The Courettes – le Cri du Singe (Montreuil) – 17 mars 2018

Voici l’évènement underground du mois de mars : le retour en région parisienne du fantastique duo garage-rock The Courettes, avec un nouveau single et un nouveau clip aussi flashy que les précédents, et bientôt un nouvel album.

The Courettes est notre groupe fétiche avec les suisses de The Jackets. Nous les avions découverts en octobre 2016 dans un bar de Ménilmontant, La Féline, et nous vous avions dit à quel point cela nous plaisait. Cette fois ils jouaient à Montreuil dans le 93 pour l’association les Barrocks dans le cadre de leur tournée internationale et dans un lieu insolite qui ressemble furieusement à un squat. La salle, le bar et le hall d’entrée étaient noirs de monde. Le fidèle Gégène tenait la caisse à l’entrée, et nous avons pu discuter avec les membres de cette association qui organise des concerts depuis 1984.

The Courettes, c’est un vrai régal, un moment de pur fun et le vrai truc : un batteur taciturne, Martin, et une chanteuse exubérante branchée sur les 220 volts. Ils nous ont envoyé pendant leur set tous les titres de leur premier album Here Are The Courettes ainsi que des nouvelles compositions qui sont excellentes et augurent d’un avenir intéressant. Bien sûr, ils ont joué The Boy I Love, mais ne se réduisent pas à ce titre phare qui les fit connaître. Ils ont fait danser le public, ont slammé et le set s’est terminé par un morceau qui mélodiquement rappelle The Ramones et qui a laissé le public présent sur le cul. Bon accueil du public parisien qui a manifestement apprécié et reconnu que c’était là un moment rare de vrai rock’n’roll, tendance garage sixties, avec un parfum de blues et de Cramps, car ils sont eux aussi un groupe sans bassiste et visuel autant que musical, et cultivant un goût pour les illustrations tirées de films d’horreur. The Courettes sont le rock’n’roll, ils font cela spontanément et avec générosité, générosité du son de guitare, qui nous replonge dans des souvenirs à base de Kinks et de Jimmy Hendrix,, en moins virtuose il est vrai. Nous avons pu discuter avec la rockeuse Flavia Couri qui rencontrait les fans devant le stand de T-Shirts et de vinyles après leur performance scénique, et nous l’avons imploré de revenir prochainement jouer sur Paris. Elle est sympa et naturelle, et bien dans son truc. C’est une soirée rare et agréable qui devrait avoir des suites pour le rock à Paris.

Le deuxième album du groupe sort le 30 mars prochain, toujours sur le label Sounds Of Subterrania.

The Yellow Traffic Light & Grand Rapid – Le Supersonic – 26 février 2018

Les concerts s’affichant dans la catégorie Shoegaze et Indie Rock sont malheureusement trop rares, aussi n’avons-nous pas hésité à nous rendre à Bastille pour écouter ces deux groupes dont nous ne savions rien avant leur concert dans ce sympathique club qu’est le Supersonic.

Tout d’abord The Yellow Traffic Light, un groupe de Turin, des Italiens donc, revendiquant des influences telles que Diiv, Always et Splash. Donc un groupe pour indiepoprock. C’est un régal de guitares fluides comme nous les aimons. Ils font un style de musique que nous avons repéré l’année dernière dans les programmations des salles de concert et qui semblait avoir disparu du paysage. Nous regrettons de ne pas en voir plus souvent dans la capitale, à notre grand regret.

Ils nous ont plongé dans une atmosphère tirant sur le bleu et envoutés par leurs sonorités et leur rock distancié et original. Les principaux titres qu’ils ont joués ce soir sont April et To fade At Dusk, que l’on peut trouver sur le net.

Ensuite ce fut le tour de Grand Rapid, que nous avons découvert sur scène, contrairement au groupe précédent, que nous avions écouté avant de venir. Et bien c’était super, comme quoi il faut parfois se jeter à l’eau et aller entendre des inconnus. Ces parisiens sont excellents, et ils démontrent que le niveau des groupes rock d’ici s’est considérablement élevé. La musique qu’ils nous proposent n’est pas éloignée de celle de The Charlatans, que nous avons pu voir ce mois-ci. Nous restons donc dans la même tendance. Ils méritent vraiment toute votre attention. A noter que leur premier EP sortira au printemps 2018, ce qui veut dire que l’on ne trouve rien sur eux pour le moment.

Nous faisons la même remarque pour les deux groupes : si musicalement c’est excellent, ils pêchent au niveau des voix qui ne sont pas de même qualité ni bien assurées. Il y a encore du travail avant de rattraper les artistes britanniques. Mais ce nouveau groupe parisien est sur la bonne voie.

The Charlatans – La Maroquinerie – 16 février 2018

Retour ce vendredi à la Maroquinerie à Ménilmontant, cette fois-ci pour supporter la pop britannique. Nous sommes allés voir The Charlatans, qui sont de retour avec leur single hors du commun Plastic Machinery, que vous avez sûrement remarqué. Ils ont opéré une réapparition inespérée avec leurs albums « Modern Nature » et « Different Days ». Nous les avions à l’époque interviewé dans ces mêmes colonnes.

Curieusement ce groupe issu de la Brit Pop sonne très américain et chaud, ce qui est paradoxal. Mais c’est le chant qui est anglais, les parties musicales qui le suivent sont groovies, si ce terme n’avait pas été galvaudé par des bonimenteurs. On peut rapprocher ce qu’ils font de la musique de Paul Weller, ils évoluent dans la même sphère musicale. On ne peut s’empêcher en fermant les yeux de penser à un titre des Stones tel que Gimmie Shelter, et plus encore au Spencer Davis Group. Orgue rugissant, guitare sale, basse soutenue et batterie rythm’n’blues, ce n’est pas répandu à notre époque. 3 ou 4 chansons se détachent du lot, leur hit d’antan You’re The Only One I Know, Le nouveau Solutions et le déjà fameux Plastic Machinery. Ils ont joué aussi des titres moins évidents comme North Country Boy et With No Shoes. Ce n’est certes pas aussi puissant que les frères Gallagher mais c’est très bon. Ils se font plaisir s’ils ne révolutionnent pas le rock, c’est sympathique, humain et dansant, et Tim Burgess occupe l’espace. Nous attendons la suite des évènements avec impatience, c’est-à-dire un nouvel album, car ce soir ils ont remué leur glorieux passé devant un public enthousiaste. Une affaire à suivre, donc, et pas un accès de nostalgie.

Romain Humeau – Le Point Éphémère – 25 janvier 2018

Nous avons eu l’opportunité d’aller voir jouer Romain Humeau, ancien chanteur du groupe Eiffel, et nous nous sommes dit : why not ? En effet, cet artiste mérite qu’on prête l’oreille et malgré ses déclarations il ne peut être considéré comme un chanteur de variétés.

Deux ans après la sortie de son 3è album solo, Mousquetaire, et l’occasion de la publication du suivant, sobrement intitulé Mousquetaire #2, il se produisait sur la scène du Point Ephémère. Il a trouvé un nouveau label et repart au front. Nous avons toujours trouvé ce qu’il faisait intéressant, même si ce qu’il enregistrait avec Eiffel n’étais pas notre « délire », en tous cas nous extirpait de nos habitudes. C’est qu’il y a quelque chose de rare chez cet artiste : une vraie personnalité, et un talent réel pour des textes en français. Cependant il chante maintenant pour moitié en français et en anglais, ce qui est dommage car il a une bonne plume. Enfin, il a sans doute une idée derrière la tête en adoptant la langue de Liam Gallagher et des Beatles.

Sur scène il puise dans son répertoire et propose les titres de son nouvel album au public. Ce qu’il fait est assez varié, tant au niveau des mélodies que des arrangements. Il a un titre qui fait vraiment chanson française, mais c’est bien le seul, car c’est bien un rocker qui se présente à nous. Par contre l’originalité est au rendez-vous. Il nous a fallu attendre le dernier titre du set pour le voir faire une pop song dans l’air du temps. Car il en est capable. S’il voulait prouver qu’il peut faire la même chose que les anglo-saxons, c’est réussi.

Ses musiciens font le job, et seul le batteur s’éclate, les autres étant plutôt discrets. D’ailleurs cela fait plaisir d’entendre un batteur jouer à la manière d’il y a 15 ans. Le rock a évolué depuis l’époque d’Eiffel, mais leur qualité les fera durer. Car ce que nous avons eu devant nous le temps d’un concert, c’est un chanteur de la stature d’un Bertrand Cantat, et qui a été le leader d’un groupe qui restera dans l’histoire des musiques populaires de la francophonie. Il a vraiment une façon de chanter qui lui est propre, et qui ne ressemble à personne d’autre. A aucun moment on se dit que c’est une copie d’un artiste plus célèbre. Non, il fait du Humeau, et ses collaborations avec Noir Désir, Domique A, Les Hurlements de Léo et Bernard Lavilliers n’ont pas modifié son style si personnel. Souhaitons qu’il revienne avec ce nouvel album sous le feu des projecteurs, car il le mérite plus qu’amplement.

Pamela Hute & Why Elephant – O’Gib (Montreuil)– 19 janvier 2018.

Nous avons souhaité retourner voir et entendre Pamela Hute, artiste que nous aimons beaucoup à Indiepoprock. Et bien à chaque concert on constate un changement et une évolution, ce ne sont plus les mêmes arrangements, il n’y a plus de synthé, et nous avons entendus des versions différentes de ses chansons.

Visiblement ce groupe ne reste pas sur ses acquis, et ce qui fait l’intérêt musical c’est que leur guitariste soliste apporte une solution technique personnelle à la question récurrente dans le rock des deux guitares, rythmique et soliste. Lorsque nous les avons vus en 2017, il donnait dans l’indé le plus pointu et il est passé à un jeu plus rythmique. Ce n’est pas encore du Franz Ferdinand mais cela va dans cette direction. Sans ce musicien, ce serait un groupe pop comme il faut, bon mais sans originalité. C’est le Monsieur Plus de Pamela Hute ! Nous nous permettons d’insister sur ce point car c’est ce qui fait la différence entre ce groupe et les autres. En tout cas, c’est de la bonne pop à l’anglaise, dans la même veine que Black Honey. On se surprend à reconnaître ses mélodies d’un concert à l’autre. Le plus accrocheur s’appelle radio et justement c’est un titre qui mérite de passer sur les radios FM, tant il a toutes les qualités d’un hit populaire. Mais que font les programmateurs ?

En première partie avons eu l’occasion de découvrir un duo de qualité, Why Elephant, qui se présente accompagné d’une discrète boite à rythmes. Leur style est assez américain, teinté de folk et de blues. Leur minimalisme sied aux petits lieux et leur chanteuse est plutôt crédible. Une bonne voix et une guitare simple, mais cela passe bien.

Nous vous recommandons cette petite salle du bas Montreuil, installée dans un ancien restaurant, qui offre un petit espace avec une bonne sono. Une salle de plus à Montreuil, qui en compte déjà pas mal !

The Absolute Never – Le Supersonic – 16 décembre 2017

Nous sommes partis en exploration vers des territoires musicaux inconnus jusqu’alors. Le Supersonic, agréable club du quartier Bastille à Paris proposait une soirée « noise » avec trois groupes à l’affiche. Deux seulement correspondaient à ce thème : The Absolute Never et Enob. Nous préférons passer sous silence la tête d’affiche.

Un groupe a retenu notre attention, celui qui jouait en premier, The Absolute Never. C’est un duo guitare-batterie et c’est le guitariste Erwan Guennec qui chante. Pour être radical et non conventionnel, cela nous rappelle quand même des choses, en particulier Nirvana pour le jeu du drummer. Mais ce n’est pas un groupe au complet. C’est un guitariste avec une énergie et une présence remarquable accompagné par un batteur qui qui ponctue librement ce que fait son compère. Ce n’est pas banal, et cela sonne. Nous aimons bien ces duos sans basse. On a parlé de Post-Rock à leur sujet, effectivement c’est au-delà du rock mais ce n’est pas atmosphérique pour autant. Retenez le nom de ce gars.

Le vrai groupe noise, ce fut le suivant, Enob, moins percutant cependant malgré l’originalité de leur musique. C’est très travaillé et hors des sentiers battus. Les guitaristes font des trucs que je n’ai jamais entendus ailleurs. Le chant, par contre, est une vocifération comme il en existe dans le métal, le gars est en colère. Nous préférons les mélodies. Mais dans l’ensemble nous n’avons aucun regret, nous ne nous sommes pas ennuyés même si c’est très expérimental et dissonant.

Donc nous nous sommes offerts une soirée expérimentale et arty pur nous décrasser les oreilles et nous ne regrettons pas cette visite inopinée à un lieu où nous retournerons.

The Limiñanas – La Maroquinerie – 07 Décembre 2017

Nous avions annoncé ce concert sur notre site et nous sommes contents que l’on parle aujourd’hui d’un style de rock radical et non-commercial comme le garage-psyché.

Oui, radical, car cette musique proposée par The Limiñanas est barrée et audacieuse. En gros, le pivot du groupe fait tourner deux accords sur un beat primaire pour permettre aux participants à l’expérience de jeter de la fuzz et des parties de clavier kitch. Certes on peut trouver cela un peu pauvre. Musicalement, c’est une Jam qui permet à chaque musicien de s’exprimer et pas des pop-songs à l’anglaise. C’est un son et des variations d’intensité. On vient là pour en prendre plein les oreilles.

C’est l’ensemble qui fait l’intérêt plus que les parties de chaque instrumentiste. Le charme vient d’une couleur sonore et du chant de Marie et du nouveau chanteur mâle qui les a rejoints récemment.

En fait c’est très noise et psyché-rock plus que vraiment garage. Ce sont de doux dingues qui occupent un créneau pas vraiment grand-public. C’est pour cela qu’il est réjouissant de voir qu’ils ont du succès et de la presse. Il y avait du beau monde à ce concert, Philippe Manœuvre faisant le DJ au bar de la Maroquinerie. Les curieux se sont déplacés. Par contre, ce qui n’est pas sympa du tout, c’est qu’ils étaient seuls à l’affiche, sans première partie comme le veut pourtant la tradition du rock à Paris.

Sur scène, ils sont nombreux, et c’est plus un collectif expérimental qu’un groupe de rock canonique : trois guitares, un clavier, deux chants, et leur batteuse qui martèle imperturbablement ses fûts. Ils ont joué leurs titre phares : Betty, Down Underground, Malamore, Prisunic, et ont terminé en rappel par leur reprise de Russian Roulette des Lords Of The New Church. Ce qui est intéressant, c’est qu’ils parviennent à faire vivre leur histoire avec peu de moyens et peu de technique, sans jamais paraître ennuyeux et limités. C’est tout le contraire du jazz-rock, il y a un son, de la chair et de la texture, et les guitares envoient réellement.

Nous trouvons positif que le rock se réapproprie son histoire et fasse des flash-back sur ses courants les plus obscurs. Il y a quand même par moments une ressemblance avec le Velvet Underground et le psychédélisme français d’époque grâce au chant et aux textes. Ce groupe donne envie de jouer du rock et de faire quelque chose sans avoir besoin d’être un instrumentiste monstrueux. Ce concert parisien est de bon augure pour la musique en France car pendant longtemps cette musique est restée confidentielle. Aujourd’hui, il est en pleine lumière et le groupe de Perpignan prévoit un nouvel album en 2018 et un concert en mars dans une salle plus grande, le Trianon, toujours à Paris.

The Amazons – Le Point Éphémère – le 22 novembre 2017

Nous avons décidé de suivre le groupe britannique The Amazons sur le long terme, car ils nous ont tapé dans l’œil. En fait, ils tranchent sur ce que vous pouvez lire et entendre sur notre site. Ils sont limites par rapport à l’indie-rock, mais ils sont tellement bons ! Quand nous les avons vus en concert pour la première fois, en février dernier, nous nous sommes dit : mince, un vrai groupe de rock !

Certes leur rock puissant ne fait pas dans la finesse et les climats en demi-teinte, ni dans la pop romantique. Ils attaquent en force par un habile mélange de rock péchu et de mélodies imparables.

Leurs chansons ont la force de l’évidence et sont taillées pour le succès.

Lors de leur concert à la Mécanique Ondulatoire, ils ont joué leur album, qui n’est que le premier, rien de plus, rien de moins. Et cela avait atteint le public présent comme un direct à l’estomac.

Là, au Point Ephémère, ils ont donné une prestation plus généreuse, moins stricte, entrecoupant leurs titres phares de breaks, comme sur Black Magic. Ils nous ont proposés de nouvelles chansons et des versions différentes des titres de l’album. Ils se sont lâchés sur une scène moins exigüe que la cave où nous les avions vus précédemment. Ce fut un vrai moment de rock’n’roll, apportant une toute autre dimension. Leur chanteur Matt Thompson capte l’attention : il est grand, a de longs cheveux roux et une vraie présence scénique. Ce concert fut un peu plus chaotique que la dernière fois : le set était en fait assez court, le groupe nous a laissé un peu vite avant de revenir pour une chanson en acoustique et un final époustouflant avec le morceau Junk Food Forever.

Donc de nouveaux titres, des versions concerts et toujours les titres phares comme Black Magic et Little Someting, plus un poil d’imprévisible. Ce qui ressort de ce concert, c’est que leurs compositions sont mortelles, taillées pour être des hits. Elles s’imposent par leur efficacité. Ce que nous avons vu ce soir, c’est un grand groupe dans une petite salle. On n’a pas tous les jours cette chance.

En première partie il y avait les Pale Seas, pas mauvais, même sympathiques, mais aux chansons trop conventionnelles. Notons que les arrangements de leur lead guitariste sont très beaux et apportent beaucoup à des compositions sans originalité. C’est bon, mais tellement en dessous de la furie qui leur a succédé sur la scène du Point Ephémère. The Amazons ont une force et une personnalité qui les fait se détacher de tout ce que nous avons entendu en 2017.

Madness – Salle Pleyel – 11 novembre 2017

Vous vous demandez peut-être ce que nous sommes allés faire à un concert de Madness. Et bien passer du bon temps ! Madness est un groupe pop, et rien d’autre, et leur dernier album Can’t Touch Us Now paru sur le label Lucky Seven est déjà un succès, renouant avec les années fastes du groupe. Leur single Mr Apple a conquis le public rock.

Madness ne sont pas des perdreaux de l’année, leur show est impeccable et ils alignent en concert une impressionnante collection de tubes. Si vous ne les connaissez que par leurs disques, vous ne serez pas déçus. Ils commencent par One Step Beyond et n’arrêtent d’enfiler les tubes telle une playlist que pour un hommage à la chanteuse Amy Whinehouse, appréciée des fans de ska. Oh, le ska, Madness en est loin, ils n’en joueront qu’à la fin du concert lors du rappel. Ils terminent le show par Madness et Night Boat to Cairo. Non, Madness est un groupe pop, avec un style original, une personnalité qui n’a jamais été copiée par personne On sent quand même leurs influences du rhythm’n’blues et de la pop de Tamla Motown dans leurs mélodies. Leur batteur est excellent et nous a impressionnés.

Le reproche que nous faisons à ce concert est que c’est trop propre, trop bien joué, à l’identique des disques du groupe. Il n’y a aucune improvisation ni dérapage, si c’est une folie, elle est parfaitement contrôlée et ne sort jamais des rails.

Si nous avons choisi de vous en parler, c’est que Madness a débuté sur un label indépendant, 2-Tone, label à qui on doit la vague ska de la fin des années soixante-dix, qui a déferlé sur la planète. Ils sont devenus ensuite d’énormes stars en Grande-Bretagne, snobant les USA, et ils sont capables de faire exploser les charts et de toucher le grand public, qui du ska ne connait souvent que ce groupe.

Pour une fois nous n’avons pas cherché à défricher les terres nouvelles du rock indé et sommes allés à ce concert avec des amis et leur famille, dans une ambiance bon enfant et 100% fun. Mais n’est-ce pas cela la pop ?

Peter Hook And The Light – Le Trianon – 28 Octobre 2017

Le Post-Punk est à notre avis un bon moyen pour le rock de se ressourcer dans un courant qui n’hésitait pas à innover et à travailler le son et les climats. Acteur majeur des années 80 avec le groupe Joy division, devenu New Order suite au décès de leur chanteur Ian Curtis, Peter Hook est de retour avec un vrai groupe pour le plus grand plaisir du public parisien.

Il ne joue plus comme lors de son précédent passage à Paris la carte de la nostalgie, une vague qui nous a submergé faisant oublier les musiques actuelles. Il nous propose un nouveau projet live qui a de quoi satisfaire plusieurs publics, et qui n’est plus seulement un hommage à Ian Curtis. Oh, que les fans se rassurent, cette période est bien représentée. L’ancien bassiste de ces deux groupes importants nous propose deux parties, deux sets comme on dit. Le premier est dans une veine pop-dance largement imprégnée par son expérience de la house music à Manchester et à Ibiza. C’est assez agréable, on se croirait en discothèque, et en fait le public adhère à cette pop de boîte de nuit qui n’est finalement qu’un prolongement de ce que faisait New Order. Cela plaira à tous ceux qui écoutent aujourd’hui de l’électro. Peter hook fait danser les gothiques présents et un public plutôt agé !

Après une pause, le groupe entame le deuxième set, qui reprend le répertoire des deux premiers albums de Joy Division, ce qui fait en fait deux concerts pour le prix d’un ! Peter ne joue pratiquement plus de basse, c’est son fils Jake Bates qui assure fidèlement les lignes de basse, avec le même son et le même style. Une information pour les bassistes : The Light utilise des amplis anglais Trace Elliot. Peter chante, et à la manière de son défunt collègue. A la guitare, il y a un nouveau venu, David Potts, qui remplace Nat Wason, parti en juillet 2013. Le clavier est tenu par Andy Pôle et la batterie par Paul Kehoe. C’est un groupe à l’ancienne, qui joue impeccablement des morceaux qui ont toujours la même capacité à nous émouvoir. Les textes ne sont pas en reste, ils ont du sens et Peter n’est pas indifférent à la situation actuelle de la Grande-Bretagne. Sa diction permet de comprendre ce qu’il chante, ce qui n’est pas toujours le cas des artistes britanniques. Cette diction est d’ailleurs un des points forts de ses chansons.

Peter Hook est donc le chanteur et le front man d’un groupe qui maîtrise son sujet, et qui a la capacité de proposer quelque chose de plus que des reprises d’un ancien répertoire. Par contre, s’il a bouleversé la pop et le rock il y a 40 ans, il n’y aura plus le même effet de surprise.