. C’est presque aussi crade que l’ancêtre Hound Dog Taylor. Pas très moderne, tout ça, mais cela fera du bien à vos oreilles. Le rock a une histoire et des racines, le blues a plus d’un siècle, et alors ? Mais nul besoin d’être historien des musiques populaires pour apprécier ce disque, qui sonne et qui groove autant que celui des Alabama Shakes, groupe cousin de celui-ci. S’il y a un titre au fort potentiel radiophonique, et il vient en dernier sur la tracklist, c’est The Warmth of Dawn, qui est le plus pop du lot, et moins rugueux que les morceaux qui le précèdent. Un excellent album, que nous écoutons sans relâche depuis que nous l’avons reçu.

Thingy Wingy – The Brian Jonestown Massacre

Voici le nouvel album d’un groupe sulfureux de San-Francisco, réellement indé. La presse musicale le classe dans la rubrique psychédélisme, mais si vous attendez du Temples, vous risquez d’être décontenancé.

Il y a bien quelques références au psychédélisme sur la fin de l’album, mais plus que des arrangements originaux sortis d’on ne sait où, il y a un climat, une couleur dominante et une ambiance qui fait penser au Velvet Underground. Ce disque renferme de très bon titres comme le premier, Pish, qui est dansant et entrainant. Le reste de l’album est sombre et mélancolique et sonne très inactuel. Il y a un titre acoustique, plutôt folk, Dust, une reprise des légendaires 13 Floor Elevators.

Sinon, dans l’ensemble, c’est une formule à deux guitares, dont le jeu est de bon goût. Il n’y a qu’un titre plus faible, c’est le deuxième, Prsi Prsi, chanté en plusieurs langues, qui tranche sur le reste de cette production. L’album comporte aussi un blues dégénéré, Leave Me Alone , qui sent la jam session, mais n’est pas pour autant désagréable même s’il bouscule nos habitudes. Ce disque hors du temps ignore le rock des ces dix dernières années, mais qu’est-ce que la musique actuelle ? Ca sonne plutôt bien, même si ça  ne respire pas la joie de vivre. Nous l’avons écouté longuement sans nous ennuyer, et ça passe bien. Certes ce n’est pas l’album de l’année, mais il s’écoutera quand même, même si nous préfèrerions entendre quelque chose de plus électrique et de moins contemplatif.

Rester Libre – Vex

La fin des années quatre-vingt, rappelons-le, fut marquée par un éclectisme et une rencontre de différents genres musicaux, principalement le rock et le reggae, et donna naissance à une multitude de groupes dont les plus connus sont La Mano Negra et les Négresses Vertes.

Epoque aujourd’hui révolue dans l’hexagone, mais qui se maintient en Espagne par des groupes comme Talco. Vex, ex-Zuluberlus, sont les rescapés de ce rock allternatif cuivré et festif. Disons le clairement : ce disque, s’il est sympathique, est le témoin d’un courant qui a disparu à part à Colombes dans le 92 où ces activistes sont implantés depuis toujours. Ce sont des fans de Clash, grand groupe anglais qui eut une influence certaine sur toute une génération de groupes de rock, et qui est cité en référence par Bono et Pete Doherty. Il nous semble important de connaitre nos grands ancêtres, mais reconnaissons que cela ne correspond plus à ce qui se fait actuellement. Nous avons écouté l’album de Vex avec plaisir, non sans nostalgie, et nous apprécions leur combat pour la musique vivante et leurs textes militants. Ce genre de rock métissé et cuivré a été abandonné et est entré dans les livres d’histoires du rock. Mais avouons que de temps en temps, ça ne fait pas de mal d’en écouter. Nous aimerions avoirs l’avis de nos jeunes lecteurs sur le sujet.

Dark Black Makeup – Radkey

Contrairement à leurs ainés des Ramones, les membres de ce groupe sont de vrais frères, originaires de St-Joseph dans le Missouri. Comme les Ramones, ils pratiquent le punk rock à un excellent niveau. En dépit de leur jeune âge, ce premier album est au niveau de groupes ayant plusieurs années d’existence et de nombreuses heures de vol.

Ce disque n’est pas composé que de titres Hardcore, même s’il y en a. Radkey varie les tempo et les influences en restant homogène, avec un même son tout au long de l’album. Cela ressemble à Rocket From The Crypt et on sent qu’ils ont fait la première partie de Fishbone. Cet album correspond à ce qu’ils jouent sur scène, c’est le même répertoire, comme nous avons pu nous en rendre compte au mois de juin dernier lors de leur passage à la Maroquinerie. On retrouve sur disque ce qui nous avait frappé en live : l’énergie, la fougue et la qualité des vocaux. Si vous pensez qu’un groupe punk est une réunion de braillards, Radkey vous fera revoir votre jugement. Et le chanteur n’a que 17 ans !

C’est un pavé dans la mare du punk US et ce disque mérite votre attention. Il renouvelle un genre que l’on croyait à bout de souffle. Leur credo est de puiser dans le rock des années soixante-dix qu’ils ont trouvé dans la discothèque de leurs parents, car c’est selon eux la meilleure période du rock.

Certes ce n’est pas du pop-punk californien à la Green Day mais les morceaux sont néanmoins très mélodiques. Le son est américain, c’est clair, mais ça ne touche pas au métal comme on pourrait le craindre et à défaut de sonner original c’est terriblement efficace. Les Radkey sont visiblement doués et ils apportent un air frais à un genre qui peut facilement tourner en rond. Ils ont l’avenir devant eux et on reparlera certainement d’eux dans quelques années. Si vous aimez le punk et le garage, voici un groupe qui vous ravira. Nos titres préférés :  Feed my brain et  Evil Doer qui étaient sortis en single et dont Indiepoprock vous a déjà parlé.