The Buttertones – Espace B – le 07 septembre 2017

Un bar dans un arrondissement populaire et excentré, où il y a des concerts de rock : et bien, cela nous montre que Paris est toujours Paris. C’est comme ça qu’on l’aime. Certe nous avons aussi les arrondissements centraux et touristiques où tout est fait pour les noctambules, d’accord, mais la capitale, ce n’est pas que l’axe Les Halles – Bastille et il serait faux de croire qu’autour c’est le désert. Et cela nous fait plaisir de trouver des petits lieux dédiés au rock’n’roll à l’écart du centre ville. Bon l’endroit est rustique, et il y a plus grand ailleurs. La terrasse est vraiment minuscule.

Ce soir là nous nous sommes déplacés pour les Buttertones, un groupe authentique et sans prétention, qui nous propose du rock’nroll vintage et du twist. Etonnant de la part de gens aussi jeunes. C’est frais, même si c’est un peu brouillon, et, ils ne se prennent pas au sérieux. Il sont cinq, deux guitares, une basse, une batterie, et chose curieuse par les temps qui courent, un saxophone.

C’est sincèrement rétro, et ils font quelques incursions dans un style plus moderne. Comme quoi les jeunes ne sont pas où on les attends. Les Buttertones entretiennent la flamme du rock’n’roll, celui des années 50 et 60, et cela ne ressemble pas à un meeting de nostalgiques. Chose étonnante, ils ont le son qui convient à cette musique et n’en sont qu’à leurs débuts. Ils peuvent, comme les groupes anglais des années 60, partir du rock’nroll pur et dur pour évoluer vers autre chose. Ce n’est certes qu’un petit groupe californien (ils sont d’Hollywood) mais ils ont déjà des fans et une label, Radical Records. La salle était pleine, ce qui est rassurant. La saison commence plutôt bien pour la musique à Paris.

Franz Ferdinand – Festival Rock En seine – 25 août 2017

Puisque nous étions dans l’espace du festival avec ses différentes scènes, ses stands et ses shops, nous sommes allés rejoindre la foule qui se pressait devant la grande scène où se produisaient les incontournables de la pop.

Finalement nous nous sommes fait plaisir en allant voir le groupe de Glasgow Franz Ferdinand, qui a joué pendant une heure et demi un nouveau répertoire augmenté de titres inévitables. Il faut reconnaître que pour un groupe aussi connu, leur musique est inventive et recherchée. Il est même surprennant qu’ils aient rencontrés le succès avec une formule musicale à la fois pop et exigeante. Ce n’est pas de la musique de bourrins, leurs compositions et leurs arrangements sont un régal pour les oreilles. Ils font preuve d’un savoir-faire typiquement britannique, et leur style intègre désormais des influences funk et house qui sont très bien digérées. C’est frais, dynamique, pop au sens des Kinks et D’Xtc et pas au sens de Lady Gaga. Ils méritent sans problème de figurer en tête d’affiche d’un soir de festival.

Ils ont joué de nouveau titres comme Lazy Boy et terminé par un Take Me Out que tout le monde attendait. Ils sont la preuve de la vitalité de la Grande-Bretagne en matière de pop-rock et ont un sens inégalé de la mélodie qui fait mouche et du refrain qui tue. Certes, cela ne plaira pas au puristes mais un grand groupe est un grand groupe.

The Jesus And Mary Chain –  Festival Rock En seine – 25 août 2017

Nous sommes allés au festival Rock En seine essentiellement pour voir jouer le groupe culte britannique The Jésus And Mary Chain, qui fait à nouveau parler de lui avec son nouvel album « Amputation ». Nous ne pouvions pas décemment rater ce concert.

Et bien première constatation : ce qu’ils font en live est très classique, et le son de la scène n’a pas la finesse de celui de leurs disques passés. La sono était trop forte, et on ressentait les vibrations de la basse et de la batterie comme à un concert de reggae. En fait c’est un groupe de rock, même si le chanteur termina le set en criant « I hâte Rock’n’roll and Rock’n’roll hâtes me. » Propos curieux de la part d’un honnête groupe de rock en 3 accords, qui lorgne parfois vers le garage psyché à coup de grosse fuzz. Ils ont parfois des accents du Velvet Underground. Rien de musicalement révolutionnaire ni de grande originalité. Ils ont débuté leur show par des titres de leur dernier album. Le son de guitare est gras, très saturé, et la basse joue à fort volume. Cela n’aura pas permis de convaincre le jeune public de la scène des cascades sur laquelle ils se produisaient. Ce ne fut pas un mauvais concert, mais un concert inégal, qui ne nous a fait vibrer que sur 3 morceaux. Nous nous attendions à une performance plus brillante compte-tenu de leur légende. Enfin il fallait les voir absolument, leurs passages en France sont rares et c’était la curiosité du festival.

Avvolgere – True Widow

Sorti il y a de ça il y a un an aux USA, nous avions pu écouter des extraits de cet album du groupe indépendant Texan, qui a su faire un teasing discret avant la sortie de ce disque sur Relapse Records. Ils ont fait de discrets passages en France et nous espérons bien les voir en concert.

Ce qui nous a intéressé dans leur musique, c’est qu’ils proposent un son peu commun. Il est dû aux grosses lignes de basse de Nicole Estill, qui envoie des riffs simples et ultra puissants, et à la batterie ultra-lourde de Timothy Stark. Ces deux musiciens ont un jeu à eux, complètement original, et sur cette rythmique solide viennent se poser la guitare et la voix cold de Dan Philipps. Ils définissent leur style comme un mélange de stoner et de shoegaze, mais sont inclassables. Ils ouvrent la voie à une nouvelle façon de jouer, plus primitive et qui prends aux tripes. Retour à un jeu simple et efficace, sur des beats toujours lents.

Le titre Back Shredder donne le ton et ouvre l’album. C’est un gros riff de basse qui accroche d’entrée de jeu. Le suivant, Theurgist, est construit sur le même principe. Le troisième morceau, FWTSLTM marque une certaine ressemblance avec le shoegaze et le post-rock. Il repose sur la guitare, la basse étant plus orthodoxe. La mélodie vocale est très belle, et il y a quelque chose du deuxième album de Cure dans le climat. Mais nous ne pensons pas que cela soit voulu. Il y a le même dépouillement. La batterie est décidément très terrienne. Sur le quatrième titre, The Trapper And The Trapped, retour du gros riff de basse pour une chanson où bassiste et guitariste chantent en duo, ce qui est une réussite. OOTPV voit un retour à la voix solo sur une grosse basse et un rythme tribal. Le sixième, Entheogen, encore un nom étrange, repose lui aussi sur un riff, mais cette fois-ci de guitare, et celle-ci sonne incroyablement bien. La basse y est plus discrète, et la voix est une longue récitation. Le septième morceau, To All That He Belong, est une parenthèse acoustique sans basse ni batterie, juste une belle voix. La machine redémarre sur le titre suivant. Sante, qui a un riff particulièrement brutal. Il est chanté par la bassiste Nicole du début à la fin. Ce titre est fort réjouissant et son riff rappelle les Stooges. Même gros son de basse bien sale sur le huitième titre, Grey Erasure, qui est dans la même veine à ceci près qu’il voit le retour du guitariste au chant.

On sort de la formule avec What Finds Me, qui amène une nouvelle touche avec son thème à la guitare, presque surf tout en étant déglingué. C’est l’un des plus beaux titres de l’album. Ce groupe a décidément un vrai son à lui. C’est ainsi que se termine ce disque, qui a été une véritable révélation. Il est en rupture avec ce qui se fait ailleurs et séduit par sa simplicité et sa brutalité. C’est une nouvelle époque du rock qui a commencé, avec une nouvelle façon de jouer. Un disque important.

Live For The Moment – The Sherlocks

« Live For The Moment » est le titre du premier single de The Sherlocks et il est réutilisé pour leur premier album. C’est donc un groupe tout nouveau pour le public français, et qui a été repéré par la BBC et qui s’est produit dans les grands festivals des Iles Britanniques. Et ça fait très mal !

C’est du rock péchu et héroïque dans la veine des Arctic Monkeys et des deux premiers albums de The Clash, à la fois mélodique et énergique. Ils sont la preuve que le rock se renouvelle et que les Iles Britanniques accouchent toujours de disques intéressants. Un disque qui sonne actuel et renoue avec une tradition de groupes ayant une grosse patate. Leurs chansons sont taillées pour la radio et si on peut trouver leurs compositions trop évidentes, il n’en est rien. Ce disque va vous réveiller si vous étiez partis dans des ambiances contemplatives. Il est recommandé de l’écouter le matin car cela vous tire de la torpeur !  Comme on disait autrefois, c’est de la musique déplanante !  Cela fait plaisir de voir que de jeunes groupes conjuguent énergie, mélodies et sens de la composition, le tout propulsé par une puissante batterie qui n’est pas sans évoquer des groupes de la fin des années soixante-dix. Ce disque, en effet, conjugue le rock contemporain et les réminiscences qui sauteront tout de suite aux oreilles des plus âgés de nos lecteurs. Mais ce n’est pas rétro et très anglais dans la manière.

L’album commence par le très efficace Will You Be There et son intro de guitare, morceau qui comporte un très beau refrain. Il est suivi de leur premier single Live For The Moment qui ressemble à The Amazons par sa construction. On notera la maitrise de leurs vocaux, comme sur le troisième titre Escapade. Viens ensuite Chasing Shadows et ses superbes guitares et sa batterie tellurique. Blue, lui, est presque du pop-punk et son chant acrobatique est particulièrement plaisant. Son solo de guitare est un peu vieux jeu, mais il n’est pas trop long. Nobody Knows est le titre le plus long de l’album ( 6 minutes 10) alors que les autres n’excèdent pas les 4 minutes. C’est le titre qui rappelle le plus The Clash, et il comporte un passage où la guitare a un son plus sophistiqué. Il se termine par un couplet acoustique. Viens ensuite Was It Really Worth It ? qui est l’un des titres qui arrache le plus. On dirait que c’est Mick Jones qui joue !

Turn The Clock, la seule ballade de cet album, et est un bijou de pop anglaise. Après ce moment d’accalmie surgit le titre Last Night qui semble tout droit extrait de l’album « Give em Enough Rope » sorti en 1978. Et ça continue dans cette veine avec Heart Of Gold, qui a même son break reggae avant le solo. Motions commence acoustique et après l’intro nous propose une belle excursion country pour le moins inattendue. Il se termine par un Candlelight faiblard par rapport au reste de l’album.

Nous résumerons en disant que ce premier album a la patate des groupes issus du punk anglais de 1976-79 et les constructions de morceaux des groupes rock de ces dernières années. Il fait preuve d’une maîtrise de la composition toute moderne en retrouvant une sauvagerie que l’on n’entendait plus. C’est l’un des meilleurs albums de rock britannique que nous ayons entendu cette année et ce groupe fait une entrée fracassante dans notre discothèque.

The Nothing – The Last Dinosaur

Juillet n’est pas un mois habituel pour les sorties d’albums et pourtant nous avons trouvé cet artiste anglais totalement inconnu et qui risque de rester dans l’ombre, car il existe un groupe pop du même nom. Donc évitons la confusion, nous ne parlons pas du groupe qui a pondu le fantastique titre Zoom, mais d’un songwriter britannique, Jamie Cameron.

Leur nom est une allusion humoristique à leurs méthodes d’enregistrement rétro, et également à un dessin animé où l’on voit le dinosaure Denver décongelé par des adolescents. Leur premier disque est sorti en 2009, et celui-ci est le 3è. Il est sombre, empreint d’une réflexion sur la mort, dans le cas présent celle d’un ami avec qui il avait monté un groupe à 17 ans et qui a disparu dans un accident de voiture. Malgré ces tentatives discographiques, The Last Dinosaur est resté dans l’ombre et il est difficile de trouver des informations à leur sujet. « The Nothing » est sorti le 07 juillet  sur le label Naim Records.

Ce projet est donc le fait de Jamie Cameron et de son acolyte et ami Luke Haiden, et avec la participation d’une violoniste, Rachel Lanskey. C’est une musique acoustique et délicate, aux structures mélodiques bien anglaises, loin du folk malgré l’instrumentation similaire. Parfois vient s’ajouter un saxophone discret. Cet album comporte onze titres calmes et mélancoliques, quelques uns sont joués à la guitare, d’autres au piano. Notre préféré est le deuxième,  Grow, seul morceau de l’album où une batterie marque le tempo. Nous aimons bien aussi la chanson All My Faith. Elle est suivie d’un We’ll great Death lyrique à souhait.

Bref, c’est un album court mais néanmoins sympathique, qui convient parfaitement à cette saison où on a plus envie de se prélasser en terrasse où à la plage que de se défouler dans une salle de concert.

Slow Down – The Madcaps

A l’écoute de ce troisième album du groupe rennais, on se dit que ce disque a été enregistré dans les années 60. Puis, en revenant sur le métier, on se rend compte que ce n’est pas le son qui est rétro mais la forme. Mais cet objet insolite est plutôt sympathique, même s’il est traditionnel.

Ce n’est pas du garage rock frénétique mais du millésime Peebles, avec des influences Beatles, Rhythm’n’Blues et Kinks. Si vous souhaitez, comme le dit la chanson, aller danser le jerk en sortant du bureau, c’est parfait pour vous. Bon, ce n’est pas le premier groupe sixties français que nous entendons, en fait il y en a toujours eu dans notre beau pays, même s’ils ont rarement eu les faveurs des médias. Cet album est sorti en Mars 2017 sur le label Howlin’ Banana et est bien accueilli par nos confrères. Il constitue une parenthèse agréable dans le paysage musical actuel. Nous avons longuement hésité à le chroniquer, nous demandant si ce n’était pas un gag. Non, pas plus que Gaspard Royant.

Le premier titre, No Friend OF Mine, est digne musicalement du grand Nino Ferrer, même s’il est chanté en anglais. C’est  un jerk sautillant agrémenté de cuivres. Le second, Come, sonne franchement Beatles, ce qui est une surprise de taille. Il est très proche de leur hit Ticket to Ride. Avec le suivant, She’s so Hot, qui fait référence aux Rolling Stones, on trouve des réminiscences psyché à la guitare. Changement d’ambiance avec Fair Enough, qui est plus dans la veine des Inmates et de Doctor Feelgood, c’est à dire du pub rock énergique et légèrement crade. C’est l’un des meilleurs titres de l’album, et qui ne fait pas folklorique. Le Passe Muraille est en anglais contrairement à ce qu’indique son titre. Il est construit sur du surf rock, donc un son plus pur, avec une mélodie catchy à la guitare. Slow Down, le morceau qui donne son nom à leur album, fait lui penser au rocker noir Screamin’Jay Hawkins qui s’est fait connaître dans les années 50. Un slow blues traditionnel donc, qui part en délire puis s’accélère. Le titre suivant est dans la même veine, celle du rock’n’roll de musiciens noirs, moins connus du public qu’Elvis Presley mais fondamentaux pour l’histoire du rock. Autre style avec le morceau Chill Pants, qui est dans la manière du groupe de funk rock de la Nouvelle Orléans The Meters, artistes favoris de Keith Richards. On retrouve l’orgue vintage et les ryhtmiques funk old school de cette ville du sud des Etats Unis proche géographiquement et musicalement des Antilles. Los Morning Blues, qui suit ce remarquable morceau, est le plus moderne de l’album. On pourrait penser au rocker Chris Isaac. Il n’y a pas les cuivres sur ce titre. L’album se termine en beauté avec Devil Money, qui revient aux sixties après ce long voyage musical.

En fait, cet album fait montre d’une énorme culture musicale et d’une vraie diversité de références, toutes antérieures aux années psychédéliques. Comme si le temps c’était arrêté en  1967. Nos appréhensions ont été levées en écoutant le disque du début à la fin et nous avons pris un réel plaisir. Certes, il est complètement inactuel et fait preuve d’une radicalité dans la démarche, car c’est absolument en dehors des tendances.

Savages – Cité de la musique – 04 juillet 2017

Nous allons essayer de dire l’irruption de l’inouï : il est difficile de présenter par le langage une musique radicalement neuve et originale. C’est le cas du groupe londonien Savages, que nous avons découvert en 2013 par leur premier album, et que nous sommes allés voir à la Cité de la Musique de Paris dans le cadre du festival Days Off.

Ce que ces quatre filles donnent à entendre, sur scène plus que sur disque, n’entre pas dans une catégorie connue. Pourtant c’est bien du rock, comme en témoignent les parties de guitare de Gemma Thompson. Mais c’est une nouvelle forme de rock, une musique tendue et nerveuse, qui n’est pas faîte pour être agréable, et qui pourtant s’impose comme une évidence. Nous tenons avec ce quatuor féminin un nouveau grand nom du rock. Pourtant elles n’en sont qu’au début de l’histoire, avec seulement deux albums à leur actif. Sauvages, elles le sont, tant leur musique fait preuve de force et d’agressivité, tout en évitant de tomber dans le métal. Leur son reste clair même si la calme bassiste Ayse Hassan joue avec un son boosté. Mais c’est aussi intense et énergique qu’un groupe de métal, sans le côté cracheur de feu. On est à mille lieues de la pop. Il est vrai qu’on pense sur certains morceaux comme She Will à des groupes post-punk. Disons qu’elles renouent avec une approche musicale qui était celle des années 80, tout en offrant une réponse aux musiques qui sont apparues depuis en dehors de l’univers du rock. Elles cherchent à ce qu’il se passe quelque chose, pas à exécuter un show où faire défiler un répertoire de chansons. Sur scène elles sont habillées de noir, et leurs visages sont mis en relief par la lumière blanche qui accentue les contrastes. Pas de couleurs, pas de joie factice, on pense à Placebo et à l’esthétique gothique. Mais c’est pour le visuel, pas pour leur musique. La chanteuse Jenny Beth occupe la scène et bouge avec une grande aisance tout en nous faisant entendre sa voix superbe qui est la caractéristique de ce groupe unique et essentiel. Si on veut établir une classification, on peut les rapprocher de Joy Division pour la musicalité, de Sisters Of Merci et Bauhaus pour le son, et surtout de Siouxie And The Banshees pour la voix exceptionnelle, au timbre chaud et grave. Mais plus qu’une inspiration c’est un ensemble de similitudes bien utile pour classer les disques.

Dream Wife – Les Bains – 15 juin 2017

Nous nous sommes rendus ce jeudi soir dans le lieu le plus smart de la capitale, les Bains, ex Bains-Douches, pour assister au concert d’un groupe féminin et féministe plutôt sympa, les britanniques de Dream Wife.

Soyons honnêtes : si elles étaient françaises elles se produiraient dans un bar de Belleville et pas dans ce club ultra-chic. C’est un avantage qu’on les artistes anglo-saxons sur les locaux car ils arrivent auréolés d’une ferveur et d’un attrait magique que n’ont pas encore leurs équivalent hexagonaux.

Elles ne doivent pas jouer en groupe depuis bien longtemps, et il est clair que ce n’est pas en terme de sensations fortes ce que nous avons entendu de mieux cette année. Mais leur jeunesse, leur humour et leur énergie nous fait pardonner leurs imperfections, et leur répertoire est décapant et fun. Oui, elles ont de l’humour, sur scène elles ne se prennent pas au sérieux et leur nom ironique comporte une grande part de critique des stéréotypes féminins du cinéma américain. Le nom du groupe est en effet inspiré par un film de 1953 avec Gary Grant. Elles ont quelque chose de punk tout en ayant leur style. Pour résumer, nous dirons que c’est un college band composé de 3 filles et d’un très bon batteur qui donne de la vie à des chansons simples. Comparées à d’autres groupes féminins, il y a mieux, notamment Savages qui est loin devant. Leur chanteuse rappe plus qu’elle ne chante, ce qui est dommage car lorsqu’elle chante vraiment et pose une mélodie, ça devient très bon. C’est d’ailleurs leur chanson Somebody qui nous les avait fait découvrir et pousser à les voir sur scène.

Elles ont commencé laborieusement, puis au bout de 5 morceaux elles sont montées en puissance, passant du stade de groupe lycéen à un vrai groupe de rock, énergique et plaisant. C’est donc prometteur et Dream Wife est capable de faire quelque chose de très bien d’ici quelques temps.

Juniore – La Maroquinerie – 13 juin 2017

Nous avons commencé notre recherche de nouveaux groupes français en septembre 2016, et nous explorons les nouvelles tendances de la pop et du rock. Cette fois-ci, nous nous sommes mis sur une voie ouverte par des groupes comme La Femme et décidément les femmes ont pris le pouvoir dans le rock.

Que ce soir dans le monde anglo-saxon ou dans la sphère francophone, les filles ont décidé d’empoigner les guitares et elles le font avec classe. Ce soir-ci nous sommes allés voir le groupe Juniore, dont la chanson Je Panique  nous a interpelés par son texte et ses sonorités. Mené par la chanteuse Anna Jean, ce groupe pourrait avoir enregistré en 1965 tant son style est identifiable. Il rappelle les images d’archives de l’ORTF et les vieux scopitones. C’est le style français, une pop douce et claire qui a notre connaissance n’a pas son équivalent en dehors de l’hexagone. C’est ce qu’on peut entendre chez des chanteuses frenchies comme Stella et Delphine qui n’ont pas connu un succès grand public et qui, à l’exception de Françoise Hardy, n’ont pas imprégné la mémoire collective. Cela correspond aux années qui ont suivies la vague Yéyé et avant le psychédélisme. Pourtant c’est un vrai bonheur que de regarder les archives de la télévision française et de se pencher sur le travail de réédition de passionnés qui les sauvent de l’oubli. Juniore ressemble comme deux gouttes d’eau à ces étoiles filantes des sixties qui ont laissées des enregistrements au charme fou. Certes vous trouverez que c’est à mille lieues des Pixies et de Sonic Youth, et que nous faisons parfois dans le rétro. Mais cette pop vintage est tellement agréable et authentique, nous ne pouvions pas ne pas la mentionner. Et à aucun moment ça ne sent le moisi.

Un concert de Juniore, c’est complètement déconcertant, c’est rock tout en étant fun et sage, sans aucune violence, et c’est très sympa. La salle était pleine et il n’y avait pas de première partie. Ce combo se présente comme une formation canonique, batterie, guitare, basse, orgue et chant. Cela nous change des romances nerveuses auxquelles nous vous avons habitués.