Halo AD30 – Miss Parker

Nous voici à nouveau dans le rock post-punk avec ce « Halo AD30 » du groupe marseillais Miss Parker. Pour un premier essai discographique, le résultat est prometteur et nous démontre que Marseille n’est pas seulement une ville Hip-Hop.

Le chant des cigales n’a pas inspiré Miss Parker, que l’on imagine mal répéter sous le soleil du sud de la France mais que l’on verrait plutôt dans les brumes du nord de l’Angleterre, tant son chanteur est proche de Ian Curtis de Joy Division voire par moment de  Sisters Of Mercy. C’est la première chose qui saute aux oreilles à l’écoute de cette autoproduction récente et qui classe ce groupe d’entrée de jeu dans la catégorie post-punk, même si les artistes ne le revendiquent pas et préfèrent parler de rock indé. Joy Division est une influence assumée et consciente, le groupe cite aussi The National et les arrangements à  deux guitares évoquent également The Cure. Qu’ils soient remerciés de jouer une musique spontanée et vivante malgré la boîte à rythme et les synthés programmés. Ca jamme sur les beats robotiques qui pour une fois passent bien et sont plus complexes que ceux qu’on entendait dans les années 80. L’electro est passée par là et fait une discrète apparition par petites touches. Le groupe se tire bien de l’exercice et on peut les féliciter pour la qualité sonore de cet autoproduction et les féliciter de perpétuer un style toujours vivace.

Une description titre par titre ne serait pas pertinente car tout se tient, l’album est cohérent et il n’y a pas de titre faible.  La belle reprise du Love Will Tear Us Apart de Joy Division fait la part belle aux guitares et n’est pas une simple décalcomanie de la version originale. Elle n’apparait malheureusement plus sur le site du groupe.

Piano Ombre – Frànçois & the Atlas Mountains

François And The Atlas Mountains est un groupe français qui vécu en Grande Bretagne, plus précisément à Bristol, patrie du trip hop, de 2003 à 2009, et qui a gardé des connections avec ce pays.

En témoigne sa tournée 2014 qui comporte plus de dates outre-Manche que de ce côté-ci du channel, il est donc intéressant de ce point de vue d’écouter des artistes qui ont baigné dans la culture underground et DIY anglaise et qui ont su intéresser un public de ce pays. Le frontman de ce qui est un groupe depuis ce quatrième album , Francois Marry, est chanteur  et guitariste. Il est aussi  peintre-aquarelliste et ses interviews révèlent un personnage intéressant, qui a des choses à dire et déjà des voyages à raconter.

À la question « est-ce de la pop ou de la chanson française » nous répondons « de la pop, bien sûr ». Si nous avons plus l’habitude d’écouter des groupes qui chantent en anglais, nous sommes quand même séduits par ce « Piano Ombre » qui déroule dix chansons fraîches et aérées, à l’exception du titre qui ouvre l’album, Bois, qui est le seul morceau électro et qui pourrait donner une fausse idée de l’ensemble. Passons sur ce titre et nous entrons dans le vif du sujet avec La Vérité qui est diablement accrocheur et entre dans la tête assez facilement.  Vient ensuite The Way To The Forest avec son refrain en anglais, puis La fille Aux Cheveux De Soie, autre titre fort de cet album, qui débute par une intro au piano et se poursuit par des arrangements de cordes fort agréables. Retour aux guitares avec Summer Of A Heart, qui irritera peut-être par son synthé kitch, puis c’est le tour de La Vie Dure, qui avec ses percussions est le plus afro des titres de « Piano Ombre ». Le titre suivant, Réveil Inconnu, nous fait penser à Air, par sa mélodie entrecoupée de synthétiseurs. À l’écoute de Piano Ombre,  morceau qui donne son nom à l’album, on est pris par le climat dépouillé qui convient aussi bien au chant de François que les arrangements sophistiqués. On revient aux arrangements de groupe avec Fancy Foresight et Bien Sûr, qui clôt l’album.

Les influences de musiques africaines sont discrètes et bien digérées, elles  ne remettent pas en question le format pop de ces chansons et leur couleur particulière donnée par le chant de François Marry.  L’ensemble demande une écoute attentive et prolongée, car cette musique n’utilise pas de grosses ficelles, et est assez délicate et poétique. Plus on l’écoute, plus l’on est charmé. Les textes en français  ne perturbent pas l’auditeur et François sait faire sonner la langue de Molière. Cet opus devrait être bien reçu par le public et la critique.

Bang – Taïni & Strongs

Taïni & Strongs est un groupe lyonnais de power-pop qui se produit sur scène depuis deux ans et revendique les influences de The Kills, David Bowie et The Yeah Yeah Yeahs.

Pour The Kills, nous sommes d’accord, la voix de la chanteuse Ambre rappelle celle d’Alison Mosshart de The Kills. Pour David Bowie, ce doit être une position esthétique car rien dans l’œuvre multiforme du Thin White Duke ne correspond au power-pop.  Pour ce qui est des Yeah Yeah Yeahs, le seul point commun est que les deux groupes ont une chanteuse.

Le power-pop, qui peut se définir comme l’essence de l’efficacité pop, l’alliage de mélodies imparables et de guitares rageuses, sur un tempo rapide en deux minutes trente, suscite notre intérêt à chaque fois que l’on entend cette expression. Mais c’est comme un vieux serpent  de mer de la presse rock, depuis le premier album de The Nerves en 1976, l’épopée Blondie et jusqu’à l’aventure Supergrass. Souvent nos espoirs furent déçus, la promesse étant trop belle. Le rock devrait produire du power-pop à la pelle et malheureusement ce n’est pas le cas.  Et cela dure depuis quarante ans !

Taïni & Strongs placent donc la barre très haut et la promesse est alléchante. Reconnaissons qu’il se tirent  plutôt bien de l’exercice et nous livrent avec « Bang » de belles  émotions rock’nroll. Nous retiendrons les titres Blackout et Schizonphrenic, lequel évoque franchement Blondie pour notre plus grand plaisir. On retiendra aussi Catch Me If You Can pour son refrain addictif. On regrettera la durée trop courte de ce premier album qui est une réussite.

Sargent Place – Spain

Deux mois après la sortie du live » The Morning Becomes Eclectic Sessions », revoici Spain avec un nouvel album studio qui doit relancer la carrière du groupe.

D’abord, précisons que Spain ne s’est pas métamorphosé avec ce nouvel opus. On retrouve le groupe dans les compositions calmes et recueillies du leader Josh Haden. Produit par Gus Seyffert, qui a travaillé avec The Black Keys, Nora Jones , Beck et le groupe Willoughby et enregistré dans le home-studio de celui-ci, l’album a été mixé par Darell Thorp (Beck , Radiohead, Paul MacCartney). Le titre du disque  est d’ailleurs le nom de la rue où se trouve le studio de Gus Seyffert. Sur ces dix morceaux empreints de la griffe Spain, les seules surprises pour ceux qui connaissent les albums précédents seront un blues, From The Dust, et un titre rapide pour du slowcore, genre revendiqué par Spain, It Could Be Heaven.
L’album s’ouvre sur un morceau dépouillé, Love At First Sight, qui monte progressivement en intensité et met en valeur la ligne mélodique du chant de Josh Haden. Puis lui succède un slow aux arpèges de guitare sixties, The Fighter, qui lorgne vers la soul. Ensuite vient It Could Be Heaven, qui ferait un remarquable single et qui est le titre le plus évident de l’album. From The Dust, qui lui succède, est un blues avec un bon riff joué à la basse. Puis nouvelle rupture avec Sunday Morning et son tempo enlevé, sa guitare électrique en évidence et son refrain pop. Ce morceau pourrait laisser croire un instant que Spain est un groupe anglais, mais on revient vite à une facture plus classique avec Let Your Angel qui sonne  un peu comme un cantique, impression renforcée par les sonorités d’orgue.

Mais, c’est un fait, certaines chansons et atmosphères de Spain sont parfois un brin religieuses. D’ailleurs, leur « Best Of » ne s’appelle-t-il pas « Spirituals » ? Le titre suivant, To Be A Man, qui commence à la guitare acoustique et laisse les musiciens dans l’ombre, creuse ce sillon. le groupe est ensuite plus à l’honneur sur In My Soul, qui est du Spain pur Jus, à faire écouter à ceux qui ne connaissent pas leur travail pour qu’ils en aient une idée fidèle. On passe ensuite à un morceau sur lequel figure la contrebasse de Charlie Haden, le père de Josh et musicien de Jazz. Ce titre est plus tendu que les précédents et donne dans une atmosphère plus mélancolique que le reste de l’album. On termine par Walking Song, le titre le plus court de l’album, reposant et inspiré.
Spain a sa personnalité et son style propre, des instrumentistes qui interviennent discrètement sans en faire des tonnes et on regrettera seulement que le groupe soit trop effacé derrière son chanteur Josh Haden, l’impression qu’il pourrait très bien se contenter d’interpréter ses chansons seul à la guitare, laissant dépouillement et une sérénité teintée de douce amertume à l’honneur, ne nous quittant jamais vraiment. Avec des musiciens tels que ceux qui composent aujourd’hui ce groupe, Spain pourrait faire encore mieux que ce qu’on nous propose sur cet album, néanmoins très bon. A Josh Haden, en premier lieu, et ses acolytes, de méditer.

The Morning Becomes Eclectic Session – Spain

Près de 20 ans après ses débuts, le groupe Spain joue toujours dans les petites salles malgré son indéniable talent.

Spain est un groupe de Los Angeles qui débuta en 1995, voici bientôt 20 ans, et qui après une première période se sépara et fut re-fondé en 2007 par le leader Josh Haden, chanteur et aujourd’hui bassiste (comme son père le bassiste de jazz Charlie Haden) avec comme nouveaux complices  Daniel Brumel (guitare), Randy Kirk (clavier inspiré et guitare), Matt Mayhall (batterie), et Dylan McKenzie (guitare acoustique).

« The Morning Becomes Eclectic Sessions » est un live enregistré dans une station de radio, KCRW, pour une de leurs émissions matinales, et a toute l’authenticité du live sans les applaudissements et les cris. Il est destiné à vous faire patienter jusqu’à la sortie du prochain album studio du groupe, annoncé pour le 17 février. Cet opus live comporte 7 titres de pop acoustique et calme que nous affectionnons, portés par la voix chaude et profonde de Josh Haden auquel viennent s’ajouter celles de ses sœurs Petra, Rachel et Tanya, sur les titres Only One et Spiritual. Cette dernière chanson avait été interprêtée par Johnny Cash ainsi que par les Red Hot Chili Pepers en concert. Spain s’est produit lors du festival BBmix de Boulogne-Billancourt près de Paris en 2012, et la sortie du présent album avait été suivie en 2013 d’un concert parisien à la Flèche d’Or . Comme quoi on peut, malgré leurs 20 ans de carrière, les voir se produire dans de petites salles. Comme nous n’avons pas pu les voir en concert, nous devons nous contenter de ce live qui montre la vraie personnalité du groupe.

Bien que trop court, il permet tout juste d’apprécier le talent de cette formation solide : les interventions de piano et d’orgue ne sont pas indigestes et mettent en valeur les compositions, de plus les solos de guitare sont effectués avec maitrise et petite surprise, sur Walked On The Water on y découvre très bel arrangement pour violon et violoncelle.

The B-Sides – The Gaslight Anthem

Après un changement de label et un nouvel album sur Mercury, « Handwritten », voici que leur ancien label Side One Dummy sort une compilation du groupe de New Brunswick.

Les amateurs de ce rock US héroïque musclé et speed, seront surpris par cette compilation qui,  a trois exceptions près, (She Loves You, State Of Love And Trust, et Tumbling Dice – une reprise des Rolling Stone) se compose de titres acoustiques, dépouillés, qui mettent en avant la voix de Brian Fallon.

A l’évidence, Side One Dummy a fouillé dans les tiroirs pour surfer sur l’actualité du groupe. La surprise passée, on retrouve les qualités de The Gaslight Anthem : bonne voix, compositions mélodiques, background folk de ce qu’on ne peut plus qualifier de punk rock tant la formule est rôdée par les groupes qui se sont succédés depuis vingt ans. Loin de leurs albums précédents, cette compilation offre aux fans inconditionnels des titres que d’autres artistes auraient placés sur You Tube. Cet album a le mérite de révéler les rouages d’une musique qui, objectivement, est du folk électrifié. Le disque est plaisant, mais sans surprises, et la recette quelque peu éventée.

On a l’impression sur plusieurs titres de cette compilation d’être plus proches de Bruce Springsteen que de Black Flag, ce qui n’est finalement pas plus mal, mais constitue une preuve supplémentaire que l’effet nouveauté n’agit plus. Pour l’anecdote, le dixième titre, Boxer, est traité façon reggae, avec des chœurs dignes des artistes jamaïcains, et le onzième, Once Upon A Time, sonne gospel. Une bizarrerie qui ne changera pas l’impression de bric et de broc de ce volume de faces B de singles, dont l’acquisition s’avère réservée aux spécialistes.

Bernard Lenoir L’Inrockuptible 2

On se méfie des compilations, mais elles sont un outil indispensable à l’amateur de musique, surtout lorsqu’elles sont réalisées par un personnage aussi indiscutable que Bernard Lenoir. Celle-ci est tout simplement un évènement musical.

Bernard Lenoir fut animateur de radio, et il sut pendant plus de 30 ans donner une place au rock et à la pop sur les ondes FM de France Inter. Ses émissions furent, pour plusieurs générations, un rendez-vous attendu avec fièvre et intérêt pour écouter ce qu’il nomme : « une musique par comme les autres ». Rares sont les personnages des média à avoir une une telle importance pour le public avide de nouveautés anglo-saxonnes, en particulier sur le service public, malgré l’explosion des radios locales et privées. Pour les gens qui ont eu 20 ans dans les années 80, il y eu Feedback de Bernard Lenoir sur la FM et à la télévision Chorus d’Antoine De Caunes, dont on attend encore avec impatience la réédition des archives.

L’auditeur exigeant trouvait chez Bernard Lenoir une source d’information pointue et une playlist au fait de ce qui se faisait en rock et pop. Combien d’entre nous n’ont pas enregistré les émissions sur K7 ? On réécoutait des vieilles K7, et il y  a maintenant cette compilation pour remplacer cet usage semi-illicite. Il ne s’agit pas d’une archive inexploitée, mais d’une sélection de titres qui caractérisent le mieux ses émissions de radio et leur atmosphère. Nous voici prêt, en écoutant ces 2 albums, à plonger dans l’histoire du rock. La première surprise est que ces titres ont bien vieillis, pas mal pour un choix de singles  pop et rock. Cette compil ne sent pas la nostalgie, on redécouvre des groupes d’hier et on prend plaisir à l’écoute de ces deux CD qui comportent des titres qui dans l’ensemble pourraient être sortis en 2013. Ce numéro deux fait bien sûr suite à un numéro un sur lequel figurait des locomotives comme Cure et Joy Division. Sur ce volume deux, pas de locomotives, mais une sélection qu’il suffit d’énumérer pour vous convaincre de l’achat de ce disque : On y  trouve entre autres des singles de  Pulp, The Chameleons, Patatas Fritas, Sonic Youth, Lambshop, Eels , Elliot Smith, Divine Comedy, The Go-Betweens, Supergrass, Aztec Camera, The Charlatans, Felt, Morissey, Lemonheads, Emiliana Torrini, et plus généralement deux heures de musique différente, celle que nous affectionnons à la rédaction d’indiepoprock . Si vous avez aimé notre playlist de 2013, vous aimerez cette compilation historique. A noter une perle rare, le duo Nick Cave et PJ Harvey, qui n’est pas l’un des titres les moins convaincant de cette compil.

On ne peut faire qu’un reproche : le choix des artistes francophones, qui sont représentés de manière discutable par Katherine et Little Rabits, mais dont les titres s’intègrent bien au climat général de ces disques, et on peut argumenter que le rock français n’était pas le propos de l’émission.

Specter At The Feast – BRMC

Pour son retour sur un label, en l’occurrence Abstract Dragon, Black Rebel Motorcycle Club signe un album honnête, sans surprise, marqué par la patte inimitée du groupe de San Francisco.

Il faut bien l’avouer, si nous ne sommes pas déçus par cette septième livraison discographique, BRMC peine à se renouveler : pas de grands changements par rapport à leurs disques précédents, pas de rupture ni de révolution, si ce n’est un premier morceau instrumental qui n’apporte rien et qu’on est pressé de voir finir. Cet album oscille entre morceaux calmes et morceaux plus agressifs, donnant une allure un peu décousue à l’ensemble . Reste que la facture est honnête et que l’on écoute l’objet avec plaisir en retrouvant ses marques au fur et à mesure. On retrouve sur ce septième album des ballades presque country (Returning) ou blues (Some Kind OF Ghost)  et des titres rentre-dedans, pleins d’énergie,  dignes de leurs premières heures (Hate the TasteRivalTeenage Disease) . Cette dichotomie culmine avec le très contemplatif Sometimes The Light, une très belle mélodie appuyée sur un orgue dans une ambiance d’Église. Le titre le plus intéressant est selon nous le dixième, Funny Games, qui sort de l’optique garage rock sur fond de blues pour ouvrir sur un riff stoner des plus efficaces et qui va bien avec la personnalité de BRMC . Il est suivi de l’apocalyptique Sell It, morceau lent et tout en tension . Peut-être une voie à suivre pour la suite de leurs aventures musicales et discographiques. Pour le dernier de ces douze titres, le groupe revient aux ballades avec Love Yourself. Jolie ballade, l’un des trois visages que nous donne BRMC de leur musique. Trois visages, il y en a pour tous les goûts, ceux qui préfèrent le visage garage-rock étant rassurés par le corps de cet album manquant de cohérence.

Il faut peut-être voir dans cette tonalité mélancolique qui représente la moitié du disque l’influence d’une triste nouvelle dans la vie de ce groupe, à savoir le décès de Michael Been, le père de Robert Levon Been de BRMC, qui était également membre du groupe The Call dont BRMC reprend ici le titre Let The Day Begin.

Metz – Metz

On avait envie de passer en 2014 avec un peu de bruit et de fureur. Metz est le groupe idéal pour mener à bien une guérilla contre ses voisins qui aspirent au calme.

Metz est le nom d’une ville de l’est de la France, c’est aussi celui de ce trio canadien signé en octobre 2012 par le label Sub Pop. Il pratique un noise rock rapide et débridé, virant au punk et misant tout sur l’énergie.

De l’énergie, les trois compères en ont, et nous martyrisent les oreilles avec leur compositions courtes et speedées. Leur musique est a-mélodique, des mélodies il n’y en a point, le chanteur est de la veine des hurleurs et il clame ses textes à la manière d’un groupe de hardcore punk. Voilà pour situer ce que vous allez entendre si vous vous procurez cet album bruyant et réjouissant.

Nous ne sommes donc pas chez Nirvana, issu du même label, dans un alliage de beauté et de bruit. Les guitares sont dissonantes et pleines de distorsion, le bassiste est surexcité et balance quelques notes avec fougue et la batterie mène l’ensemble avec conviction.  On a rarement entendu une telle rage et un tel niveau sonore en rock, il faut voir du côté du métal pour entendre autant de décibels, mais en rock, non, ce genre d’extrémistes musicaux ne courent pas les rues. Cet album est enregistré dans l’urgence, on ne sait pas de quoi sera fait l’avenir de ce groupe, alors il faut déguster dans l’instant.

Bloodsports – Suede

Il est des reformations qui réconfortent les fans, d’autres qui réparent une injustice, mais celle là n’apporte même pas le plaisir de réécouter un vieux groupe.

Suede, qui portait haut le flambeau de la Brit Pop dans les années ’90, s’est reformé en 2010 et accouche d’un nouvel album avec ce « Bloodsports ». Allons-nous retrouver le charme d’antan, les faux airs de David Bowie, les hits fracassants et l’énergie du groupe ? Hélas, rien de tout ça, mais un album catastrophique et plus que décevant. Suede a tout simplement réalisé un album de variété, prouvant que cela n’est pas une spécificité hexagonale et que les anglais en sont capables.

Pourtant, cette reformation était louée par la presse écrite, qui nous a bien fait saliver, et Suede nouvelle version était programmé lors du festival des Inrocks en novembre 2013, le journal Le Monde jugeant même le nouvel et sixième opus du groupe « très digne ». Nous ne partageons pas cet avis, cet album n’est pas à la hauteur de leur passé glorieux et le combo s’en tire moins bien qu’un Placebo. Avec  Barriers, le premier titre de « Bloodsports », Suede lorgne sans vergogne vers U2.Voilà pour l’entrée en matière. Nous avons continué l’écoute, et le malaise ne s’est pas dissipé avec Snowblind. Du temps de sa splendeur, le groupe n’avait pas une aussi grosse production et autant de moyens pour enregistrer. Hélas la sauce ne prend pas et les synthés de Sabotage ne font qu’ajouter à l’emphase de la voix de Brett Anderson, très énervante. Sur le titre suivant, For The Strangers, celui-ci prend des intonations à la Bowie, et c’est le meilleur titre de cet album. Il continue dans cette voie sur Hit Me mais le refrain vient tout gâcher. Puis retour à l’influence U2 sur le septième titre, Sometimes I Feel I’ll Float Away. L’album se termine enfin par trois slows dignes du pire de la FM.

Avec cet album, Suede rejoint Elton John à la rubrique des énigmes de la pop music.